Social

« Nous avons voulu apporter une réponse locale à un problème national »

Bilan de la CGTR sur le mouvement de mai-juin dernier

22 août 2003

La CGTR a réuni la presse hier après-midi au sein de son siège dionysien pour établir le bilan du mouvement social avant la nouvelle rentrée scolaire et envisager les actions à venir.
Pour son secrétaire général, Ivan Hoareau, « on a entendu beaucoup parler d’échec mais il faut émettre un bémol ». Celui-ci analyse ces derniers mois de grèves comme le reflet d’un certain nombre d’insuffisances comportant paradoxalement des potentialités.
En effet, de mars à juin 2003, « il y eut une véritable prise de conscience de milliers de salariés dans les rues », affirme le secrétaire général de la confédération avant de reconnaître que « notre plus grand tort a été d’être dans les rues trop tôt et trop vite. Nous avons voulu apporter une réponse locale à un problème national », retire la CGTR de cette expérience sociale. « Quelque part nous avons été à côté de la plaque de la richesse de ce mouvement. Il aurait fallu aller en crescendo sur les revendications sans compter le décalage temporel que cela a donné sur le plan national », regrette le dirigeant syndical.
Malgré une solidarité constante et réelle, les membres cégétistes déplorent le mouvement se soit focalisé presque essentiellement sur la question du « transfert des TOS et de la décentralisation », laissant quelque peu aux oubliettes le dossier des retraites et surtout la loi-programme.
« Bien sûr qu’avec la décentralisation, les premiers visés étaient les TOS. Les enseignants ont relayé le mouvement en envisageant les choses sur le long terme pour leur situation. Mais il y a eu des difficultés d’extension du mouvement et les messages ont eu tendance à se brouiller », relève Ivan Hoareau.
Par ailleurs, la CGTR se défend d’avoir appelé à toute grève générale ou à toute radicalisation du mouvement ; « ce n’est pas la tasse de thé de la CGTR et c’est faire face à un manque total d’analyse », soutient le secrétaire général de l’organisation syndicale.

Rien n’est joué

Sur la question des retraites, la CGTR estime que « les dés ne sont pas jetés, lorsqu’on voit qu’une réforme a été aussi massivement rejetée par l’ensemble de la population ; la question des retraites n’est pas soldée ! ».
Les syndicalistes espèrent qu’avec la reprise des négociations des retraites complémentaires, le 9 septembre prochain, d’autres résurgences s’effectueront.
En matière des TOS, la CGTR rappelle la spécificité réunionnaise en essayant de lui apporter une solution locale : « nous avons toujours été contre l’application du traité de Maastricht. Contrairement où en France les TOS transférés à la Région ont un 13ème mois en perdant leur statut étatique, à La Réunion, c’est un tout autre cas… », indique le secrétaire général.
La deuxième insuffisance de la mobilisation que retirent les cégétistes, c’est « d’avoir étendu trop rapidement le mouvement au secteur privé sans s’assurer que tout le monde suivait dans le secteur public. Prenons le cas de la Fonction publique territoriale, elle était déjà décentralisée », admet Ivan Hoareau.

Les batailles à venir

Sur la base de ces analyses, comment se présentent les batailles à venir pour les cégétistes ? Après avoir constaté que « les organisations syndicales se sont posées la question de leur responsabilité » durant ces manifestations sociales, la CGTR dénonce « la posture idéologique du gouvernement ».
L’organisation syndicale compte se réunir dès samedi 30 août en Conseil confédéral, suite à son Conseil exécutif, afin de mettre au point les nouvelles missions à défendre. Ce Conseil confédéral constitue l’instance la plus représentative des structures de la CGTR.
Les attaques du gouvernement seront au menu principal, comme « la politique de privatisation, la machine de guerre de Raffarin. Le service public est un correcteur des inégalités sociales et la méthode bulldozer, brouillant les pistes et privilégiant le mensonge », fait dire à Ivan Hoareau qu’il s’agit là « du gouvernement le plus réactionnaire qui soit », parlant même « d’usurpation de la démocratie ».
Et de reprendre l’exemple du combat du Collectif Emplois en Danger et de la marche pour l’emploi la semaine dernière entre Le Port et Saint-Denis, comme d’une victoire face à une « attitude doctrinale gouvernementale. N’oublions pas que tout est quand même parti d’une lettre de la Direction du travail », rappelle le leader syndicaliste.

L’emploi et sur la réforme de l’assurance maladie

Aussi, les domaines de lutte de la CGTR porteront donc à la fois sur la politique de l’emploi et sur la réforme de l’assurance maladie. La CGTR mènera une grande campagne d’information au delà des salariés, voire à l’ensemble de la population, sur cette fameuse liste des 616 médicaments remboursés qu’à 35%.
« Parmi ces médicaments, beaucoup d’entre eux sont anti-allergiques. Quand on sait que d’après un sondage, près de 30 à 40% de Réunionnais sont atteints d’asthme ou de rhinite… », lance le secrétaire général.
La réforme de l’Inspection du travail où « la formation professionnelle se déroule dorénavant en dehors des heures de travail », selon Ivan Hoareau, est aussi une autre thématique retenue.

Interrogations pour la rentrée


Pour sa part, Jean-Marc Gamarus a abordé plus précisément la rentrée scolaire. Il constate « une certaine déception pour les TOS dans cette grande bataille » mais précise que « la combativité demeure ».
Dans cette optique, « l’application dérogatoire au niveau de l’exception » sera réitérée pour le dossier des TOS par l’organisation syndicale. À l’heure actuelle, une lettre a été envoyée au nom de l’Intersyndicale pour une future rencontre avec le nouveau recteur, espérant que le terme « continuité administrative » ne soit pas un vain mot.
« Il faut savoir que les TOS n’ont toujours pas reçu leur CAPA (commission administrative paritaire) par rapport à leur mutation. La date du 2 septembre sera capitale. Quant au volet des CES, aucune information n’a filtré sur le quota des CES dans les écoles, c’est le vide sidéral… », précise Jean-Marc Gamarus.
Lors de la prochaine rencontre avec le recteur, le volet du règlement des jours de grèves sera aussi discuté. Malgré une signature qui a fait tache d’encre dans les rangs de l’Intersyndicale le 15 mai dernier entre les membres de la CFDT et de la CFTC sur le plan des retraites avec le MEDEF, l’Intersyndicale se remettra sur les rails dès la rentrée prochaine pour avertir le gouvernement que le combat n’est pas terminé.

Préavis de grève dans la fonction publique jeudi prochain
Dans une lettre adressée hier au préfet, le secrétaire départemental de la FSU-Réunion a présenté « un préavis de grève reconductible des personnels de la Fonction publique de La Réunion, et en particulier de l’Éducation nationale, à partir du jeudi 28 août 2003 ».

Vincent Cellier rappelle que le souhait de son organisation « est bien de renouer le dialogue social (…) afin d’obtenir des réponses concrètes sur tous les dossiers laissés en suspens après les grèves d’avril à juin et pour lesquels la prise en compte des avis des organisations syndicales représentatives n’a pas été confirmée ».

La FSU précise qu’elle « reste fermement opposée à tout transfert des TOS vers les collectivités territoriales. La substitution des postes de MI-SE par la création d’assistants d’éducation est une dégradation considérable des statuts des étudiants-surveillants. Les projets de loi de "Modernisation des Universités" mettent gravement en danger l’avenir des formations du supérieur dans notre académie ».

Le SAIPER soutient la titularisation des employés communaux
« Les enseignants du premier degré côtoient tous les jours les personnels communaux utiles au bon fonctionnement des écoles », indique le SAIPER dans un communiqué diffusé hier, « dans les écoles maternelles le personnel de type ATSEM participe au développement d’une école de qualité qui permet d’intégrer les enfants les plus défavorisés et aussi ceux qui sont différents ». (…)

Le SAIPER constate que « ces personnels sont considérés recrutés non statutairement hors concours (…) ne bénéficiant de quasiment aucune progression de carrière, victime pour certains de la précarité du temps partiel imposé ».

« Nous soutenons ces personnels pour qu’ils obtiennent une vraie titularisation avec les mêmes salaires que les autres salariés de la fonction publique territoriale et non pas une pseudo intégration au rabais », affirme le SAIPER qui souhaite, « dans le cadre du CNFPT (…) l’ouverture de vrais concours externes et internes permettant le recrutement d’un personnel qualifié ». Par ailleurs, le SAIPER exige « qu’une vraie formation soit mise en place ».


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