Religions et société

« Mourir et ressusciter pour l’harmonisation de notre société »

Le message de Pâques 2003 de l’évêque de La Réunion

22 avril 2003

Comme à son habitude, Mgr Gilbert Aubry a profité de son message pascal pour livrer un double message aux Réunionnais catholiques : un message religieux, destiné à conforter leur croyance, et un message social, pour leur rappeler que cette foi doit s’incarner - se réaliser, se vivre, se traduire - dans le fonctionnement de la société.
En effet, « notre foi n’est pas du folklore ! », écrit l’évêque de La Réunion, qui poursuit : « C’est un engagement quotidien à prier et à agir (…) en portant notre part d’humanisation dans la construction de notre monde, de notre société réunionnaise. Notre amour pour Dieu et notre amour pour le prochain sont inséparables. Et l’on ne peut pas tout faire ».
Et le chef du diocèse de poser la question : « Qu’est-ce qui est possible pour le bien de l’ensemble, afin que se dégage ce qui est meilleur, dans le respect de la dignité de chacun et de tous et que les jeunes générations aient davantage de chances de réussir leur vie ? »
Faisant référence aux textes religieux de l’Église catholique pour Pâques, Mgr Aubry plaide « pour la rencontre humaine, pour le dialogue, pour nos rencontres, pour l’harmonisation de notre société. Il ne s’agit surtout pas de se préserver en s’enfermant dans ses peurs par peur de regarder en profondeur ses comportements et ses idées. (…) Le dialogue commencé va plus loin. Les évolutions sont inespérées ».

« Ouvrons l’avenir »


Et l’évêque de souligner : « Le plus difficile c’est la rencontre et le dialogue. C’est de mourir à nos mauvaises habitudes et de ressusciter à travers une manière nouvelle de concevoir les relations humaines tout en ne trahissant rien des exigences de l’analyse des situations. C’est vrai à l’intérieur d’un couple et pour les membres d’une famille. C’est vrai pour nos communautés chrétiennes. C’est vrai pour notre société réunionnaise. C’est vrai pour la situation du monde. Le plus difficile est vraiment de mourir et de ressusciter. Contribuer à inventer des comportements constructifs, à chercher de nouvelles solutions, à mettre en forme de nouveaux modèles économiques, n’est-ce pas là aujourd’hui un des aspects essentiels de la mission des chrétiens ? »
Rappelant que « l’Église n’a pas de solutions spécifiques aux problèmes sociaux et économiques », Mgr Aubry affirme que ses membres ont « l’obligation de dégager du sens, d’exprimer une volonté d’enraciner les réalités locales dans l’aventure humaine à travers un choix de valeurs et de comportements ».
Citant un texte récent de la Commission diocésaine Justice et Paix et rappelant que ce sont les humains qui écrivent l’Histoire, l’évêque écrit : « Ne la figeons pas (cette Histoire) à travers nos peurs. Ouvrons l’avenir, dans la vigilance et la créativité. C’est même une question de légitime fierté réunionnaise puisque nous vivons ici ». Il cite également le pape Paul VI qui écrivait en 1971 : « Si l’être humain se laisse déborder et ne prévoit pas à temps l’émergence des nouvelles conditions sociales, celles-ci deviendront trop graves pour qu’une solution pacifique puisse être espérée ».
Mgr Aubry conclut en souhaitant que l’on applique ces paroles de l’ancien pape « à la situation globale de La Réunion » et « que les chrétiens partagent leur espérance avec les autres hommes et les autres femmes de bonne volonté. Que par le dialogue et l’exercice de leurs responsabilités à tous les niveaux, tous ceux qui vivent sur cette île puissent vraiment vivre humainement et fraternellement dans la concorde et la paix ».


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