Projet de loi de décentralisation

Les logements étudiants construits et gérés par les communes

30 août 2003

Si les étudiants vivant en couple viennent de subir de plein fouet une remise en cause de leur allocation, la question du logement social va, dans les années, prendre un aspect encore plus important : il serait confié aux communes. Or, à La Réunion, au vu de leur potentiel fiscal, du nombre croissant d’étudiants, les besoins vont être considérables... Cela pourrait être de moins en moins facile pour les étudiants.

Dans son article 43, le projet de loi du gouvernement sur la décentralisation est clair : « Les communes et leurs regroupements ont la charge de la construction, de la reconstruction, de l’extension, des grosses réparations et de l’équipement des locaux destinés au logement des étudiants ».
Précision : « les nouvelles résidences construites à l’initiative des communes ou de leurs groupements seront gérées selon des modalités que les communes ou leurs groupements détermineront ». Car, pour le gouvernement, ce projet est destiné à « organiser une offre de logements étudiants adaptée aux besoins des intéressés, à l’évolution des formations et au développement de la mobilité étudiante ».

Attention danger

Ces informations sont tirées du document remis par le Département lorsque les conseillers généraux ont étudié le texte gouvernemental mercredi dernier avant de le mettre aux voix. Par ailleurs, le document comportait les avis des commissions. Lesquelles ont soumis un avis pour le logement des étudiants réunionnais... en France : « Les commissions souhaiteraient par ailleurs que, compte tenu de la priorité accordée par notre collectivité à la mobilité, il est nécessaire qu’une solution soit trouvée pour le logement des Réunionnais en mobilité en métropole ».
Le CESR (Conseil économique et social régional), sur ce sujet, notait : « la commission insiste sur le fait que toutes les dispositions qui vont être prises doivent concourir à offrir aux étudiants les meilleures conditions d’accueil. La Réunion connaîtra dans les prochaines années une augmentation de sa population étudiantine. Il est primordial de leur offrir des logements en nombre suffisant et à un coût raisonnable. De ce fait, la commission s’interroge sur les capacités financières des communes de La Réunion et de leurs groupements à réaliser de tels équipements et de répondre aux besoins futurs ».
Rappelons quelques chiffres : de 10.000 en 1999/2000, les effectifs d’étudiants de La Réunion sont estimés à 13.500 à l’horizon 2006 et pourraient passer à 18.000 (hypothèse basse) ou 28.000 (hypothèse haute) dans moins de 15 ans.

Saint-Denis, Le Port, Saint-Pierre et le Tampon

Chaque année, on compte plus de 10% à 15% des effectifs étudiants (selon les étudiants eux-mêmes) qui ne trouvent pas de logement. Ni dans la cité universitaire, ni dans les résidences, ni auprès de particuliers. Ce chiffre ne va faire qu’augmenter, au vu de la hausse des effectifs. Les questions qui vont se poser vont donc être terribles à résoudre pour Saint-Denis, Le Port, Saint-Pierre et Le Tampon, les villes universitaires de La Réunion. Ont-elles le foncier nécessaire ? Ont-elles les ressources nécessaires ? Si ce n’est elles, la CINOR, le TCO, la CIVIS et la CC Sud vont-elles pouvoir les aider - financièrement parlant - essentiellement ?
Par ailleurs, si « les nouvelles résidences construites à l’initiative des communes ou de leurs groupements seront gérées selon des modalités que les communes ou leurs groupements détermineront », cela veut dire que chacune imposera ses prix, ses conditions d’accession au logement, ses critères d’attribution.... Est-on sûr, dès lors, que toutes les conditions d’égalité devant l’éducation, quand bien même il s’agirait de l’université, seront réunies ?
Des questions qui pourraient être soumises à la discussion. Et pourquoi pas lors du "débat sur l’école"....?


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