L’année 2003 va voir l’ouverture d’une ligne de désenclavement aérien avec la liaison long courrier d’Air Austral et la progressive mise en chantier de la route des Tamarins. Ces deux opérations, portées pour une grande part par la collectivité régionale, dans un partenariat qui a requis un long et important travail technique, vont porter des fruits qui laisseront une trace durable puisqu’elles doivent générer « entre 1500 à 2000 emplois supplémentaires, pérennes et qualifiés, voire très qualifiés », a présenté hier le président de la Région, Paul Vergès, en compagnie des divers acteurs impliqués dans ces deux grands chantiers.
Aborder la problématique de l’emploi à La Réunion autrement qu’à travers son actualité - de crise le plus souvent - requiert un travail de longue haleine dont on a souvent eu l’occasion de regretter, dans ces colonnes, qu’il ne soit pas davantage pris en compte en amont des grands chantiers. Tout le monde a encore en mémoire "l’importation" de travailleurs spécialisés indiens à Bois-Rouge ou les carreleurs portugais de Saint-Denis, pour s’en tenir à ces deux exemples, qui avaient souligné en leur temps le manque de préparation et de plan de formation de la part des opérateurs.

Ouvrir une voie différente

La collectivité régionale ne pouvait pas ne pas chercher à ouvrir une voie différente, montrant ce qui peut être fait pour soutenir l’emploi, en concertation avec l’ANPE, les organismes de formation - mis du coup devant l’obligation de mieux s’organiser et de se repositionner les uns et les autres - les organismes patronaux du BTP et des Travaux publics ou encore avec Air Austral, compagnie aérienne régionale dont la collectivité est partie prenante (voir encadré) .
Avec le chantier de la route des Tamarins, tout d’abord. Le "chantier du siècle" : 33 à 34 km dans un projet d’infrastructure comportant quatre ponts exceptionnels, 23 ponts non courants et 3 tunnels pour le franchissement d’une centaine de ravines.
Le chef d’opération de la Direction de l’Équipement (DDE), Gilbert Morlet, a rappelé hier que ce chantier en est à la phase d’acquisitions foncières, ce qui va permettre aux travaux de commencer par créneaux. D’ici un mois, des entreprises œuvreront à la réalisation des pistes de chantier. Ces travaux seront bientôt suivis de ceux pour le rétablissement des communications interrompues durant le chantier.
Le chantier comporte un lot "ouvrages d’art" et un lot "terrassement" dans lesquels la collectivité veut impliquer les entreprises réunionnaises et leur potentiel de main d’œuvre. Les appels d’offre sont prévus pour les 3ème-4ème trimestres 2003, le gros des travaux devant commencer au début de l’année prochaine. Cette année est donc une année de mise en place progressive, vers une montée en puissance des chantiers qui, de 700-750 emplois supplémentaires au début, vont passer au fil des années à 1.500 - 2.000 emplois.

Un plan de formation

La question sera ensuite : comment prendre le relais, à la fin du "chantier du siècle", pour maintenir ces emplois supplémentaires ? La Région a déjà un début de réponse avec les chantiers à suivre, pour un montant six fois supérieurs à celui de la route des Tamarins, dont celui du tram-train.
Lors de la réunion de la Commission permanente du vendredi 21 mars, les conseillers régionaux ont adopté un plan de formation visant les différents métiers concernés, pour un montant global de près d’un million et demi d’euros (9,4 millions de francs, dont 1,4 million mis par la Région, qui a mobilisé pour le reste le Fonds social européen).
L’ANPE est chargée d’orchestrer la mise en œuvre de ce plan, qui doit concerner dans un premier temps, c’est-à-dire dans les deux prochains mois, environ 210 personnes. L’ANPE en a répertorié environ 500, qui auront « besoin d’acquérir des compétences nouvelles » et à terme, ce sont quelque mille travailleurs, de différentes spécialités, qui vont suivre une formation pendant la durée totale du chantier (jusqu’à la fin 2006). Ces formations sont financées par divers organismes - les ASSEDIC, l’État et des organismes patronaux - déjà passés à l’étape de recrutement des candidats.
Comme l’a expliqué en substance Jean-Charles Gérard, de l’ARFOBAT, « la programmation et la réalisation de mille formations requiert un engagement fort et rigoureux, qui a conduit les organismes de formations à rechercher entre eux une complémentarité, soutenus par une organisation administrative qui, elle aussi, avait besoin de se renforcer ».
Le plan de formation validé par la Région porte sur différents métiers en terrassement, voirie et génie civil et vise à constituer un encadrement de qualité à partir des compétences locales, complétées par la capacité de certaines entreprises réunionnaises à faire venir un encadrement d’appoint.