Pour le président de la Région, les énergies renouvelables sont un axe prioritaire de la mandature. La collectivité a en effet pour ambition de faire en sorte que La Réunion soit « le premier pays à appliquer le protocole de Kyoto à 100% ». Un thème dont il sera fortement question aux Rencontres Énergie Réunion 2003. (voir encadré)
Plusieurs réalisations dans notre île montrent qu’elles peuvent être une alternative crédible au système énergétique non durable actuel. Mis à part les 45.000 chauffe-eau solaires, les écoles commencent à être équipées pour produire leur électricité. « Et si les 550 groupes scolaires de La Réunion pouvaient être autonomes sur un plan énergétique, ce serait une somme très importante économisée par les communes », souligne Paul Vergès.
D’autant plus qu’en montrant aux jeunes qu’il est possible de faire fonctionner leur école, leur collège ou leur lycée avec des énergies renouvelables, ils seront ensuite capables de mieux comprendre l’intérêt économique, social et environnemental de ces dernières dans le contexte réunionnais. À ce sujet, Christophe Rat, directeur de l’ARER, signale que les jeunes sont très intéressés par ce type d’énergie.

Une ambition partagée

Soulignant que nous nous situons dans une phase de « relance des objectifs en énergie solaire », Paul Vergès devait indiquer que l’Inde et la Chine peuvent fournir des cellules photovoltaïques à des prix inférieurs de 40 à 50% à ce que nous connaissons. Cela ouvre de nouvelles perspectives et on pourrait envisager à terme l’équipement de tous les logements à l’horizon 2025, ce qui représente environ 500.000 installations.
Cela pourrait d’une part contribuer à alléger considérablement nos importations de carburants et de charbon, qui sont des énergies fossiles, contribuant à l’effet de serre. D’autre part, cette évolution pourrait créer beaucoup d’emplois, pour mettre en service et entretenir ces centaines de milliers d’installations.
Pour le président de la Région, l’expérience montre que « notre mot d’ordre d’autonomie énergétique en 2025 n’est pas utopique » et que cela contribuera au rayonnement de La Réunion. Paul Vergès devait notamment mettre en valeur le rôle de l’ARER, le Conseil régional étant porteur de la volonté politique.
Le président de la collectivité a ensuite signalé à propos des énergies renouvelables que « de tous les axes de travail de la Région, c’est là où on a avancé le plus vite ».
Le représentant d’EDF en charge du développement durable a déclaré que la maîtrise des énergies renouvelables occupe une place importante dans l’entreprise publique. Elle y consacre 2 millions d’euros à La Réunion. Le développement durable est dans la stratégie d’EDF. Le représentant de l’entreprise publique estime que le colloque est « une tribune extrêmement importante pour la maîtrise des énergies ». « L’ambition de l’autonomie énergétique en 2025 est totalement partagée par EDF », a-t-il déclaré avant d’ajouter que l’entreprise doit aussi répondre aux attentes immédiates : une demande en augmentation d’au moins 6% par an.

Co-développement

Pour conclure, Paul Vergès a indiqué que la volonté d’arriver à l’autonomie énergétique en 2025 ne concerne pas seulement les Réunionnais. C’est « une innovation qui va intéresser tous les pays insulaires ». Ces derniers dépendent aussi fortement des importations en énergies fossiles (pétrole, charbon) et vivent également une forte augmentation de leur population, donc de la demande.
Le président de la collectivité souligne également que cette évolution aura des répercussions dans plusieurs domaines. Sur le plan culturel, c’est la transformation du Réunionnais « de consommateur agressif à acteur de son développement ». Sur le plan de l’emploi, c’est la création d’un secteur professionnel dans le domaine de ces nouvelles énergies. C’est aussi favoriser l’émergence d’un pôle d’excellence réunionnais dans ce domaine, avec la création d’une école d’ingénieurs pouvant former des spécialistes de ce secteur, afin de contribuer au co-développement des pays de l’océan Indien.