À 8 heures 35 sur Tempo : ’La maladie de Charcot, une prison sans barreaux’

Le dernier voyage d’un humaniste

9 décembre 2005

Documentaire de Philippe Labrune.

Ce film est une promesse : celle de Philippe Labrune à son ami Gérard Legrand. Le réalisateur avait juré de raconter la vie et le combat de son camarade, mort de la maladie de Charcot. Il retrace donc l’existence de cet idéaliste qui, jusqu’au bout, a voulu rester un homme libre.
C’est l’histoire d’un combat. Non pas d’un combat contre la maladie, dont l’issue fatale était connue, mais d’un combat contre le désespoir. Jusqu’à la fin, Gérard Legrand a voulu résister à la peur, au chagrin et à la nostalgie. "La maladie allait prendre mon corps ; elle ne prendrait pas mon esprit !", jurait-il.
Atteint de sclérose latérale amyotrophique (appelée aussi maladie de Charcot), l’aventurier, tout à la fois journaliste et écrivain, est peu à peu devenu prisonnier de lui-même. Une première chute, très vite suivie de douleurs l’empêchant de marcher, une respiration qui s’affaiblit au fil des jours au point de nécessiter une assistance permanente et, enfin, l’immobilité totale comme unique possibilité : telles ont été les étapes qui ont jalonné les dernières années de la vie de Gérard Legrand.
Il est des personnes qui, éprises d’aventures tout au long de leurs vies, vont jusqu’au bout leurs soifs de découverte. Bien souvent lorsque ces aventuriers de l’inutile se lancent à l’assaut de nouveaux défis, nous restons pantois et puis les mots fusent : à quoi bon les traversées, que ce soit du désert ou d’un quelconque océan ? Tout cela semble bien dérisoire au regard des grands enjeux de la planète. Qu’allait donc faire Maurice Herzog au sommet de l’Annapurna le 3 juin 1950 ? Que recherche Jean-Lou Etienne dans ses nombreux périples à travers les continents gelés ?

Qu’importe, au travers de ce documentaire, le monde de l’aventure va se reconnaître et vibrer à la vue du dernier voyage d’un homme épris d’humanisme. Sachez, sceptiques et grincheux de tous les continents, que si ces exploits peuvent nous sembler bien inutiles, ces voyageurs de l’impossible partent en permanence à la recherche d’un rêve, pendant que certains restent plongés dans un univers matériel qu’ils agrémentent de nombreux coups tordus. Sachez que ces explorateurs de l’inutile sont en fait des aventuriers de l’âme. Ils nous démontrent que la poésie est dans tout et que 20 voyages chimériques valent plus que les profits engrangés sur la sueur des esclaves du CAC 40 ! Alors, savourons avec tout le respect dû à ce grand navigateur, cette parcelle de vie et agrémentons cette vision poétique du monde fait d’espoir, de joie, d’amour et de mort, par une descente rectiligne et sans concession en nous-mêmes.

Ph. T.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Merci pour ce texte !!!
    J’aimerais savoir où trouver ce documentaire
    Car...
    Gérard était mon "ouistiti" , comme je l’appelais, dans mon coeur, quand nous étions enfants.Nos parents étaient amis. familles de 7 enfants de chaque côté !
    Nous avions notre "double" chacun...Gérard n’était pas le mien, mais je l’admirais..il était beau ...et surtout, souple comme un ouistiti...Toujours dans lles arbres, à sauter ici ou là.Un bras dans le plâtre, une cicatrice par ci, un bleu par là.Rien ne l’arrêtait :: :
    Champion de voile dans sa catégorie, comme son père et ses frères( Ah !!!Les Legrand, quelle famille !!!)..Il est devenu journaliste pour un magazine de navigation ; Il a parcouru le monde...a rencontré son adorable épouse et a jeté l’ancre sur les bord de la Garonne. c’est en restaurant sa maison qu’il a senti les premiers symptômes...Il a continué ( grâce au soutien indéfectible de son épouse) d’organiser des soirées artistiques dans son jardin..Puis la maladie le clouant dans un fauteuil , il a organisé un spectacle ,où tous ses amis artistes se sont produits...pour financer son projet de partir avec son frère Michel dans une île ou la maladie de Charcot touche 10% de la population...peut-être aussi souhaitait-il mourir sur la mer, son élément...Ce ne lui fut pas offert !
    je pense souvent à mon "ouistiti"...et suis heureuse qu’il existe un documentaire sur son histoire..
    J’aimerais tellement le voir...à l’aube de mes 75 ans...moi qui ai la chance d’avoir eu toutes ces années supplémentaires...
    Merci de me dire comment pouvoir le visionner !!!


Témoignages - 80e année