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’Le grand voyage’ : Un grand moment d’émotion

3 décembre 2005

Film dramatique d’Ismaël Ferroukhi avec Nicolas Cazalé, Mohamed Majd, Jacky Nercessian, Ghina Ognianova, Kamel Belgahsi...

Alors qu’il s’apprête à passer le Bac, Réda, fils d’immigrés marocains, se voit contraint d’accompagner son père en pèlerinage à La Mecque. Mais pour le vieil homme, le voyage ne peut se faire qu’en voiture... D’emblée, le périple s’annonce difficile. Peu habitués à se côtoyer 24h sur 24, père et fils s’avèrent incapables d’établir le dialogue. Et plutôt que de chercher à se comprendre, chacun manifeste à l’autre hostilité et rancœur. Pourtant, d’une rencontre fortuite à une nuit passée à la belle étoile, les deux hommes apprennent peu à peu à s’accepter. Il leur faudra encore parcourir 5.000 kilomètres et traverser l’Europe et le Moyen Orient pour, enfin, réussir à se parler.

Pour les abonnés à la chaîne cryptée, je leur promets un grand moment d’émotion en regardant "Le grand voyage". Il est des films comme celui-ci qui sont d’une haute portée philosophique : le long pèlerinage d’un père et de son fils ressemble à s’y méprendre à l’initiation qu’un vieil homme malade veut faire subir à son fils.

Dans cette traversée de la Serbie, de la Croatie, de la Bulgarie et de la Turquie, jusqu’à l’arrivée en Arabie Saoudite, le père, issu d’une culture ancestrale, reconnaît les codes, tandis que le fils ne fait que découvrir ses racines. Avec lui nous sommes complètement sidérés par la vision des millions de fidèles vêtus d’un habit blanc qui se rendent en procession à la grande mosquée de La Mecque. Le long périple nous montre d’un côté le mépris des biens matériels, la simplicité et la foi, de l’autre côté l’incompréhension et l’excès, bref, 2 êtres avec 2 visions différentes du monde.
Au final, une leçon : "les biens de ce monde ne sont que des prêts". On s’attache rapidement aux personnages, l’attitude du père nous fait souvent sourire, même s’il nous fera verser des larmes.

Le but du voyage est-il La Mecque ? Les retrouvailles d’un fils d’immigrés avec ses racines ? Ou celles d’un père et d’un fils ?

L’auteur de ce petit chef-d’œuvre nous prouve que sans racines, on n’est rien ou du moins pas grand-chose, et c’est bien là l’essence même de cette initiation. Par le biais de l’Islam et du Coran, le père ré-explique la vie au fils, il lui redonne son identité, celle qu’il perd peu à peu au contact de la vie occidentale.
Ce film est une grande leçon donnée à ceux qui oublient d’où ils viennent mais aussi aux barbus intégristes qui ignorent la haute portée de l’Islam, la vraie religion, celle qui est porteuse d’amour, de paix et d’égalité. Croyez-moi, nous ne pouvons sortir indemnes après avoir vu ce film, mais c’est une lueur d’espoir qui nous traverse le cerveau comme une flèche. C’est une grande claque à la connerie, puis, on se sent requinqué comme si un grand souffle d’air avait tout nettoyé.
C’est un film à consommer sans modération.

Ph. T.


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