À 20 heures sur Tempo : ’Lawrence d’Arabie’

Le destin d’un homme hors du commun

22 décembre 2005

Film historique britannique de David Lean. Avec : Peter O’Toole, Anthony Quinn, Alec Guiness, Jack Hawkins, José Ferrer, Anthony Quayle...

Le destin hors du commun de l’officier britannique T. E. Lawrence, qui mena la révolte arabe contre l’oppresseur turc au cours de la Première Guerre mondiale. Il a fallu plus de deux ans de travail de détectives et d’archéologues au producteur Robert A. Harris, à qui l’on doit la restauration du "Napoléon" d’Abel Gance pour reconstituer la première version intégrale de "Lawrence d’Arabie".

Que dire, lorsque l’on veut présenter l’un des plus grands chef-d’œuvres du cinéma mondial ? Tout d’abord je commencerai par préciser que "Lawrence d’Arabie" a raflé sept Oscars en 1963, qu’il a fallu pas moins de deux mille figurants pour reconstituer les grandes batailles de l’époque et qu’enfin, au-delà des mots et de tout autre superlatif pour qualifier cette œuvre, il y a le talent ! Le Talent d’un immense réalisateur, David Lean, le talent d’une brochette d’acteurs à faire pâlir tout Hollywood et puis Peter O’Toole sans le charisme duquel la vie de Sir Lawrence sur pellicule n’aurait eu qu’une pâle figure.
Peter O’Toole est Sir Lawrence, il incarne tellement l’idée que l’on peut se faire de ce grand personnage, que l’on finit par se demander si le vrai Lawrence d’Arabie n’est pas sorti tout droit de sa tombe dans le cimetière de Moreton en Angleterre, pour habiter le corps du grand acteur britannique. Pendant 3 heures 30, (car par bonheur RFO a choisi de nous montrer la version longue de cette épopée), nous allons rentrer dans la vie d’un des personnages les plus mystérieux de l’histoire anglaise, le très énigmatique et flamboyant Sir Thomas Edward Lawrence dit "Lawrence d’Arabie".
J’ai coutume de dire qu’il y a deux grands mystères dans l’histoire européenne, le premier étant celui du Chevalier d’Eon, espion fantasque de la cour du roi Louis quinze, dont on ne sait toujours pas si il fut un homme ou une femme et puis celui de Lawrence d’Arabie qui était aussi un chevalier à sa manière. Imaginez un simple officier militaire de sa très gracieuse majesté Britannique, envoyé en mission en Afrique et qui du jour au lendemain devient le fédérateur de tous les peuples de la péninsule arabique ! Alors la couronne britannique se sent dépassée, le monde se sent dépassé, pensez ! La mission qu’on lui avait confiée était d’aider les Arabes à se fédérer face aux Turcs alliés des Allemands ! Que fit Sir Lawrence ? Il prit lui-même la tête de cette fédération et bien plus, il devint arabe lui-même. En épousant la cause, il épousa le mode de vie de ses nouveaux compatriotes, l’exaltation aidant, il étendit sur ce peuple toute son aura.

Une vie mystérieuse

Pour juger de l’homme, qui mieux que l’homme lui-même ? dans son livre mémoire "Les Sept piliers de la Sagesse", il écrit : "Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C’est ce que je fis." Tout est contenu dans cette phrase, dans cette pensée devrais-je dire. Quant au mystère qui entoure l’ensemble de sa vie, qu’il reste mystère, puisqu’il le voulait ainsi. Sir Lawrence a fait couler beaucoup d’encre et en fera encore couler beaucoup. De ses amitiés particulières dans une Angleterre très puritaine, je n’en parlerai que très peu, sinon que de son amour pour un jeune Arabe naîtra l’un de ses plus beaux poèmes qu’il a tout simplement intitulé "À S.A".
Vous aurez compris la passion que je voue à l’histoire extraordinaire de cet homme hors du commun et j’espère avoir donné à ceux qui ne le connaissaient pas, l’envie de regarder le film de cette vie qui s’arrêta de manière si banale mais cependant très brutale, Sir Lawrence est mort le 13 mai 1935 à Bovington dans le Dorsetshire, il était âgé de 46 ans. Je ne peux terminer cette chronique sans vous avoir donné un extrait de ce fameux poème "À S.A".
"Je t’aimais, aussi je pris ces marées d’hommes entre mes mains et écris ma volonté en étoiles à travers le ciel pour te gagner la Liberté, la digne maison aux sept piliers afin que tes yeux puissent briller sur moi quand nous arriverions.
La Mort semblait ma servante sur la route, jusqu’à ce que nous fussions proches, te voyant qui attendait ; Alors tu souris et, d’envie chagrine, elle me dépassa et t’emporta sans moi ;Dans sa quiétude.
L’amour, fatigué du chemin, chercha à tâtons ton corps, notre gage éphémère, notre pour l’instant, avant que la main molle de la terre n’explore ta forme et que les vers aveugles ne s’engraissent de ta substance. Les hommes m’ont prié d’ériger notre œuvre, la maison inviolée, en ton mémorial.
Mais, pour que le monument convînt, je le fracassai, inachevé ; et, maintenant, les petites choses sortent en rampant pour s’arranger des baraques dans l’ombre gâchée de ton offrande."

Philippe Tesseron

http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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