Musique

« Nou fé sak nou vé, kan nou vé, si nou vé »

Futur Crew au-delà de la polémique

27 septembre 2003

Futur Crew est l’un des seuls groupes de rap réunionnais qui passent à la radio. Nombreux sont les groupes de ce mouvement musical et urbain qui travaillent dans l’ombre à La Réunion. Puisque aujourd’hui Futur Crew est sous la lumière, ’Témoignages’ a voulu les rencontrer et vous les présenter au-delà de la polémique. Entrevue avec Roko, Konix, Dékapit J, trois gars de la cour Camélia, dans leur studio. Ugly style entertainement…

Ils habitent le même endroit. Tous touchent à l’image, au son, aux nouvelles technologies. Après une terminale F12 Arts Plastiques, il ont suivi des études à Village Titan.. « Nous on était là bas quand il y avait encore des animaux dans la cour, maintenant c’est un institut l’ILOI, les fous comme nous ne passent plus maintenant », estime Futur Crew. Dékapit J précisant que chacun est schizophrène, et qu’ils ne sont pas tout le temps les personnages de leur clips, même si ceux-ci s’inspirent de la réalité.
Le groupe compte une vingtaine de chansons à son actif, concoctées par Konix qui s’occupe particulièrement du son, de la musique, du mix. Trois clips sont passés à la télé et ils ont suscité la polémique. D’autres n’ont pas encore été diffusé et vont encore plus loin. Pourquoi cette polémique ? Selon Dékapit J « c’est à cause de notre façon de braquer la caméra sur le monde réunionnais. En général la caméra est braquée dans le sens que les gens veulent. Akoz toujours dans ce sens ? Pourquoi toujours montrer la kour négativement. Dans le clip "I mont i descend" la caméra de la société actuelle présenterait le personnage comme un zin. Nous on dit non, ce gars-là il apprécie : lu lé tatoué, li na son linét solèr, son baskét, son booster, lu aprési son vi... Nous parlons de notre réalité. Nous apportons l’image, le son et la vision. Notre rôle est de dire cette réalité. Notre rôle n’a jamais été d’éduquer la jeunesse, ou de faire du social ». Pour Konix, « chacun selon son éducation i interprète le zafér ». Futur Crew se félicite de n’être pas passé inaperçu, que les gens ne restent pas tièdes, qu’ils soient chauds ou froids.
Pour autant, précisent-t-ils, « nou fé pa la politik. Nou di sa va mal, i sa pété, nou donne le fait tel qu’il est. Nout trin lé primitif, si ou fé shiè anou nou koup aou. Mi di sak mi vé, mi fé sak mi vé, na pwin pérsonne pou di amwin ryin ».
Pourquoi cette rage ? Dékapit J nous explique leur parcours : « Nou ’avé léspoir, nou té voulé ékspoz dann mizé la di anou fuck you, nou té vé rant emploi-jeune, la di anou fuck you, la di anou asé fé la muzik, nou pérd nout tan. Astèr nou lé indépandan, nou sa pi filé.
Le réveil du Réunionnais est brutal, le peuple réunionnais est comme un volcan. Kan i pét i bril out ki. Le volcan Futur Crew a accumulé la lave. Kan i pét, eséy pa anbaré, toush pa. Fo nou va trouv la mer, pou kalm anou. Nous ne sommes pas sous contrôle. Bann group kom Ravane ousa i lé ? Té dir la vérité. Ousanousava la fine andormi, Alain Peters lé mort ».
Pour Futur Crew les textes sont « jolis mais abstraits », « plus comme avant » en tout cas. Il conclut : « Domoun i panss nou lé bann sinz, mé sak banna la pa vi sé k’nou sé bann King Kong ».


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