Culture et identité

Manifestations culturelles et plaidoyer pour un jour férié

Les Réunionnais d’origine tamoule se préparent à fêter l’année 5104

7 avril 2003

Le 14 avril prochain, dans une semaine exactement, nos compatriotes dont les ancêtres sont d’origine tamoule fêteront leur jour de l’an et entreront dans l’année 5104, l’année Subaanu, année du soleil. Une année qui commencera sous les meilleures auspices.
En effet, comme le fait remarquer Julien Ramin, pour la première fois à La Réunion, plusieurs associations culturelles s’unissent pour organiser toute une série de festivités à cette occasion, sous la présidence de la Fédération des associations et groupements religieux hindous et culturels tamouls de La Réunion.
« Un peu partout dans l’île, différentes associations organisent des manifestations qui se dérouleront du 11 au 30 avril », précise pour sa part Marc Cadivel, président de la fédération. Rien que sur Saint-Pierre, ce sont quatre associations qui ont uni leur effort pour donner à ce jour de l’an une ampleur particulière.

La danseuse Preethi Menon

Autour de l’association Maha Badra Karli, on retrouve l’association Marliemen de Grand-Bois, le temple de Casernes et l’association du temple de Shiva.
Partout dans l’île, les associations se sont mobilisées pour l’occasion. C’est le cas au Portail, à Saint-Leu, qui a concocté un programme alliant festivités culturelles, cultuelles et découvertes. Une manière, souligne Alain Mardaye, de s’ouvrir sur les autres composantes de la population réunionnaise et de mieux se faire connaître.
D’autres manifestations se dérouleront également au Port, à Saint-Paul, à Saint-Denis, à Saint-André et à Saint-Benoît.
Parmi les artistes qui se produiront en différents endroits de l’île, il en est une qui marquera certainement par sa présence et par ses prestations les festivités du jour de l’an tamoul. Il s’agit de la danseuse Preethi Menon, recommandée par l’association interculturelle de Pondichéry et la directrice de la plus grande école de danse du Sud de l’Inde.

Un jour férié pour le nouvel an tamoul

Mais ces différentes manifestations, qui sont également l’occasion d’échanges avec l’Inde, mettent en évidence deux problèmes particuliers soulevés par les responsables de la fédération. En premier lieu, les problèmes de visa pour les artistes. Samedi matin, Julien Ramin rappelait qu’après avoir déposé les demandes de visa depuis plus de trois semaines, c’est seulement vendredi 4 avril à 11 heures précises, que ces visas ont été accordés.
Autre problème mis en avant par Marc Cadivel, président de la fédération : que le jour de l’an tamoul soit reconnu comme journée fériée. « La culture indienne fait partie intégrante de la culture réunionnaise. Nous sommes Réunionnais avant tout et ce serait bien que les Réunionnais dans leur ensemble, s’approprient eux-aussi cette culture indienne », note Julien Ramin.
« Les manifestations culturelles tamoules prennent un essor important », relève Marc Cadivel. Et il poursuit : « Depuis des années, nous demandons aux autorités que cette journée du 14 avril soit fériée, et malgré nos interventions, nous n’avons toujours pas de réponses ».

« Manifester son mécontentement »

Le président de la fédération ajoute : « Pour cette année, compte-tenu de l’importance des manifestations prévues, j’interpelle en premier lieu le préfet et les directeurs des administrations pour qu’ils fassent preuve de souplesse à l’occasion de cette journée, vis-à-vis de nos coréligionnaires. De même, je demande qu’au niveau de l’Éducation nationale, les directeurs d’école fassent également preuve de souplesse pour les élèves qui seraient absents ce jour-là ».
Marc Cadivel avoue ne pas comprendre le silence des autorités face à la demande des Réunionnais dont les ancêtres sont d’origine tamoule et il signale que si d’ici la fin de l’année rien n’est décidé, la fédération ne manquera pas de « manifester son mécontentement ».
Le président de la fédération avoue comprendre d’autant moins ce silence qu’en 1997, l’évêque de La Réunion, Mgr Gilbert Aubry, s’était déclaré favorable à une redistribution des jours fériés accordés à la communauté catholique en faveur des autres communautés religieuses n’en bénéficiant pas. « Nous ne demandons pas une augmentation des jours fériés dans la législation française, mais une redistribution en faveur des autres communautés religieuses ».

An plis ke sa
Vœux de paix
5104, année Subaanu, année du soleil, astre du jour, élément essentiel pour la vie sur notre planète. « Ce que nous pouvons souhaiter à l’aube de cette nouvelle année, c’est que le soleil éclaire l’humanité toute entière. Chacun sait aussi que le soleil brûle. Alors, souhaitons que ses rayons incendiaires brûlent toutes les mauvaises pensées, toutes les mauvaises idées dans le cœur de ceux qui envisagent le mal. Au moment où nous vivons une guerre où des milliers d’enfants, de femmes, d’innocents périssent sous les bombes, nous souhaitons que le soleil éclaire les responsables de cette guerre et les incite à penser à la paix, à terminer cette guerre et à vivre en paix ». Voilà en quelques mots le message à faire passer au moment où chacun se souhaitera "Varusha pirapu", bonne année.
Artistes
Voici quelques artistes qui se produiront à l’occasion des festivités du nouvel an tamoul :

Preethi Menon, danseuse, lauréate de plusieurs prix de danses au Kerala, interprète de plusieurs rôles principaux dans des productions d’art dramatique de danse du Kalakshetra, entre autres.

T.K. Thiruchelwan, danseur, a participé à de nombreux festivals à travers le monde (Etats-Unis, Canada, Italie, Ghana, Inde, Sri Lanka…). Lauréat de divers prix.

Bama Viveswaram, danseuse vocaliste.

K.R. Venkatasubramaniam, musicien, s’est déjà produit dans notre île en 1997 et 1998 ; il s’est également produit à Maurice, en Thaïlande et aux Etats-Unis.

L. Nagaraju, musicien, violoniste.

Lynda Sellom, professeur de danses indiennes et chorégraphe réunionnaise.

Avec Tamij Sangam
Rassemblement des jeunes aux lazarets de la Grande Chaloupe à La Possession
À l’occasion du Nouvel An Tamoul 5104, à l’initiative de l’assocition Tamij Sangam, la jeunesse tamoule réunionnaise souhaite sensibiliser et alerter l’opinion publique sur le sort déplorable réservé à ce patrimoine historique que représentent les lazarets de la Grande Chaloupe.

En effet, c’est à cet endroit que les premiers engagés, notamment indiens, ont été parqués sans considération pour leur dignité, à leur arrivée à l’île Bourbon. « Par respect pour nos ancêtres, nous ne pouvons rester indifférents au triste sort de ces bâtiments qui tombent en ruines, sous l’œil indifférent des pouvoirs publics », affirme Tamij Sangam.

« Préservons ce lieu de mémoire ! Rejoignons le rassemblement pacifique organisé par Tamij Sangam au site des Lazarets les 11, 12 et 13 avril 2003, avec une présence permanente et de nombreuses activités 24 heures sur 24 », ajoute l’association.


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