Co-développement

Le haut de gamme de la crevette sur le marché sud-européen...

Aquapesca, le plus gros investissement français au Mozambique

23 octobre 2003

Des trois projets d’aquaculture de crevettes actuellement en cours de réalisation au Mozambique, celui d’Abdéali Goulamaly, PDG des Armements des Mascareignes et de Mauvilac, est sans doute le plus grand et le plus avancé. Il a démarré il y a près d’une dizaine d’années. Le temps de convaincre les autorités, de faire évoluer la législation mozambicaine, de monter un projet où la technologie très pointue nécessite l’intervention de scientifiques.

Après quelques difficultés à Madagascar, Abdéali Goulamaly, PDG des Armements des Mascareignes, semble avoir trouvé au Mozambique, à Quelimane dans la province de la Zambézie, les conditions nécessaires à la création d’une ferme aquacole de crevettes tigrées. Il a obtenu une écoute suffisamment attentive des autorités dans un pays qui ne manque pas d’espace. Le projet final devrait en effet occuper une surface de 2.000 hectares. Les premières crevettes tigrées d’un poids moyen de 30 grammes devraient être livrées sur le marché européen (France, Espagne, Portugal...) en juin 2004. Le créneau visé est celui de la qualité. D’où la nécessité d’une production en extensif, contrairement au projet d’Indian Ocean Aquaculture de Pemba qui entend commercialiser un produit meilleur marché, de moindre qualité.
Après une phase-pilote sur vingt hectares, avec l’aide de France Aquaculture, le projet est entré dans sa deuxième phase, celle de l’industrialisation.
Sur le site, les premiers bassins -d’une surface de dix hectares chacun- commencent à prendre forme sous la pression d’une vingtaine de gros engins... Une première tranche de bassins couvrant une surface de 150 hectares devrait être terminée rapidement. Une deuxième tranche opérationnelle en 2005, dont le coût n’est pas chiffré, devrait porter la surface des bassins à 530 hectares pour arriver à une production annuelle de 2.500 tonnes de crevettes.

La phase la plus technique de l’exploitation

Les bassins, dont 20% du volume d’eau sont renouvelés chaque jour, seront alimentés par une eau saumâtre pompée dans un bras mort du Zambèze, le Rio Bon Sinaï. À côté des bassins, commencent à apparaître les fondations du magasin de stockage des aliments, de l’usine de traitement des crevettes, des bâtiments administratifs...
Les bâtiments qui abritent la salle de ponte, la zone d’éclosion, la nurserie, la salle d’élevage des larves, la salle de culture des algues pour alimenter les larves... sont sortis de terre lors de la première phase.
Dans cette partie de la ferme va être concentrée « la phase la plus technique de l’exploitation que l’on essaie de contrôler le plus possible », note un des trois ingénieurs employés par Aquapesca. L’ambiance est soft : pédiluves, lumière tamisée, air conditionné, milieux stériles, eau de mer traitée... C’est là qu’a été reconstitué le cycle de reproduction des crevettes tigrées. C’est là que tout se joue.
Au départ, les géniteurs et les femelles, pêchés par des pêcheurs traditionnels, soigneusement sélectionnés, sont amenés dans la salle de ponte. Là, la femelle dont le cycle d’ovulation a été modifié, va pondre deux ou trois fois par mois (au lieu d’une fois tous les six mois) et va donner, à chaque ponte, 800.000 œufs. Ceux-ci seront transférés dans la salle d’éclosion, puis dans la salle d’élevage des larves où, dans cinq "jacuzzis" de 15 mètres cubes chacun, sept à huit millions de larves vont être nourries toutes les deux heures, jour et nuit.

Un investissement de 47 millions d’euros

Ces larves, arrivées au stade quasiment adulte, seront ensuite transférées dans les bassins de grossissement où, là encore, elles feront l’objet de soins attentifs, régulièrement suivies, nourries cinq fois par jour.
À ce stade intervient un des éléments déterminants pour la réussite d’un tel élevage : l’aliment. Celui-ci est en effet très particulier : il se présente sous forme de granulés riches en vitamines (soja, huile de foie de poisson... sans antibiotiques, ni hormones) et doit avoir une densité bien précise pour qu’il descende dans l’eau à une certaine vitesse en se désagrégeant. Dans un premier temps, Aquapesca se fournira à Taiwan. Mais à terme, la ferme aquacole de Quelimane entend bien diversifier ses sources d’approvisionnement. Ce qui intéresse évidemment l’Urcoopa et Proval-Sanders, dont les responsables étaient présents dans la délégation réunionnaise en mission au Mozambique. D’autant que deux tonnes d’aliments sont nécessaires pour produire une tonne de crevettes, soit 5.000 tonnes d’aliments par an pour Aquapesca quand la production prendra son rythme de croisière.
Le projet, dans ses deux premières phases, a nécessité un investissement de 47 millions d’euros dont sept millions d’euros pour la phase-pilote. On comprend dans ces conditions qu’Abdéali Goulamaly soit présenté comme « le plus gros investisseur français au Mozambique ».

An plis ke sa
Les deux autres projets...
Deux autres projets de fermes aquacoles sont en cours de réalisation au Mozambique à Pemba (province de Cabo Delgado) et à Beira (province de Sofala). Le premier projet baptisé Indian Ocean Aquaculture est porté par des investisseurs majoritairement sud-américains. Il en est sensiblement au même stade de réalisation qu’Aquapesca. L’investissement est évalué à 18 millions d’euros environ, pour arriver à une production qui devrait tourner autour de quatre ou cinq mille tonnes par an, exportée vers l’Europe, les États-unis et le Japon. Le second projet est porté par des investisseurs chinois et semble beaucoup moins avancé que les projets d’Aquapesca et d’Indian Ocean Aquaculture.
Dans le respect de l’environnement...
Les entreprises d’aquaculture ont parfois la réputation de porter atteinte à l’environnement. Les ingénieurs d’Aquapesca insistent beaucoup sur le respect de l’environnement et même sur son amélioration. C’est ainsi que derrière la future usine de traitement des crevettes ont été replantés des palétuviers. « En trois ans, quatre hectares de mangrove ont été reconstruits et nous allons également replanter des palétuviers sur la berge du canal principal d’amenée d’eau », explique un des ingénieurs.
Des entreprises réunionnaises...
À chaque fois qu’ils l’ont pu, les promoteurs d’Aquapesca ont fait appel aux compétences mozambicaines. Mais ils ont également fait appel au savoir-faire réunionnais. C’est ainsi que des entreprises réunionnaises ont (ou vont) travailler sur le chantier de Quelimane. Il s’agit de Bourbon Bâches qui s’est occupé de l’étanchéité des bassins de l’écloserie ; de Bourbon Bois qui a fourni des bâtiments (administration, restaurant, logement d’astreinte...) ; de Frigor service qui va équiper l’usine de traitement des crevettes ; de Fluxmeca, spécialisé dans la circulation des fluides, et de Dom’eau qui va installer une station d’épuration. Gilles Couapel, gérant de la société Dom’eau, estime que pour son entreprise, ce chantier représente « une ouverture sur le continent africain. D’autant, dit-il, que la société est dimensionnée pour l’océan Indien ».

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Messages

  • MashAllah nos investissements fleurissent dans toute la zone... ça ne peut que faire plaisir à la communatuté karana dont abdeali goulamaly fait parti.

    • Bonjour ;
      je suis un biologiste de la ferme aquacole oso farming , la ferme des crevettes issue de l agriculture biologique ; je voudrais avoir l adresse mail de la direction de recrutement de l aquapesca

      Cordialement
      Mr CHRISTOPHE
      BIOLOGISTE RESPONSABLE DE LA FERME 1
      OSO FARMING BP 212 ANTSIRANANA MADAGASCAR


Témoignages - 80e année


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