Loi-programme

Les Réunionnais peuvent penser qu’ils n’ont pas été entendus

À la lecture du texte gouvernemental : un projet très très similaire à l’avant-projet

13 mars 2003

Certes, entre l’avant-projet de loi-programme du gouvernement pour l’outre-mer et le projet de loi-programme entériné hier matin par le Conseil des ministres à Paris, il y a quelques - petites, toutes petites - différences. Le tableau que nous proposons ci-contre permet de les appréhender.
On peut toutefois noter que le secteur des énergies renouvelables fait l’objet d’un article. On verra aussi que les petites et très petites entreprises n’ont pas été oubliées dans la défiscalisation. Ou que, diplomatie oblige, on ne dit plus qu’il sera "difficile" de plaider, à Bruxelles, l’inscription de certains secteurs comme éligibles au dispositif de défiscalisation, mais que cela devient "malaisé". Et s’il voit une numérotation différente des articles, le fond reste le même. Seule la forme donc a été revue. Des modifications marginales, qui ne sont pas de nature à changer l’appréciation que l’on avait de l’avant-projet : c’est insuffisant. Insuffisant pour répondre aux défis que va connaître La Réunion dans les prochaines années. Les dispositions contenues aujourd’hui dans le projet de loi ne permettront pas à La Réunion de s’engager dans la voie d’un développement solidaire.

Surdité

Le gouvernement n’aura donc pas entendu la voix des Réunionnais. Une voix unanime qui s’est élevée pour demander la prise en compte des problèmes, non seulement actuels, mais surtout à venir.
Au Conseil général, au Conseil régional, au Conseil économique et social régional, au Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement, à l’Université, chez tous les syndicats de travailleurs, au Comité de pilotage de l’industrie, au MEDEF, à l’ORPME, dans les chambres consulaires (agriculture, commerce, artisanat), dans la quasi-totalité des partis politiques.... il y a eu unanimité pour dire : il y a des bonnes choses, certes, mais ce n’est pas suffisant pour permettre à La Réunion de voir son avenir de façon plus sereine.
Le gouvernement est resté sourd aux appels réunionnais pour la prise en compte des défis auxquels l’île devra faire face dans les années qui viennent.
Sourd aux annonces faites par les uns ou les autres, qu’ils soient des élus, des responsables politiques, des représentants d’institutions... sur les conséquences qu’aura la progression démographique à La Réunion.
Sourd aux appels des emplois-jeunes qui souhaitaient voir le gouvernement prendre en compte leurs propositions.
Sourd sur la continuité territoriale : rien sur la prise en charge du coût des matières premières arrivant à La Réunion.
Sourd aux remarques, propositions, suggestions, amendements...

Impasse

La déception est grande, maintenant. La Réunion avait l’espoir de voir le gouvernement prendre en compte ses réalités. Il n’en a rien été. La ministre de l’Outre-mer s’en est expliqué lors d’une conférence de presse (voir par ailleurs).
Aujourd’hui, le sentiment d’être dans une impasse ne peut que se confirmer. Quel avenir pour les enfants, aujourd’hui en maternelle ou en primaire, lorsqu’ils auront atteint le baccalauréat ? Quel avenir pour tous ces enfants qui vont naître dans les décennies à venir ? À quel travail pourront-ils prétendre ?
Comment La Réunion pourra-t-elle sortir de cette situation d’impasse ?
Le projet loi va maintenant être soumis au Sénat (fin mai d’après le porte-parole du gouvernement) puis à l’Assemblée nationale (mais la date n’est pas encore fixée, selon la même source). Quelle va être l’attitude des parlementaires ?

« Reste à savoir si ce texte sera à la hauteur des enjeux »
Une agence de presse s’interroge...
Les dépêches des agences de presse évoquent les propos de Jacques Chirac, tels qu’ils leurs ont été rapportés par le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé. Ainsi, d’après Associated Press, le chef de l’État a estimé que « c’était l’honneur de la France que d’assurer aux collectivités d’outre-mer les conditions d’un développement de même nature que sur le territoire métropolitain. Il s’agit d’un texte très important pour l’outre-mer en ce qu’il exprime un effort de la nation sans précédent en faveur du développement économique et social de ces collectivités. Il donnera un nouveau souffle à l’activité et à l’emploi en dépassant les traditionnelles logiques d’assistance ». Le président de la République a aussi souhaité, a ajouté Jean-François Copé, que dans les mois qui viennent Mme Girardin et tous les ministres concernés « en assurent la présentation puis la mise en œuvre auprès de nos concitoyens d’Outre-mer » et il a salué « le travail interministériel très efficace » accompli par Mme Girardin.
La dépêche d’Associated Press poursuit : « Reste à savoir si ce texte sera à la hauteur des enjeux. Venu "vendre" ce projet de loi fin février à La Réunion, Jean-Pierre Raffarin a été confronté à une manifestation sans précédent de 6.000 à 10.000 personnes. Les Français d’outre-mer s’inquiètent de la disparition programmée des emplois-jeunes créés par le gouvernement Jospin ».
LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus