Société

’Miss France 2002’ lapidée pour deux mots de travers

8 mars 2003

11 mars 2003

Certaines déclarations de Sylvie Tellier à la médiathèque de Saint-Denis, le jour du 8 mars - Journée internationale de la Femme -, ont choqué la bonne société dionysienne et un journaliste du "Quotidien". Quelle surprise !
Évidemment, elle y est allée fort la "miss" et, selon la formule consacrée, ses paroles ont largement dépassé sa pensée. Comment ne serait-elle pas favorable à la "parité", elle qui milite au sein d’un mouvement dont l’un des arguments forts dans le soutien aux femmes frappées par la sharia consiste à dire que les condamnations des tribunaux islamiques sont iniques parce qu’elles condamnent les femmes et pas les hommes qui les ont accompagnées dans leur "crime" ? La jeune femme s’en est expliquée plus tard auprès du Collectif, disant qu’elle avait voulu dénoncer une parité détournée en faveur de « la promotion des potiches ».
Dans le contexte, la jeune femme, fatiguée par le voyage, a dû subir des discours officiels « sans rapport avec la journée de la femme », dit pour sa part Monique Couderc, du Collectif "Réunion défense des femmes", qui qualifie le discours du maire de Saint-Denis d’« électoraliste et politicien ». Autrement dit, Sylvie Tellier ne serait pas la seule à avoir dit des sottises. Elle, au moins, a l’excuse de la jeunesse…
Après plusieurs "couches" de discours convenus et compassés, la "miss" a éprouvé le besoin de secouer le cocotier. Pas de quoi en faire un fromage et parler de « gaffe de l’année » comme le fait un journaliste du "Quotidien", gardien de la morale machiste et de l’hypocrisie ambiante. N’écrit-il pas que Miss France 2002 avait le droit de penser ce qu’elle veut, mais pas de le dire… ?! La belle morale !
Il faut dire qu’il avait donné l’exemple de l’hypocrisie lors de son passage à Sainte-Suzanne, en qualifiant de « corvée » son reportage sur le rassemblement de l’UFR.
Bonne fête les femmes ! Et surtout bonne fête les "Miss" auxquelles le journaliste du "Quotidien" n’épargne aucun poncif. Morceau choisi : « Choisir une Miss comme symbole de la femme et d’un combat en faveur d’une Nigériane injustement condamnée à mort n’était sans doute pas la meilleure idée qui soit… ».

« Sois belle et tais-toi »

En l’occurrence, le symbole de Sylvie Tellier est dans son engagement et pas ailleurs. Et de la part du Collectif, c’était une forme de pied de nez aux idées reçues et à la convention qui voudrait qu’une fois dans l’année - le 8 mars et pas un autre jour -, la célébration de la femme puisse donner lieu à un "féminisme officiel et autorisé", quand il est vilipendé le reste du temps.
Personne n’est dupe. Ce qui gêne la "bonne" société, c’est précisément le fait qu’une "Miss France" s’engage dans autre chose que des campagnes publicitaires - dont elle a par ailleurs largement profité. "Miss France" a voyagé gratuitement grâce à Air France (en classe tourisme) et séjourné au Novotel à l’invitation d’un responsable de l’hôtel. Mais sa présence dans l’île a été entièrement bénévole et militante, à l’invitation d’une association dont elle s’est sentie proche, et ne méritait pas la "lapidation" par un journal de la place. L’occasion était trop belle de la "ramasser" au premier faux-pas, et "le Quotidien" lui prête même des propos qu’elle n’a jamais tenus (sur l’absence de lapidation à La Réunion). « Sois belle et tais-toi », voilà l’obsession du journaliste !
La bourgeoisie a appliqué à Sylvie Tellier la même règle d’airain qu’elle édicte pour la jeune Monica Govindin, égérie de la lutte des jeunes pour leur emploi portée candidate dans le 2ème canton du Port : "ne sortez pas du rôle que la société vous assigne".

Lapidées au Nigéria, clouées au pilori chez les dominants du "monde libre", les femmes ont encore du chemin à faire. Sylvie Tellier en a pris de la graine et repart de La Réunion avec la pétition pour Amina Lawal signée par environ 4.500 personnes, selon Monique Couderc. D’après des observateurs de la justice nigériane, la jeune femme aurait de forte chance d’être acquittée et pourrait se rendre en France dans le courant de l’année 2003 en compagnie de Safiya Husaini, sa compatriote sauvée de la lapidation par une campagne internationale.


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