La cantonale partielle de dimanche a donné une très belle victoire à la plus jeune des candidats, Monica Govindin, 24 ans, candidate des "jeunes pour l’emploi". Une femme, issue des milieux populaires, dont la candidature a été soutenue par le Parti communiste réunionnais.
Avec une participation exceptionnellement forte pour une élection partielle (5.077 votants, soit 46,94% des inscrits), Monica Govindin frôle les 70% des suffrages exprimés en recueillant 3.220 voix (69,59%), laissant loin derrière le candidat de l’UMP, Alfred Murcy, qui avec 1.122 voix (24,25%) connaît un nouveau et sérieux revers depuis le dernier scrutin.
Sur les 17 bureaux de vote du 2ème canton, où sont inscrits cette année 10.815 électeurs, les autres candidats ont obtenu :
Bernard Mahé, 163 voix (3,52%) ; Émile Chane Tou Ky, 0 voix (il n’y avait pas de bulletins) et Ahmed Soudjay, présenté par Parnouminm, 122 voix (2,64%).

Participation plus forte qu’en 1998

L’élection d’hier était une partielle, comme l’avait été en 1998 celle qui avait envoyé Michel Séraphine au Conseil général, en remplacement de Pierre Vergès, avec une participation légèrement inférieure à 40% (3.776 votants, soit 39,73%).
En 2001, après la démission du syndicaliste de son mandat de conseiller général, Pierre Vergès s’était présenté une seconde fois dans ce canton qui l’avait déjà élu largement en 1998. Mais l’élection partielle de 2001 s’était déroulée dans le contexte des municipales et avait été "portée" par l’élection générale, ce qui s’est traduit notamment par une participation plus forte (64,85%), comparable à la participation de l’élection cantonale générale de 1998 (64,43%).
Les observateurs électoraux notaient hier soir qu’avec une participation moins forte - puisqu’elle n’atteint pas les 50 % - Monica Govindin a obtenu un nombre de voix presque équivalent à ce qu’avait obtenu Pierre Vergès en 2001 (3.283 voix).
Au cours des divers commentaires faits sur les radios, en attendant les résultats, ce type de comparaison cherchait surtout à donner l’image d’une mobilisation de l’électorat plus faible qu’en 2001. Nous venons de voir pourquoi.

« C’est extraordinaire »

En réalité, la mobilisation de l’électorat autour de la jeune candidate a été très forte, tandis que l’électorat d’opposition a été selon toute vraisemblance totalement démobilisé par la candidature d’Alfred Murcy. Plusieurs informations rapportées sur la campagne du candidat de l’UMP ont témoigné de l’utilisation de « méthodes du passé » condamnées hier soir par le maire du Port, Jean-Yves Langenier, lors de la conférence de presse improvisée dès que l’élection de Monica Govindin au 1er tour a été confirmée.
Dans une salle du 3ème étage de la mairie, Monica Govindin, Pierre Vergès, Michel Séraphine et Jean-Yves Langenier ont tiré les leçons de ce scrutin, dont la modestie apparente ne saurait faire oublier l’éclat politique et les messages envoyés.
« C’est extraordinaire » - nous a déclaré Michel Séraphine avant d’entrer dans la salle. « Arriver à mobiliser autant en si peu de temps ! Dans ce canton, Murcy disait déjà que le PCR avait "entamé son déclin". Et c’est tout le contraire. Aujourd’hui, c’est lui qui est en déroute ».
À la fois émue et radieuse, Monica Govindin a finalement lâché, sous une salve d’applaudissements : « Vous avez devant vous votre nouvelle conseillère générale ». Elle avait de quoi être satisfaite et a donné les chiffres définitifs de l’élection aux journalistes, rectifiant à leur intention les erreurs les plus grosses. « Plus de 46% de participation, dans une partielle, cela montre que la population est très sensible aux problèmes de l’emploi et qu’elle est aussi très mobilisée. C’est un signal envoyé au gouvernement dans ce canton par une population - des jeunes, des moins jeunes - qui s’inquiète de l’avenir », a-t-elle dit.

« Pour une autre politique de l’emploi »

« Certains essaient de nous voir à leur image. Nous ne récupérons rien », a poursuivi Pierre Vergès, en disant que le PCR veut envoyer, aux communistes d’abord et à tous, le message qu’il veut faire plus, pour tenir compte de deux éléments :
1/la jeunesse veut prendre toute sa place et
2/ le problème du chômage - que le gouvernement soit de gauche ou de droite - appelle des réponses en profondeur.
« Il y a un mouvement à amplifier pour une autre politique de l’emploi à La Réunion. Que les jeunes veuillent nous accompagner dans ce combat, nous les en remercions sincèrement » a-t-il ajouté. La nouvelle élue aussi a tenu à remercier « tous ceux qui ont participé à cette campagne, en particulier le PCR qui fait confiance à la jeunesse ».
Jean-Yves Langenier, en saluant « une très belle victoire sur un candidat du passé », a souligné que cette « victoire de la jeunesse » montre d’une part que « les jeunes veulent prendre part aux luttes » et d’autre part que « la population a saisi l’enjeu de cette partielle pour faire connaître ses priorités : une politique répondant à ses attentes en matière d’emploi ».

D’autres pistes

Même si ce n’est pas au Conseil général ou au Conseil régional que revient la compétence de l’emploi, il n’en est pas moins essentiel, a ajouté Pierre Vergès, que « l’ensemble des élus des deux assemblées et des collectivités locales se déterminent clairement sur la question de l’emploi à La Réunion ». Le PCR le fait depuis plusieurs années, a-t-il rappelé : en signalant, au moment du vote de la loi d’orientation pour l’outre-mer (LOOM), qu’il fallait « aller plus loin » ou en qualifiant de très insuffisante l’actuel projet de loi-programme et en proposant d’autres pistes.
Depuis 1992, les propositions du PDA (Plan de développement actif) soutenues par le PCR sont là pour appuyer une réflexion générale, encore beaucoup trop ignorée.
« Les jeunes vont dire ce qu’ils en pensent. Si ce problème n’est pas résolu, les élus seront écartés… », a conclu Pierre Vergès.
À la fin de la conférence de presse, tout le monde est descendu. Une foule d’amis et de sympathisants attendait dans le jardin. La nouvelle élue a reçu sa première ovation et a pris la parole au micro pour remercier tout le monde et tirer une nouvelle fois les leçons de ce scrutin.
Un défilé est ensuite parti à travers le canton, où un cortège - d’une ampleur qui a surpris les participants eux-mêmes - a serpenté de quartiers en quartiers.