C’est au siège de la Fédération régionale des associations culturelles chinoises que Clément Ah Line (président de la FRACC) et Henri Chane Tef (président de l’Association bénédictine culturelle chinoise) ont organisé hier une rencontre entre la presse et le professeur chinois Aoyu Wei qui donnera plusieurs conférences dans notre île.

Clément Ah Line soulignait que « les douze associations fédérées à la FRACC souhaitent par ce cycle de conférence promouvoir la compréhension de la culture chinoise et de ses subtilités. Le professeur Wei nous fera partager son immense connaissance de la Chine. Le but de cette invitation est d’aboutir à plus d’échange fructueux avec la terre de nos ancêtres ».
Henri Chane Tef a présenté la carrière d’Aoyu Wei. Né en 1958 à Jiangsu (Chine), il réside en France depuis 1995. Chercheur et directeur d’études à l’Académie des sciences sociales de Chine entre 1990 et 1995, il a été associé au CNRS à l’Institut de recherche sur la société contemporaine entre 1995 et 1997. Doctorant à l’École de hautes études en sciences sociales en philosophie entre 1996 et 2000, il est devenu professeur à l’École supérieure d’interprète et de traducteur de l’Université de Paris III-Sorbonne depuis 1996. Il est aussi professeur à Paris IV et à l’Institut national des langues et civilisations orientales depuis 1998. Aoyu Wei est également formateur au sujet du management interculturel auprès d’entreprises internationales. Traducteur et interprète du ministère des Affaires étrangères, il a traduit en chinois des ouvrages de Michel Foucault et de Roland Barthes.
Le professeur Aoyu Wei a étudié la philosophie occidentale contemporaine en Chine. Il espère lors de ces conférences « quelques étincelles qui provoqueront un débat, un échange avec l’audience ».

« Avoir une vision globale du monde »

Aoyu Wei nous explique dans quel état d’esprit il aborde notre île : « C’est une chance pour moi de venir à La Réunion, dans le cadre des années croisées entre la Chine et la France. Quand l’Homme fait face à des crises politiques, économiques et sociales, il retourne à sa source, pour trouver ses repères et donner un sens à la vie. Dans un monde privé de sens, pour faire face à la situation de rupture, on a besoin d’une meilleure compréhension de la tradition, des valeurs partagées, pour un ordre plus pacifique, plus tolérant de développement durable ».
La Réunion est une véritable découverte pour cet homme qui travaille sur les convergences entre les grandes cultures du monde : « La Réunion est un pays qui correspond à mon rêve, tant par sa nature que par ses habitants. La Réunion est un exemple qui illustre la cohabitation pacifique entre différentes cultures et c’est exactement ça qui manque aujourd’hui dans certains endroits du monde. La place que tient La Réunion dans l’ordre actuel est de plus en plus visible, se fait de plus en plus sensible ».

C’est peut-être pour cela qu’il n’y a pas de hasard entre la venue de l’ambassadeur de Chine en France, la visite du vice-Premier ministre du gouvernement chinois, et celle de notre invité : « La Réunion occupe une position particulière et privilégiée pour les échanges culturels, une place stratégique car elle est au carrefour de différentes trajectoires venues du monde entier ».
Cette première visite est donc un point de départ pour multiplier les activités d’échanges, élaborer des programmes de coopération, de formation...
Aoyu Wei dit s’être rendu compte très tôt que « le savoir ne suffit pas, il faut remettre en cause les choses acquises pour vivre avec son temps. La guerre économique est devenue quotidienne, il faut avoir une vision globale du monde ».

Médecine et sujets économiques

La première conférence à lieu ce soir à 18 heures, au salon d’honneur de la mairie de Saint-Denis, elle a pour thème "La philosophie de la médecine traditionnelle chinoise". Le conférencier Aoyu Wei retracera les fondements de la théorie et de la pratique de la médecine chinoise en évoquant successivement l’harmonie entre le monde humain et le monde naturel, la correspondance entre ces deux mondes, leur interaction et la subjectivité : l’humain est-il bien au centre de la nature ? Lors de cette conférence, il traitera aussi des relations entre les médecins et les patients. Clément Ah Line annonçait que « la médecine occidentale prend en charge le malade quand il est tombé malade, la médecine chinoise empêche de tomber malade ».
Une remarque qui laisse penser que la médecine chinoise pourrait être un complément de son homologue occidentale.