Social

Plusieurs actions hier à Saint-Denis

Grève dans l’Éducation nationale

17 mai 2003

Le siège du MEDEF dans le fond de la rivière à Saint-Denis a été la cible de la colère des grévistes de l’Éducation nationale hier. Les manifestants ont bombardé le bâtiment d’œufs, de tomates, de farine et de papier toilette. Ils ont ensuite manifesté devant le siège du Service académique d’information et d’orientation (SAIO) situé rue Maréchal Leclerc.

Ce sont les propos tenus cette semaine en métropole par Ernest Antoine Seillières qui ont provoqué la colère des grévistes du service public d’éducation hier. Le patron des patrons a en effet condamné les grèves et les manifestations qui ont lieu actuellement dans toute la France contre les projets de loi de réforme des retraites et de la décentralisation.
« M. Seillières a dit que les manifestations appauvrissent la France, nous nous pensons que c’est la politique ultra libérale menée par le gouvernement sous la férule du MEDEF qui est à l’origine de l’appauvrissement de la France », commentait Éric Soret de la coordination Nord.
200 grévistes environ se sont rassemblés en début d’après-midi à la Redoute. Ils ont défilé jusqu’au siège de l’organisation patronale dans le fond de la rivière. Pendant que les employés du MEDEF baissaient à la hâte les volets des fenêtres et des portes d’entrée, les manifestants ont bombardé la façade d’œufs pourris, de tomates et de goyaves avariées, de farine et de papier toilette. Visiblement prises de court, les forces de police ne sont pas intervenues, seuls un agent et un officier étaient présents sur place.
Les manifestants ont ensuite pris le chemin du Service académique d’information et d’orientation (SAIO) situé rue Maréchal Leclerc. Sur place, un imposant cordon de policiers barrait l’entrée de la rue. Les manifestants n’ont pas insisté. Ils ont tout simplement contourné les forces de police en passant par le grand marché. Poursuivis par la police, des grévistes sont arrivés à entrer dans les locaux du du SAIO. Certains ont été expulsés manu militari par les policiers. Les autres se sont enfermés sur les balcons où ils ont été acclamés par leurs collèges restés dans la rue. La police n’a pas cherché à les faire descendre.
L’occupation des lieux a duré un peu plus d’une heure. Une partie des grévistes a ensuite voulu aller perturber la tenue du concours des professeurs écoles qui avait lieu au même moment au parc des expositions du Chaudron. La majorité des manifestants a rejeté l’idée. « Nous n’allons pas aller ennuyer nos collègues et risquer de diviser notre mouvement », disait un gréviste. « Comment allons nous expliquer aux parents que nous avons empêché les BTS de passer leurs examens alors que nous avons laissé les professeurs le faire ? », lui demandait un autre gréviste. Aucune réponse ne lui a été donnée et l’action n’a pas eu lieu.
Après avoir défilé jusqu’à la mairie de Saint-Denis, les grévistes ont prévu de se réunir en assemblée générale samedi matin afin de préparer la manifestation du lundi 19 mai.

Les examens perturbés
Les personnels grévistes de l’Éducation nationale ont multiplié les actions de revendications dans toute l’île hier. Dans plusieurs lycées, les grévistes ont empêché la tenue des épreuves du BTS. Des opérations escargots et des distribution de tracts ont été organisées sur les routes.

Très tôt hier matin, des grévistes se sont rassemblées devant l’hôpital de Saint-Pierre. Ils se sont ensuite installés aux entrées de la ville et ont distribué aux automobilistes des tracts expliquant leur opposition aux projets de réforme des retraites et de décentralisation.

Dans le même temps, des opérations escargots ont entravé la circulation sur plusieurs routes. À Saint-Benoît, au Tampon, à Piton Saint-Leu ou encore à Saint-Denis entre autres, les actions ont été beaucoup plus musclées. Les grévistes, professeurs et personnels non enseignants, soit ont envahi les salles d’examens où avaient lieu les épreuves du BTS, soit sont restés à l’extérieur en faisant un maximum de bruit pour empêcher les élèves de travailler. Les épreuves ont dû être annulées. À noter qu’au lycée de Bellepierre (Saint-Denis), les manifestants ont empêché la tenue des épreuves du BTS, mais ont laissé le concours d’entrée à HEC (haute école de commerce) se dérouler normalement. De même, les grévistes ne sont pas allés perturber le concours de professeurs des écoles qui avait lieu de 16 heures à 20 heures au parc des expositions du Chaudron.

Par ailleurs, 100 à 150 personnes se sont à nouveau rassemblées devant le rectorat à Saint-Denis, fermement protégé par les forces de police. La tension est même montée entre les grévistes et ceux qui souhaitaient se rendre sur leur lieu de travail.

Partout dans l’île, les grévistes ont prévu de se réunir en assemblées générales aujourd’hui pour préparer les manifestations du lundi 19 et du dimanche 25 mai.

L’Intersyndicale et la FCPE rencontrent le représentant de l’État
Engagement du préfet « à transmettre sur l’heure l’exigence des personnels et des parents au gouvernement »

Un communiqué diffusé hier par l’Intersyndicale CGTR, SGEN-CFDT, FO, FSU, UNSA nous apprend que les représentants de l’Intersyndicale et de la FCPE ont rencontré hier le préfet. « Ils l’ont interpellé sur l’aggravation de la situation et des risques encourus au niveau des examens devant le refus des pouvoirs publics de répondre aux revendications des personnels. Ils lui ont clairement signifié que l’exaspération des personnels en grève et la vive inquiétude des parents d’élèves exigent une réponse immédiate ».

Le communiqué précise que « le préfet s’est engagé à transmettre sur l’heure l’exigence des personnels et des parents au gouvernement ». Par ailleurs, il a été décidé que le principe d’« une rencontre lundi soir à l’issue de la journée nationale d’action a été retenu ».

En conclusion, « l’Intersyndicale appelle l’ensemble des personnels à se mobiliser massivement pour assurer le succès de cette journée d’action et obtenir du gouvernement le retrait pur et simple des projets de transferts ».

Comptage des grévistes par les gendarmes : le SNUipp/FSU vigilant
Un communiqué du SNUipp/FSU indique que « suite aux informations émanant du personnel enseignant sur le terrain, la gendarmerie procéderait actuellement au recensement des grévistes dans les écoles. Le SNUipp/FSU condamne fermement cette pratique et rappelle que conformément à la réglementation en vigueur le comptage des grévistes de l’Éducation nationale ne relève ni du ministère de l’Intérieur ni de celui des Armées mais est de la seule compétence de l’Éducation nationale. Le SNUipp/FSU demande aux directeurs et aux directrices de signaler la présence des gendarmes et des policiers dans les écoles aux inspecteurs de circonscription ainsi qu’aux représentants syndicaux qui feront le nécessaire pour alerter l’inspection académique et la préfecture sur le non-respect du droit ».
Réunions de la coordination Nord
L’assemblée générale de la coordination Nord Premier degré (Saint-Denis, Sainte Marie) se tiendra aujourd’hui à 10 heures à l’école des Lilas.

La coordination Nord (tous secteurs de l’éducation) se réunira ce matin à 11 heures à l’école des Lilas.

CGTR Équipement : Appel à la grève à la DDE à partir de lundi
La CGTR Équipement appelle l’ensemble de agents de l’Équipement à s’engager dans l’action et à faire grève à partir du lundi 19 mai 2003, pour les motifs suivants :

- La réforme de la retraite qui prévoit une pension au rabais et entre autre la suppression des bonifications des DOM (1 an tous les 3 ans)

- La décentralisation qui se traduit par la casse du service public en l’occurence celle de la DDE.

- La casse de la sécurité sociale

- La remise en cause des indexations des DOM (le 1.13 et les 35%)

Contre ce recul social, la CGTR Équipement demande aux agents de riposter en faisant grève la semaine prochaine.


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