Économie solidaire

Le rôle indispensable des emplois-verts dans la valorisation de notre territoire

Visite de sites en cours d’aménagement par des emplois-verts à Dos d’Âne

7 août 2003

Lundi matin, des élus de la Région, de La Possession et du Port ont visité plusieurs chantiers à Dos d’Âne. Sur ces sites, travaillent des personnes en contrat emploi solidarité (C.E.S.) employées par deux associations : Cap Insertion et Nature et patrimoine. À Cap Noir, à Grand Coin et au Centre d’altitude de Dos d’Âne, les réalisations des emplois-verts devraient permettre de créer des outils de qualité au service des touristes mais aussi des habitants des Bas. Malgré le fait qu’ils n’ont pas un emploi durable, ces Réunionnais ont su se motiver pour valoriser les atouts de ce quartier des Hauts, situé aux portes de Mafate.

Une délégation d’élus - composée de Hilaire Maillot (Région), Sylviane Rivière, Jean-Claude Tréport, Carole Souprayenmestry, Roland Ample Mouniama, Robert Morel, Fabienne Nativel (Mairie de La Possession), Marie-Paule Fanchin et Sabine Le Toullec (Mairie du Port) - s’est rendue compte lundi dernier, sur le terrain, de la qualité du travail réalisé par les CES de deux associations possessionnaises au Dos d’Âne : Cap Insertion et Nature et Patrimoine.
La première association travaille sur un projet qui a débuté en 1999. Il est une suite de renouvellement de la convention passée avec la Région. La seconde travaille sur un itinéraire de découverte du patrimoine naturel au Centre d’altitude de la Ville du Port. (voir par ailleurs)
14 personnes sont employées sous un contrat emploi-solidarité (CES) par l’association Cap Insertion. Encadrées par un salarié maintenant en contrat à durée indéterminée, elles continuent un travail de longue haleine : aménager et embellir le quartier à vocation touristique du Dos d’Âne. Cette année, l’accent a été mis sur la sécurisation des sites de Grand coin et de Cap Noir.
La construction de barrières en rondins vise tant à protéger les visiteurs qu’à limiter l’accès des véhicules. Une clôture du même type a été en outre érigée sur l’aire de pique-nique de Grand Coin. Dans le même temps, les emplois-verts ont entretenu les installations du site : tonte du gazon, débroussaillage, nettoyage des lieux et évacuation des déchets. L’aménagement du point information touristique ainsi que la construction de barrières en rondins du chemin Lacroix ont également été achevés.
C’est la satisfaction des habitants du secteur, dont le cadre de vie a été amélioré, mais aussi la diversité des tâches qui ont motivé les emplois-verts : le taux d’absentéisme est de ce fait proche de zéro.
L’année 2003 est consacrée à l’amélioration et au maintien en état de tous les sites. Néanmoins d’autres projets tels que celui de la liaison entre le Cap Noir et La Rivière des Galets sont actuellement en cours d’élaboration. Ces travaux permettront de faire revivre nos sentiers où l’Histoire se mêle au tourisme et à la culture, notamment à travers la première liaison vers le Dos d’Âne depuis Le Port, où visiteurs et habitants pourront admirer une faune et une flore dans un site grandiose.

Les nombreux projets et réalisations de Cap Insertion
L’association Cap Insertion se fixe des objectifs ambitieux pour cette année avec une nouvelle organisation et des partenariats à développer qui confèrent une reconnaissance de la part de l’ensemble des opérateurs qui traitent l’insertion sociale et professionnelle.
La signature d’une convention d’objectifs avec la commune de La Possession renforce et consolide la mission de service public de l’association et sa collaboration à l’échelle du territoire. Son Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE) a développé une politique d’actions innovantes.
Les chantiers d’insertion de l’association lui permettent aujourd’hui d’intervenir avec l’aide de la commune, du Conseil régional, de l’Agence départementale d’insertion et de l’État sur les quartiers les plus défavorisés en facilitant l’accès des contrats aidés aux habitants pour construire les premières étapes d’un projet de vie, et en même temps valoriser notre patrimoine à travers des actions spécifiques (emplois-verts, CES proximité etc.…). Toutes les personnes sous contrat bénéficient d’une formation, et autant que de besoin de l’intervention de son pôle social, en relation avec le CCAS et les organismes publics.
En 2003, l’association indique qu’elle devient une véritable plate-forme de services. Des domaines de compétences transversaux et la présence d’un large partenariat (ANPE, ADI, Mission locale, Chambre des métiers, DRASS, Conseil régional, Conseil général), offre aux Possessionnais un catalogue de réponses adaptées à leurs problématiques sociales et professionnelles.
Par ailleurs, CAP Insertion mène cette année des réflexions avec le Territoire de la côte Ouest (TCO), pour mettre en œuvre des projets innovants à l’échelle du bassin d’emploi.
L’an dernier, environ 550 personnes ont été suivies. Cap Insertion a prévu pour cette année d’intervenir sur 900 personnes, soit presque le double de nos objectifs antérieurs. Au 1er septembre prochain, l’association veut créer une Cellule permanente d’appui aux entreprises (CPAE) en partenariat avec la Commune, l’ANPE qui mettra à disposition un de ses agents, la Chambre des métiers et la Mission locale. Cette CPAE aura pour mission d’identifier les potentiels de placements sur le territoire, de communiquer avec les chefs d’entreprises pour proposer les candidatures PLIE, et d’accompagner des créateurs d’activité dans leurs démarches jusqu’à leur installation.
Par ailleurs, Cap Insertion structure actuellement un service mobilité pour que les jeunes puissent accéder à des offres de formation ou/et emploi par l’intermédiaire du CNARM et de l’ANT. Des offres parviennent déjà à l’association par Internet, et tous ceux qui décident de partir bénéficient d’un accompagnement spécifique de notre association tout au long de leur parcours extra insulaire.
Enfin, Cap Insertion met en place avec la commune une politique de cohérence en venant en appui au secteur associatif en matière d’ingénierie. Son ambition est de mobiliser les moyens et les énergies sur le territoire pour le développement de la commune de La Possession au profit de sa population.

Un sentier pour découvrir les richesses des Hauts de La Réunion

Au Centre d’altitude de Dos d’Âne, avec l’association Nature et Patrimoine

L’itinéraire de découverte du patrimoine naturel du Centre d’altitude de Dos d’Âne est un chantier mis en œuvre par l’association Nature et Patrimoine. Ce chantier a plusieurs ambitions : le développement durable, la conservation de la nature et l’éducation à l’environnement.
Le sentier de la forêt devra permettre aux enfants comme aux adultes, de retrouver leurs racines, et cela quel que soit leur origine, leur niveau social, leur culture. Pour le visiteur de passage dans notre île, c’est un itinéraire de découverte du patrimoine naturel dédié en premier lieu aux espèces animales et végétales endémiques.
Cette opération a démarré le 1er mars dernier.
Le chantier emplois-verts est financé par la Région Réunion. Pour sa part, la commune du Port, propriétaire du site, met à disposition le parc et un local.
Il s’agit de créer, au sein du parc du Centre d’Altitude de Dos d’Âne, un espace floristique davantage adapté à son milieu naturel des hauts. Lieu de détente et de promenade, ce parc a aussi une vocation pédagogique afin de mieux connaître le patrimoine naturel des Hauts. Il a également pour objectif d’être géré de manière pérenne, facile et économe.
Ce futur "Sentier de découverte" s’adressera aussi bien aux habitants des Hauts, pour une meilleure connaissance et maîtrise de leur environnement proche, et aussi aux citadins des bas, notamment les Portois dont le territoire communal ne possède pas de Hauts.
Plusieurs chantiers sont actuellement en cours sur le site.
Un chantier botanique d’initiation, de restauration, d’expérimentation et de protection du patrimoine naturel des Hauts de l’île à partir du site de Dos d’Âne voit la mise en place d’une pépinière endémique avec 75 espèces différentes et plus de 5.000 plants en pousse.
Pour les travailleurs en contrat CES, il s’agit également de lutter contre les pestes végétales d’ouvrir des sentiers et des plantations, de récupérer des déchets végétaux, d’aménager un local et une exposition botanique, de fabriquer une signalétique en bois (noms créole, latin et famille) et de mettre en place un système d’irrigation naturel. Par ailleurs, le chantier est également une opportunité de créer un lien avec les habitants de Dos d’Âne avec la récupération de pots et moques.
Le chantier a également une dimension culturelle et historique. La découverte et la visite sur le terrain permettent de découvrir ses racines, d’apprendre la genèse de l’île, l’évolution de l’impact de l’homme sur la nature. Il donne la possibilité de connaître les espèces endémiques de La Réunion, les principales pestes végétales et les principaux animaux réunionnais disparus.
Ce chantier est également le résultat d’une coopération intercommunale entre La Possession et Le Port avec des avantages mutuels : changement d’air et mobilité professionnelle pour les Portois, connaissance de l’environnement proche pour les Possessionnais.
Les emplois-verts suivent une formation permanente. Deux d’entre eux ont quitté le chantier car ils ont trouvé un travail définitif. En effet, ce chantier d’insertion ne sert pas à faire ce que l’on appelle péjorativement de l’"occupationnel". Les emplois-verts, c’est l’apprentissage d’une activité professionnelle amenée à prendre de l’importance et qui peut devenir un travail. C’est aussi un moyen pour des personnes privées d’emploi de construire un projet avec d’autres qui n’ont pas le même niveau de formation ou le même mode de vie.
Et de dresser les perspectives du chantier : renforcement de la pépinière endémique de La Réunion, réalisation d’animaux endémiques disparus en résine, mise en place de barrières et de murets le long des sentiers, renforcement de la plantation des endémiques dans le parc, ouverture des sentiers et plantations dans le parc.

Une violente remise en cause
Vers une réduction du nombre des C.E.S. ?
À ceux qui doutent de la pertinence de soutenir l’économie solidaire, la visite des chantiers de Dos d’Âne démontre que des Réunionnais, si on leur donne un emploi, sont capables de s’investir dans des chantiers qui valorisent le patrimoine de leur pays. Même si ce sont des emplois que les jeunes qualifient eux-mêmes de « soldés ».
Cet exemple est loin d’être isolé. Dans plusieurs secteurs d’activités, les personnes en contrat précaire dit "aidé" et sous-payées jouent un rôle essentiel dans leur école, dans leur association, dans leur commune, à la Poste... Ils sont aujourd’hui des acteurs indispensables à tout service public à La Réunion.
Or, après l’interdiction d’embaucher des emplois-jeunes, une nouvelle mauvaise nouvelle est évoquée : il serait question de supprimer les trois-quarts des contrats emploi-solidarité à La Réunion. Pourtant, sans le dévouement de ces personnes en contrat précaire, les élus n’auraient eu lundi aucun chantier de cette sorte à visiter à Dos d’Âne.
Des dizaines de sites de ce type ont été aménagés par des emplois-verts à La Réunion. Et le travail mené par des associations telles que Cap Insertion et Nature et Patrimoine prouve que ce type de contrat n’est pas une impasse ; cela peut être une passerelle indispensable pour que de nombreuses personnes puissent enfin trouver un emploi durable, grâce à l’économie solidaire.
Comme l’ont démontré les différentes prises de position issues de diverses tendances politiques et la lettre adressée par le président de la Région à la ministre de l’Outre-mer puis les actions menées hier à Sainte-Suzanne, à Saint-Denis et au Port, l’heure est à la mobilisation des Réunionnais pour sauver ces contrats : ils constituent pour beaucoup d’entre nous le seul espoir d’échapper à la violence du chômage.

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