Samedi à 00 heures 40 sur Tempo : ’Dites à nos enfants que nous sommes battus’.

Les combats de tous les jours

10 décembre 2005

Documentaire de société.
Réalisé par Jean-Louis Saporito. Produit par Point du Jour. Avec la participation de France 2.
C’est ce combat pour garder la tête hors de l’eau que raconte le film. Quand on est très démuni, le monde qui vous entoure devient hostile. Il y a les combats de tous les jours : préserver une famille unie, nourrir ses enfants quand les ressources du ménage sont épuisées le 20 du mois, les tenir propres et bien habillés comme leurs copains, faire les devoirs quand on vit à 6 dans des 3 pièces ou en caravane.
À la longue tous ces problèmes jouent sur le comportement de chacun. Les enfants se chamaillent. Il y a des cris, des disputes et de la violence... Il y a aussi les combats qui durent plus longtemps, qui semblent ne jamais devoir finir, souvent face à l’administration : être mieux logé, ne pas être expulsé, trouver du travail, se déplacer sans voiture, récupérer un enfant placé, garder l’espoir d’une vie meilleure pour ses enfants, lutter contre l’apparence...

Que dire de ce documentaire alors que le titre et le résumé à eux seuls donnent l’ampleur du drame ? L’autre jour, lors d’une entrevue télévisée j’ai entendu l’inénarrable René-Paul Victoria, ci-devant maire de Saint-Denis de La Réunion et directeur d’école à temps perdu, répondre à un journaliste sur la pose des caméras de surveillance dans le centre-ville : il fallait bien faire quelque chose face à la recrudescence des "phénomènes de société", cette réponse à elle seule pourrait porter à rire si ce personnage n’était pas un responsable politique.
Tout cela pour vous dire et par la même occasion, à notre cher maire, que si l’on devait définir un "phénomène de société" c’est bien ces familles qui, accablées sous les coups de toutes les misères, baissent les bras et ne peuvent plus supporter de poursuivre l’éducation de leurs enfants. C’est là que je me pose la question, de quel côté se trouve la délinquance ? Est-ce que la racaille, ce sont ceux qui brûlent des voitures un soir de rage lorsque tout s’effondre, lorsque les misérables subsides composés du RMI se trouvent dépensés pour les marmailles le 10 du mois, ou bien un ex-maire de Paris qui a dépensé en frais de bouche plusieurs centaines de milliers d’euros sur le dos des contribuables et qui continue à couler des jours heureux dans un château, toujours au frais de la princesse ? Alors parfois je me dis que les caméras de surveillance ne sont peut-être pas placées aux bons endroits. Après cela comment voulez-vous avoir envie de survivre ? C’est la réflexion que m’a inspirée le reportage que nous verrons ce soir, je terminerai en vous rappelant une anecdote : un jeune garçon qui se trouvant devant une barricade du côté de la Bastille à Paris se voit interdire d’aller plus loin par la maréchaussée, le jeune interloqué dit au militaire : "Je veux retourner mourir avec mes camarades de l’autre côté contre le mur". Admiratif devant le courage du garçon, le militaire lui dit : "À quoi bon vouloir te faire fusiller avec eux, ce ne sont là que canailles". Le jeune garçon bomba le torse et répondit : "c’est la canaille et bien, j’en suis". Ainsi, le jeune garçon s’adossa au mur avec ses camarades et offrit son torse à la mitraille, c’était un beau mois de mai 1870 pendant la Commune, la mort venait de faucher un jeune de 16 ans issu des "Fortifs" ce qu’on appelle maintenant des banlieues... Sans commentaire !

PH. T.


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