Développement

Les propositions de Jean-Louis Rabou

Dans la recherche de solutions aux défis que La Réunion a à relever

11 mars 2003

Le sentiment que La Réunion se trouve dans une impasse et qu’elle est incapable de relever les défis qui se posent à elle aujourd’hui et demain ne cesse de se développer. Le débat engagé autour du projet de loi-programme dont l’insuffisance a été soulignée a permis de mettre ce sentiment en évidence. Après les acteurs économiques et sociaux, après de nombreux élus, Jean-Louis Rabou développe à son tour une analyse où il fait part de son scepticisme, pour ne pas dire son inquiétude ce qui le conduit à appeler à une « nécessaire révolution réunionnaise ».
Le rédacteur en chef du "Quotidien" part de deux données.
Il rappelle que la population active à La Réunion va passer de 300.000 à 400.000 personnes en moins de 15 ans. Il souligne ensuite que tous les plans ou projets que l’on a mis en œuvre jusqu’ici ont repris de « vieilles recettes », lesquelles « ont montré et n’en finissent pas de montrer leurs limites ». Le journaliste affirme donc que « seuls les menteurs ou les irresponsables peuvent espérer convaincre les générations du futur que les recettes actuelles pourront être d’un quelconque secours pour l’emploi, pour la dignité qui en découle ».
Faisant, en effet, de l’emploi la priorité absolue, Jean-Louis Rabou estime que « plus que des lois d’orientation ou des lois programme bon chic bon genre, qui jouent sur l’écume des choses, c’est une révolution qu’il faut. Une révolution de la mentalité politique ». Le rédacteur en chef du "Quotidien" appelle donc les Réunionnaises et les Réunionnais à « bouger ».
Implicitement, il considère que la question du statut ne doit pas constituer un obstacle sur la voie du développement. Citant le cas de la principauté de Monaco il écrit : « son statut - son autonomie - ne l’interdit pas de jouer les premiers rôles… dans le championnat de France ». En résumé, Rabou écrit que peu importe le statut, le principal étant que La Réunion soit « riche », « attractive » et « au travail ». Le rédacteur en chef du "Quotidien" estime que le moment est venu de faire appel à tous les « esprits inventifs ». Mais, compte-tenu du défi de l’emploi que La Réunion aura à relever, il avoue avoir peur d’être en train de « faire un mauvais rêve ».
Le patron de la rédaction du journal du Chaudron estime qu’il « est urgent, pour nos autruches politiques, de sortir la tête du sable et de cesser de bronzer du derrière. Urgent de plonger le nez dans le cahier des résolutions impopulaires. De ces décisions qu’il faut bien prendre quand toutes les autres ont échoué ». Il en cite principalement deux : la préférence régionale et la remise en cause de la surrémunération de la fonction publique.
Il oppose la première à une certaine forme de mobilité qui est « une honte quand elle prétend servir (que cela soit clairement avoué ou non) à réduire le nombre des demandeurs d’emplois ». Le rédacteur en chef du "Quotidien" cite, à ce propos, les chiffres du solde migratoire de ces dix dernières années.
Sur le deuxième point il écrit : « cessons de laisser croire que l’abrogation de la surrémunération serait un dispositif scélérat. Elle serait d’abord une réponse morale à un clivage public-privé qui n’a plus de sens ». « L’abolition des privilèges incitatifs issus d’un temps révolu aurait par ailleurs un effet bénéfique sur l’autre scandale : les prix », ajoute Jean-Louis Rabou.
Dans le débat ouvert dans la lutte contre le chômage et pour la recherche d’emplois, le rédacteur en chef du "Quotidien" veut que l’on accorde une « préférence » aux Réunionnais et que l’on revoie la question des salaires dans le secteur privé. Ces deux propositions restent limitées. Lui-même le reconnaît d’ailleurs.

Les solutions en vue de la création d’emplois peuvent emprunter d’autres voies : la consolidation du secteur marchand, le développement de l’économie solidaire, le coup de pouce à l’export, de nouvelles stratégies de coopération sinon de co-développement. La "préférence régionale" se pratique dans certains secteurs d’activités sans qu’elle ait été imposée : les personnes nées à La Réunion sont massivement représentées dans le monde des planteurs ou chez les ouvriers du Bâtiment, par exemple. De fait, sa mise en application là où elle pourrait être appliquée suppose qu’au moins une condition soit remplie : que la "préférence régionale" soit constitutionnellement admise. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Enfin, à propos de la remise en cause des "surrémunérations", on ne manquera pas de faire remarquer au rédacteur en chef du "Quotidien" que cette mesure ne s’accompagnera pas nécessairement de créations nouvelles d’emplois et qu’elle entrerait plutôt dans les plans de l’État qui souhaitent dépenser moins pour ses agents, en commençant par supprimer des postes actuellement existants.
Le débat est donc ouvert. Le sentiment que l’île est dans l’impasse l’impose. Renonçant à toute posture, Jean-Louis Rabou admet que le journaliste qu’il est ne peut plus se satisfaire du rôle de simple commentateur, mais qu’il doit jouer pleinement son rôle de citoyen, c’est-à-dire participer à la vie démocratique de la société dans laquelle il vit, faire part de ses propositions et ne plus se contenter que ces propositions viennent des autres.


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