On ne peut pas ne pas y penser et encore moins ne pas traiter le sujet de la “peopolisation” rampante de notre société à cause de la fuite en avant des médias, de tous les médias sans distinction !
Alors que l’on aurait pu penser que la presse allait être en déliquescence avec l’avènement du Net et des gratuits, il semblerait que l’élection du Président Sarkozy ait donné un coup de fouet aux ventes des magazines. Théoriquement, on était en droit de penser, avec le renouvellement de la classe politique, que ce seraient les débats de société qui allaient faire la “Une” de toute la presse, mais voilà, c’était sans compter sur la proportion de notre président à exposer sa vie privée en pleine lumière. Les grands hebdomadaires qui, jadis, décortiquaient et analysaient les sujets politiques se sont pliés à la règle de la concurrence que leur font subir les magazines people, il n’est qu’à regarder les couvertures du “Nouvel Obs”, de “L’express”, du “Point” etc... pour se rendre compte que notre société dérive et que les quelques rares éditorialistes qui subsistent de l’âge d’or des grands médias d’informations ne résistent pas eux non plus à verser dans le “trash” pour faire vendre du papier !
Dans une édition de janvier 2008, le journal “La Croix” exposait quelques titres de “Unes” d’hebdomadaires nationaux pour étayer un sondage sur la “peopolisation”, notamment les couvertures suivantes : “Nouvel Observateur” : « L’énigme Cécilia » (2 août) ; « Octobre noir » (à propos du divorce, le 18 octobre). “L’express” : « Un couple à l’épreuve » (17 mai) ; « Sarkozy et les femmes » (12 juillet) ; « Le problème Cécilia » (13 septembre), pour terminer « Le président people ».
Le très sérieux hebdomadaire “Le Point” non plus n’est pas en reste avec ses “Unes” : le 25 octobre « La solitude du président », le 10 janvier « L’acrobate », avec en sous-titre : « Le style, Carla Bruni, les riches, le pouvoir » et en bandeau, « Exclusivité, les vérités de Cécilia ».
N’en jetez, plus la coupe est pleine ! Il semblerait que seul l’hebdomadaire “Marianne” échappe à cette course, et encore, de façon déguisée, la “Une” du magazine cette semaine fait encore mieux en voulant dénoncer ses confrères. “Marianne” met en couverture toutes les “Unes incriminées”, avec un titre qui est malgré tout racoleur « Politique, Médias, People : L’obscénité jusqu’où ? »  !
Alors jusqu’où ? Alors, qu’est-ce qui fait courir tous ces grands hebdomadaires où bons nombres de plumes renommées et acerbes ont sévi ?

Lorsque Pierre Lazaref trempait sa plume dans l’encrier, c’était pour écrire un papier pas un torchon ?

Si on se réfère au sondage qui a été effectué par “TNS Sofres” pour notre confrère “La Croix” les 16 et 17 janvier 2008, les Français jugent à 93% que les médias accordent trop de place à la vie privée de “N” ! Ainsi, la question revient en écho une nouvelle fois : Pourquoi cette débauche de Unes affriolantes et obscènes comme le sous-entend “Marianne” ? La réponse peut paraître osée et simple à la fois : Les Français sont des inconstants ! Ils aiment vouloir démontrer qu’ils sont intelligents, droits dans leurs bottes, qu’ils ne se laisseraient pas mener par le bout du nez avec des images racoleuses, et d’un autre côté, ils se précipitent sur les magazines qui délivrent en couverture la photo la plus “flashi”.
Des inconstants que je vous dis !! Il y a même un illustre Général qui avait été jusqu’à dire : « Les Français sont des veaux ». Ce grand personnage, c’était De Gaulle lui-même, c’est vous dire si cela remonte à des lustres ! Mais, du temps de l’homme du 18 juin, les journalistes faisaient du journalisme et les rédacteurs en chef n’avaient pas au-dessus de leurs têtes des Lagardère, Murdock, Rothschild ou autres fonds de pensions américains pour leur dicter la ligne éditoriale. En ce temps là, le “Boss”, c’était un patron de presse, pas un administrateur qui gère les ventes d’armes, les fusées, les autoroutes et des dizaines de publications !
Dans le temps lontan, comme on dit chez nous, lorsque Pierre Lazaref tempait sa plume dans l’encrier, c’était pour écrire un papier et non un torchon. De nos jours, les éditorialistes du samedi remuent la “merde” et n’hésitent pas à mettre leurs nez dans les poubelles, parfois même y plonger jusqu’au cou, afin de salir pour salir ! Ça fait vendre ça, coco !
Du temps où Jean-Jacques Servan-Schreiber, Françoise Giroud, André Gorz ou bien Jean-Daniel (du temps où il était encore un grand éditorialiste) faisaient l’actualité, ils n’avaient que faire de la concurrence des magazines people de l’époque, ils informaient et n’avaient cure de la couleur des petites culottes de madame machin ! Mais voilà, comme la quasi-totalité de la presse est entre les mains de patrons de grands groupes industriels et que « chez ces gens-là MÔssieur, on n’informe pas MÔssieur, on n’informe pas, non on compte ! », pour paraphraser Jacques Brel ! Alors, lorsqu’on sait, comme le fait remarquer justement notre confrère “La Croix”, dans la suite de son analyse de ce sondage, que la diffusion de la presse “people” est deux fois supérieure à celle de la presse d’information générale, vous pensez bien que dans la tête des dirigeants des grands groupes, cela ne fait pas “Bling Bling”, mais plutôt le bruit d’un tiroir caisse qui s’ouvre et se ferme, vous pensez bien que les yeux de Carla Bruni prennent immédiatement la couleur verte, celle du “Dieu dollar” !

L’effet boite de camembert

Doit-on rappeler que la diffusion de la presse “people” est deux fois supérieure à celle de la presse d’information générale ? En 2006, les Français achetaient 131 millions d’exemplaires de magazines people et seulement 81 millions de magazines d’information. Les comptes sont faciles à faire et nous ne sommes pas dans une société ultra-libérale pour rien. Du reste, notre Président lui-même nous le rabâche à tout bout de champ : « Le capitalisme, il n’y a que cela de vrai », dixit “N” le people ! Que faire pour s’approprier cette manne qui échappe à la presse “pure” ? C’est simple, soit faire comme Lagardère : investir dans les News et dans les torchons, c’est ce que l’on pourrait appeler “le gagnant, gagnant”, soit faire les poubelles de temps en temps pour augmenter le tirage ! Des fois, certains magazines un peu plus sincères tel “Marianne” par exemple dérape et pense informer en dénonçant en “Une” les dérives people des confrères, et cela nous donne le résultat de cette semaine. J’appelle cela “l’effet boite de camembert”, car ça me fait penser aux étiquettes de boites de fromages où l’on voit une crémière qui tient un camembert sur lequel il y a une étiquette où l’on voit etc, etc... Peut-être même que c’est ce que je suis en train de faire moi-même ! Alors, qui de la société ou des publications a commencé ? C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule, mais ce qui est certain, c’est que cela marche et que ça fait vendre des tonnes de papiers chaque semaine.
Les questions se posent : est-ce que ce monde est sérieux ? Doit-on confier le pouvoir à des “stars” amateurs ? Des amateurs de sunlight, devrait-on dire !

Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/

Il n’y a pas qu’en Métropole que la “peopolisation” de la société fait vendre

Ce vendredi, la presse “péi”, a voulu faire comme les grands. À la Une du “Quotidien”, on recommence avec la pauvre Miss France ! Lorsqu’on lit le titre, on pense tout de suite à l’acharnement, en tous les cas, si ça n’en n’est pas, cela y ressemble étrangement. Après les photos volées de Valérie Bègue dans le torchon “Entrevue” et suite au procès perdu, c’est un autre torchon qui s’y colle, il s’agit du magazine “Choc”, et devinez quoi, ces deux publications appartiennent au groupe Lagardère. Alors, lorsque notre confrère titre en Une “La vengeance de la presse poubelle”, on ne peut que souscrire, mais là où le bât blesse, c’est lorsque ce même quotidien emploie des méthodes similaires pour faire vendre. En effet, l’intertitre est libellé ainsi : « Après “Entrevue” déjà condamné à la suite de la plainte de Miss France, “Choc” publie des photos de Valérie Bègue dénudée », le tout accompagné de la couverture du torchon. Ben, mince alors ! L’histoire aurait pu passer si “Le Quotidien” ne s’était pas conduit comme “Choc”.
Lorsque que vous approfondissez l’affaire, vous vous rendez compte que seul la Une est dénudée, il ne s’agit en réalité que de repiquages d’une vidéo de jeunesse bien innocente où la pauvre Valérie n’a jamais été dénudée, tout juste si on devine que derrière ses mains, elle ne porte pas de haut de maillot de bain sur une plage ! Mais ce que je trouve véritablement dégueulasse, c’est le commentaire du journal du Chaudron qui juge bon de parler de photos « dénudées », alors que même “Choc” parle de photos « sexy » ! Où se situe la limite entre la presse à scandale et les journaux d’informations ? On est en droit de se poser la question.
Si “Le Quotidien” n’a trouvé que ce moyen pour refaire son retard sur son concurrent direct le “JIR”, ce n’est pas vraiment heureux ! Les confrères de ce journal sont souvent bien meilleurs que cela, et je vais effacer bien vite de ma mémoire cette maladresse. Quoi qu’il en soit, il y a des problèmes dans notre île qui méritent véritablement d’être traités en première page, qui requièrent bien plus notre attention, comme le problème des TOS par exemple. L’affaire Miss France mérite certes que l’on s’y attarde, mais tout de même pas en première page !
Ma conclusion ne mérite pas que votre journal favori la publie en première page, mais il faut tout de même avouer que l’acharnement que l’on met à détruire notre Miss est plus que suspicieux, car, enfin, tout ce qui est montré, ce ne sont que petites fadaises qui ne méritent pas toutes ces Unes assassines alors qu’il ne s’agit que de simples écarts d’adolescente amoureuse.
Moralité pour prévoir : Si tu as 16 ans, un beau petit minois, un corps de future Miss France, de l’insouciance à revendre et surtout un petit copain sympathique, assures-toi que lors de vos sorties, ce dernier n’a pas dans ses poches ou son sac à dos un caméscope, un appareil photo numérique ou bien une de ces petites merveilles qui sont censées être des téléphones et qui font presque tout, sauf faire la vaisselle et laver le linge, car dorénavant, les souvenirs d’amourettes passés ont vite fait de servir de monnaie d’échange pour de l’argent de poche facile !

Ph. T.