Maison des civilisations

Ni évidence, ni génération spontanée

Non à la banalisation de « l’unité réunionnaise »

25 octobre 2003

Le débat sur les orientations budgétaires de la Région pour 2004 a dérivé, par la volonté d’une frange de l’opposition, vers un échange d’arguments polémiques contre le projet de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, défendu par d’autres élus de tous bords.
Les arguments les plus choquants, par leur degré d’inconscience -ou d’ignorance assumée ?- ont été ceux de la conseillère Réunion-France-Europe (UMP), Margie Sudre. Celle-ci a récusé l’utilité d’un équipement culturel d’envergure, pour la structuration de notre identité, parce que notre Histoire est trop courte pour qu’on puisse parler de civilisation, dit-elle en substance. « Les civilisations », dans le projet, font référence aux apports afro-malgaches, européens, indiens et chinois dont étaient porteurs les hommes et les femmes enlevés (de gré ou de force) à leur continent respectif. Pour parler d’unité en formation, il faut bien avoir "quelque chose" à unir : c’est ce que la MCUR veut mettre en évidence, en faisant ressortir la diversité de ces apports culturels, philosophiques, religieux, vestimentaires et autres… et en s’attachant à retracer sur trois siècles et demi -c’est court peut-être, mais c’est toute notre Histoire et elle ne mérite pas ce mépris- l’extrême diversité des processus de réunionnisation. Comment a fonctionné notre creuset ? ou comment n’a-t-il pas fonctionné ? Qu’est-ce qu’on partage et qu’est-ce qu’on ne partage pas ?
Ce sont autant de questions qui passionnent les Réunionnais, avec celles qui ont trait à la généalogie.
Il faut être singulièrement aveugle pour dire, comme l’a fait Margie Sudre, que « l’unité réunionnaise est une évidence ». C’est confondre un résultat à un temps T avec la complexité d’un processus traversé de multiples tendances, dont le produit à un autre temps T’ peut être complètement différent… si l’on ne veille pas à préserver cette unité. Combien de peuples apparemment « unis » ont sombré dans des guerres civiles ou interreligieuses et interculturelles ? L’unité ne procède d’aucune génération spontanée : elle est le produit d’un travail collectif, qui est une des missions de la Maison de l’unité réunionnaise.

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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