« Messieurs les censeurs, bonsoir ! »

27 octobre 2007

De tout temps, les pouvoirs, quels qu’ils soient, ont toujours souhaité exercer une censure plus ou moins voilée sur toutes les activités humaines où la liberté individuelle entre en conflit avec des "intérêts collectifs". La première fois que la censure a été dénoncée avec éclat à la télévision, c’était dans l’émission "A armes égales" le 13 décembre 1971, où Maurice Clavel terminait une courte allocution, après la diffusion de son film qui venait d’être tronqué par un tonitruant « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ». Ce n’est pas pour autant que la censure a disparu de nos petits écrans, bien au contraire, à la censure s’est ajoutée l’auto-censure, ce qui, à mon sens, est encore plus grave. Souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, du travail de censure et d’auto-censure mené par presque tous les journalistes de la presse écrite comme des médias audiovisuels pour couvrir le discours des partisans du "non" au référendum sur le Traité constitutionnel européen ! Ce fut une des périodes les plus noires du journalisme français. Les médias réunionnais n’avaient pas fait mieux, souvenons-nous comment RFO organisa un débat complètement phagocyté de "A" à "Z" ! Et il n’y a pas si longtemps de cela, rappelons-nous les dernières campagnes électorales, ici même dans notre île, où les médias ont censuré les propositions du PCR et de bien d’autres partis. La censure, c’est la voix de la France dans les Départements d’Outre-mer, mais pas seulement ! Tenez, justement, voici un exemple de ce que peut faire la censure dans notre pays : Après des articles critiques sur le "Grenelle de l’Environnement, la Préfecture des Vosges a décidé de supprimer au journal "La Liberté de l’Est" l’accès aux informations d’Etat, concernant les pompiers, gendarmes ou policiers. La censure est partout et va se nicher parfois là où l’on s’y attend le moins. N’est-ce pas une forme de censure contre les Réunionnais ce qui se passe actuellement à RFO, avec le dévoiement d’un programme de divertissement qui donnait la parole aux citoyens de notre île dans une séance de moucatage sympathique menée de main de maître par Rocaya Toihiry. Là, c’est bien pire, car c’est de la censure par destruction interposée !
Un confrère, lui aussi chroniqueur Télé, a écrit un livre qui résume assez bien ce qu’est l’enfer de la censure à la Télé, et il explique qui sont ceux que l’on censure parce qu’ils ont le bon esprit de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ! Le livre s’intitule "Les Censurés de la Télé", et son auteur Frédéric Vignale commence ainsi cet ouvrage :
« Comme tous les libertaires, les jeunes chiens fous, les idéalistes épris d’un grand sens de l’équité, j’ai depuis l’enfance une sainte horreur de l’injustice sous quelque forme que ce soit.
N’étant pas a priori paranoïaque, ni convaincu qu’une théorie globale du complot régit le monde moderne, ne me sentant nullement la victime expiatoire d’aucune idéologie existante, je me croyais à l’abri de toute forme de censure tant ma croyance en la Justice de mon pays et à la démocratie française était forte.
Pourtant, un incident, bien qu’assez anecdotique, il faut bien le reconnaître, survenu le 29 septembre 2006 lors de l’émission de télévision "L’Arène de France" sur France 2, présentée par Stéphane Bern, a fait de moi, à l’insu de mon plein gré, comme disent les Guignols de l’info, un censuré.
Cet évènement a été le déclencheur d’une prise de conscience. Très tôt j’ai eu envie de dépasser mon cas personnel qui n’était pas bien intéressant pour nourrir une réflexion, j’ai commencé à faire des recherches et à interroger des personnalités très différentes sur ce thème ô combien porteur.
Le résultat de cette petite enquête au cœur de la Censure Télé et dans les Médias compose ce livre qui n’est ni un guide, ni un essai et en aucun cas un document à pendre pour argent comptant. Il fixe simplement une époque, une envie de comprendre certains phénomènes nouveaux, une vraie curiosité au monde ».
Je trouve que Frédéric Vignale, en plus du courage, a de la lucidité, car je ne suis pas loin de penser comme lui : Pour être un vrai chroniqueur Télé, il faut quelque part être un tant soit peu libertaire.
Que voulez-vous, on a chacun ses maîtres, et je préfère me calquer sur les pas de ce véritable chroniqueur Télé que sur ceux d’un Morandini qui n’est qu’un pseudo journaliste plein de rancœur d’avoir été jeté de la Télé. Souvenons-nous du battage médiatique autour du carnet Web de M. Morandini qui nous avait promis de nous donner les résultats des dernières élections en direct et en même temps que les sites des pays francophones qui sont frontaliers à la France. Eh bien, la baudruche s’est dégonflée au dernier moment, dès que les menaces de sanction se sont faites pressantes ! Alors, avec de tels chroniqueurs, la censure a encore de beaux jours !


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