Droits humain

Le cri du Professeur Maurice Berger, pédopsychiatre :

« La protection de l’enfance, un bateau ruineux à la dérive »

10 novembre 2003

« La protection de l’enfance ’produit’ beaucoup trop d’enfants déficients intellectuels et/ou violents (...) définitivement à la charge de la société ». C’est par ces mots que le Pr Maurice Berger, psychanalyste, chef du service de pédopsychiatrie du CHU de Saint-Etienne, achève un réquisitoire contre le dispositif d’aide à l’enfance en danger, paru la semaine dernière en France sous le titre ’L’échec de la protection de l’enfance’ [1]. Le Pr Berger, qui a été consulté par le ministère de la Famille sur le sujet, explique comment il fait dans son exercice professionnel pour ne pas participer à cet « irrémédiable gâchis ».

« Il est stupéfiant de constater qu’il n’existe aucun protocole d’évaluation des résultats des dispositifs de protection de l’enfance », déplorez-vous. Qu’observez-vous, personnellement, dans votre service ?

- Pr Maurice Berger :
Dans notre service, nous recevons des enfants qui présentent des dégâts affectifs et intellectuels considérables. Plus des trois quarts accusent une déficience intellectuelle avec un QI entre 54 et 77, jamais évaluée jusqu’alors, ce qui est inadmissible d’un point de vue médical quand on sait qu’ils sont nés avec des potentialités intellectuelles normales et que les pédiatres multiplient les efforts pour traquer les encéphalopathies évitables.
Nous constatons, aussi des troubles affectifs très importants : instabilité psychomotrice majeure, besoin de maîtrise exacerbée sur les autres, hallucinations trop facilement qualifiées de « troubles caractériels » , angoisses d’abandon en attendant un parent qui ne se manifeste pas pendant des mois, etc.

Un irrémédiable gâchis

Deux points me semblent particulièrement importants à souligner. Tout d’abord, ces troubles se sont constitués pendant les premiers mois de la vie, et, dans notre dispositif de protection de l’enfance, les bébés ne sont pas une espèce protégée. C’est là que la défaillance du système est la plus criante. J’y vois un irrémédiable gâchis.
Des nourrissons sont laissés exposés dans des milieux familiaux très nocifs, chez des parents qui refusent toute aide. Il arrive également que de longues rencontres avec des parents très perturbés sont maintenues ; or, même en présence d’une tierce personne, certains bébés présentent ensuite un refus d’alimentation, une insomnie, une coupure d’avec le monde extérieur pendant plusieurs jours après chaque contact. Rapidement, ils sont porteurs de troubles psychosomatiques graves et d’un évitement relationnel que nous avons la plus grande difficulté à traiter, laissant des traces souvent indélébiles.
La violence est, par ailleurs, un point préoccupant. Dans 85% des cas, les situations de préadolescents caractérisées par une « violence pathologique extrême » , qui plus tard se traduiront par des blessures graves, des viols ou des meurtres, auraient pu être évitées car nous connaissons les signes qui permettent de prédire cette évolution. Dès l’âge de la marche, ces nourrissons aux mains libres tapent n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, et se montrent pathologiquement cruels.

« Il ne suffit pas de désigner une auxiliaire de puériculture référente d’un nourrisson pour qu’elle puisse accorder un temps suffisamment long de relation individuelle » à un enfant séparé de sa famille, écrivez-vous. Pour votre part, que faites-vous afin de pallier ce que vous nommez une « inadéquation éducative » des parents ?

- Pr Maurice Berger :
Quand les auxiliaires de puériculture ne peuvent pas avoir un temps suffisant d’échanges individuels avec les nourrissons, nous observons une grande fréquence d’instabilité psychomotrice dès l’âge de la marche. Il serait indispensable qu’il y ait une personne de plus dans la journée. L’exemple de Loczy, pouponnière modèle hongroise, a montré que les bébés évoluaient favorablement en collectivité si une heure de temps individuel leur était consacrée quotidiennement. En France, nous nous heurtons à des problèmes budgétaires pour de telles pouponnières départementales.
Pour remédier à l’« inadéquation éducative » des parents, lorsqu’elle ne nous paraît pas réversible, nous essayons de proposer un environnement fiable et stable afin que l’enfant puisse acquérir un sentiment de sécurité interne. Cela peut passer par un placement en famille d’accueil, à condition qu’elle soit suffisamment soutenue psychologiquement. Si besoin, nous proposons des visites médiatisées : l’enfant ne rencontre ses parents qu’en présence d’un ou deux intervenants, de façon à ce qu’il ne soit pas soumis aux attitudes « inadéquates » de son père et de sa mère, et en même temps les contacts sont maintenus.

L’importance du dépistage

Enfin, nous mettons en place un dispositif spécifique d’écoute. En effet, dès qu’un enfant a une famille d’accueil et une famille biologique, il éprouve un tiraillement en son for intérieur qui encombre sa pensée. Il est nécessaire qu’il dispose d’un lieu d’écoute pour qu’il puisse exprimer ce qu’ils ressent. Nous devons sans cesse être vigilants pour obtenir qu’un tel cadre soit accepté et maintenu de manière stable par les juges des enfants et l’Aide sociale à l’enfance.

Vous n’êtes pas tendre avec les professionnels. Le but de nombre d’entre eux, dites-vous, est de
« tenir sans visée thérapeutique réelle, jusqu’à ce que l’enfant ait 18 ans ». Que leur conseillez-vous ?

- Pr Maurice Berger :
À ceux qui ne sont pas prêts à s’identifier à ce que les enfants ressentent, qui ont peur des conflits et qui pensent que le lien familial doit être maintenu à tout prix, je conseille de changer de métier. Pour les autres, je recommande de s’engager dans la durée, de manière à ce qu’ils puissent se construire une expérience qui les aidera pour les situations suivantes.
Je leur suggère aussi de ne pas rester isolés, et d’essayer de trouver des interlocuteurs expérimentés auxquels ils pourront parler des difficultés qu’ils rencontrent. Pour ne pas être complice des défauts du dispositif actuel, il faut être prêt à se battre si l’on veut toujours faire entendre l’intérêt de l’enfant et s’opposer à propos d’un dossier. Dans tous les cas, il est impératif d’évaluer avec précision l’état de l’enfant et du fonctionnement familial. Chez les bébés de moins de deux ans et demi, le test de Brunet-Lézine, d’un maniement aisé, aide à évaluer le développement moteur, langagier et affectif, ainsi que les capacités de communication.
Quant au médecin de famille, il a un rôle essentiel de dépistage à jouer. Il est amené à constater, par exemple, qu’un enfant se trouve peu investi par ses parents, que les soins somatiques essentiels font défaut, ou que l’ambiance familiale est délétère. Dès lors, il peut soit demander à la famille une consultation en pédopsychiatrie, auprès d’un collègue sensibilisé à ce genre de problèmes, soit effectuer un signalement à la PMI ou à l’Aide sociale à l’enfance au conseil général.

En définitive, les « liens familiaux ne sont pas bons par essence pour l’enfant » et la loi en vigueur est « nocive ». Est-ce à dire qu’il faut tout chambouler ?

- Pr Maurice Berger :
L’idéologie du lien familial, comme la loi du 4 juin 1970 préconisant le maintien de l’enfant dans son milieu naturel, participe du système ruineux de la protection de l’enfance (5 milliards d’euros par an pour 270.000 mineurs) qui ne mène nulle part et qui fait l’impasse sur le développement intellectuel et affectif de l’enfant.
L’idéologie du lien tente d’éliminer le tiraillement interne douloureux que ressent chaque intervenant entre son identification à l’enfant et son identification aux parents. Elle nous conduit à utiliser le terme de « parents » en général, alors que je pense, au contraire, qu’il faut différencier plusieurs sortes de difficultés de parentalité.
Il y a des parents qui peuvent bénéficier d’une aide à la parentalité : ils reconnaissent qu’ils ont une certaine responsabilité dans les difficultés présentes, ils sont prêts à accepter une aide, ils ont la capacité d’évoluer, et leur enfant n’est pas dans un état trop inquiétant.

Changer la loi

Il y a d’autres parents, qui présentent souvent des troubles psychiatriques importants, qui ne pourront développer que des compétences parentales partielles. Ils aiment et investissent leur enfant, mais d’une manière très inadéquate du fait de leur pathologie personnelle. Une séparation avec tous les degrés possibles de distanciation peut être alors la meilleure solution. Cela permet de proposer à l’enfant un lien stable en dehors de sa famille biologique, mais il n’y a pas de raison de rompre les contacts avec ces parents qui aiment réellement leur enfant, même s’ils « tordent » très rapidement la relation qu’ils ont avec lui.
Enfin, il y a des parents qui n’investiront jamais leur enfant, d’autres qui se sentiront persécutés par lui depuis qu’il est bébé, sans qu’ils puissent reconnaître ouvertement ce sentiment.
En France, nous laissons ces enfants dans une situation insoutenable. Ils sont en attente permanente que leurs parents manifestent un minimum d’affection à leur égard, et ils passent leur temps à vivre jusqu’à plus soif une angoisse d’abandon, en ressentant le sentiment que si leurs parents ne viennent pas les voir, c’est parce qu’eux-mêmes ne sont pas des enfants aimables. Ils essaient de se construire en pensée un père et une mère de toutes pièces.
La seule solution consiste à leur proposer une autre parenté, psychologique, et un projet de vie permanent, soit sous la forme d’un placement familial qui devrait pouvoir être décidé jusqu’à la majorité, soit sous la forme d’une déchéance des parents suivie d’une adoption.
Dès lors, il est indispensable que la législation change. Le futur Observatoire national de l’enfance en danger, qui comptabilisera les situations à risque tout en coordonnant les actions et la recherche, montrera, je l’espère, que la loi de 1970 a besoin d’être remplacée.


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Messages

  • Je suis entièrement d’accord concernant les dégats qu’occasionne la société en matière de protection de l’enfance. De même, je constate aussi l’incompétence de certains professionnels qui se placent davantage du "point de vue des parents" que du "point de vue de l’enfant et de ses souffrances" (pour info, je suis moi-même psy). Pas étonnant dès lors de constater de tels dégats concernant le développement de l’enfant. Ceci explique aussi, en partie, le maintien du lien familial à tout prix ds la mesure où les soi-disant spécialistes plaignent parfois aussi souvent les parents d’avoir un enfant "dit" difficile ou insuffisamment intelligent. Et quels dangers, alors, pour l’enfant. D’autres "pro" cherchent à taire les conflits et occultent la pathologie parentale qui les ancre dans un profond déni irréversible... Je constate aussi que les enfants placés n’arrivent pas toujours à s’attacher à un référent pouvant servir de tuteur de développement. Faute de temps des éducateurs ou erreurs d’un placement tout simplement... Manque d’observation de l’enfant...???

    Tant que la société et le point de vue des uns ne changeront pas, rien ne changera...et l’enfant se détériorera de façon parfois dramatique.

    • Je vois que le professeur BERGER évoque, sans gêne, le cloisonnement du milieu médical qui renvoie les professionnels qui oeuvent à la protection de l’enfance vers le sacro saint "secret médical" (sous le prétexte de ne pas participer au gachis irrémédiable), mais que dire de ces professionnels du médical qui ne prenne pas en considération le cadre de référence des familles des enfants pris en charge par les unités de soins en culpabilisant ces derniers dans leur rôle parental.
      Je pense qu’un réel partenariat entre la médecine et le social pourrait permettre d’éviter parfois des erreurs, sachant que le but est identique, à savoir l’intérêt de l’enfant.
      Je citerais Edgar Morin, qui parle de modèle bio psycho social, le regard croisé de différents professionnels ne peut que faire évoluer les situations d’enfants ayant vécu des histoires lourdes de conséquences sur leur développement psycho-affectif.
      Enfin, je pense qu’effectivement parfois, le maintien de lien avec la famille est déstructurant pour l’enfant mais il faut se garder d’occulter que l’adolescent ayant peu ou pas de liens avec sa famille, va dans beaucoup de situation, chercher à savoir si la place qu’il avait au sein de sa famille naturelle était nocive pour lui.
      Et là encore, je reprendrais le questionnement d’un auteur dont le nom m’échappe, Comment peut-on connaître où l’on va quand l’on ne sait pas d’où l’on vient ?
      Enfin, les solutions de propositions en placement familial ou de rencontres médiatisées m’interpelle, sachant que ses deux solutions sont décidés par le juge des enfants et sur propositions des travailleurs sociaux. Pour précision, lorsque l’on parle de rencontres médiatisées, des objectifs de travail sur le lien parent enfant y sont posées et seuls les travailleurs sociaux référents sont habilités par le juge à être présents lors de ses visites... L’erreur est humaine et nous ne sommes que des humains qui tentont d’apporter humblement de l’aide à nos semblables, alors un peu de modestie, s’il vous plaît professeur.

  • Faut-il pousser un "cri" pour se rendre interessant ? C’est que nous fait croire Maurice Berger.

    Voici directement comment ce sujet est amenée par le Professeur lui-même :

    « La protection de l’enfance "produit" beaucoup trop d’enfants déficients intellectuels et/ou violents (...) définitivement à la charge de la société ».

    Et le journaliste, de reformuler son discour en lui posant la question :
    « Il est stupéfiant de constater qu’il n’existe aucun protocole d’évaluation des résultats des dispositifs de protection de l’enfance », déplorez-vous. Qu’observez-vous, personnellement, dans votre service ?

    Le discour de Maurice Berger sur les problèmes de la Protection de l’enfance (type ASE, et familles de garde)
    => quel est le rapport avec la Garde Alternée ?

    => quel pourcentage de parent qui s’opposent ou se posent légitement la question sur la Garde Alternée a un rapport avec Aide Sociale à l’Enfance ?

    => comment le professeur Maurice Berger arrive-t-il à contourner son propre problème qu’il vit dans sa vie de travail, pour déboucher sur un problème qui touche le commun des motels parents, sur la modalité de garde à prendre pour les enfants après un divorce ?

    => les parents dont les enfants passent par l’ASE sont principalement : en désérrance familiale, en alcoolisme, dans la drogue, avec des problèmes de violence, physique grave ou de délaissement. Quel rapport avec des parents normaux qui se séparent ?
    Les parents qui se séparent seraient-ils des parents anormaux, selon Maurice Berger ?

    Le Professeur Maurice Berger profite d’un fait de société le divorce qui ne fait que s’accentuer, pour venir surfer sur la problèmatique personnelle du Professeur, à savoir : comment le Pédo-psychiatre pourrait obtenir des droits supérieurs aux juges pour que la décision de déplacement d’un enfant reviennent principalement aux pédo-psychiatres (qui pourrait ainsi imposer qu’il soit placer dans leur propre institut, par exemple celui du CHU de St-Etienne, à Monsieur Maurice Berger).

    Maurice Berger s’était fait connaitre en publiant un livre sur la "séparation parent-enfant à but thérapeutique", il est dans la ligne droite de ces anciennes théories.
    Maurice Berger avait encore écrit que le lien parent-enfant n’était pas primordial.

    Avec les théories décrites ci-dessus, il n’est pas étonnant que le Professeur n’est aucune considération pour la demande légitime des pères à vouloir éduquer, accompagner, élever leurs enfants.

    On pourra cependant indiquer que depuis ces quelques années, où Berger a fait ses discours :
    - en Belgique : la Belgique a décidé que la Garde Alternée devrait être la Garde par défaut
    - en France en 2002 : la Loi 2002 autorisant la GArde ALternée est votée
    - en France en 2005, au parlement : les députés valident encore le principe de la GArde Alternée à appliquer par les Juges
    - en France en 2006, au sénat : les sénateurs valident aussi la Garde Alternée, et constate que "malheureusement", la Garde Alternée n’a progressé que de 1% depuis 2002.
    - en 2006, SOSpapa fait parti de l’UNAF
    - en 2006, l’UNAF (union nationale des associations familiales) valide officiellement leur position très favorable sur la Garde Alternée

    - (sans que M. Berger n’ait eu à faire le déplacement), l’Italie valide le principe premier de la Garde Alternée en 2006

    - nov 2006, l’ex-président de l’AFP -Association Francaise de Psychiatrie- Christian Vasseur s’est fait viré de son association, justement pour ses théories, dont la défense de Maurice Berger.

    Voir en ligne : calendrier scolaire, droit de visite & garde alternée

  • Le cri du docteur Berger est du pure charlatalisme !!!Je sais de quoi je parle,ce personnage avec son équipe soignante ont tenté de me faire enfermer pour les 30 prochaines années pour des faits que je n’ai pas commis.
    Au bout d’un calvaire judiciaire de 550 jours j’ai bénéficié d’un Non Lieu définitif.A l’heure actuelle j’ai déposé plusieurs plaintes contre le docteur Maurice Berger et son équipe soignante.Si d’autres personnes ont eu des problèmes à causes des méthodes de ce personnage je les invite à faire comme moi, à déposer plainte contre lui,le docteur Maurice Berger n’est pas intouchable,et pas au dessus des lois.

    • si le milieu social pensait comme maurice berger quel soulagement pour une bonne partie des enfants places et de leurs familles d acceuil non madame ce n est pas le cri d un charlatan mais un regard lucide sur des pratiques et des pensees d un autre age milles merci monsieru berger

    • Il arrive parfois qu’il y ait malheureusement des erreurs. Mais le Professeur Maurice Berger n’est pas un charlatan pour autant. Ces théories psychologiques on beaucoup aider dans le paramédical.
      Il n’est qu’un être humain avec ses faiblesses. il a droit à l’erreur, malhauresement pour lui, son erreur est préjudiciable pour vous.

    • Bonjour , je vient de tomber sur votre message , nous avons actuelement de grave problemes avec le professeur maurice berger .
      Si vous avez ce message je vous laisse mon adresse msn :

      [email protected]

      Merci !!!!

  • Mêlons nous de ce problème car des enfants souffrent. Merci Professeur de vous en occuper et d’en parler si bien. Quel gâchis, en effet, cette enfance maltraitée qui sera marquée à vie. Quelle injustice aussi pour ce bébé né ici plutôt que là. Parents, réfléchissez à la qualité du plus beau rôle de votre vie, aux sourires qui changent une journée, et tout simplement à l’image que vous donnez de vous.
    À vous tous qui travaillez à donner à ces enfants un peu de l’insouciance trop vite oubliée, mettez toutes vos forces à les rendre enfin heureux en les coupant de ceux qui ne méritent pas d’être parents. Une seule suggestion qui me semble de bon sens : demandez aux enfants s’ils souhaitent revoir leurs parents avant de prendre toute décision les concernant. Si c’est "non" c’est qu’indéniablement ils ont trouvé un meilleur équilibre et c’est bien ça le plus important.


Témoignages - 80e année


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