Social

Plusieurs milliers de Réunionnais dans la rue pour les retraites et les services publics

À l’appel de l’Intersyndicale

4 avril 2003

Sous une pluie battante plus de 2.000 personnes ont manifesté hier dans les rues de Saint-Denis. À l’appel de l’Intersyndicale CGC, CGTR, SGEN-CFDT, UNSA, FO, FSU les manifestants ont protesté contre les réformes de la décentralisation et des retraites.

« Regardez ça, malgré la pluie nous sommes entre 3 et 4.000 à manifester. C’est dire si les gens se sentent concernés », commente Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, en montrant la forêt de parapluies qui descend la rue de Paris à Saint-Denis. De quoi satisfaire largement les syndicalistes réunionnais qui ont appelé hier à la manifestation contre « les projets du gouvernement qui mettent en cause les intérêts des salariés et des usagers des services publics ».
L’Intersyndicale revendique en effet le maintien du versement d’une retraite à taux plein dès 60 ans (après versement de 37 années et demi de cotisations) et s’oppose à toute « velléité gouvernementale et patronale » d’allonger ce délai ou de réduire le taux des pensions. « Nous ne laisserons pas le gouvernement porter atteinte aux droits des salariés », disait en substance, Ivan Hoareau, dans une courte déclaration devant la préfecture.
La réforme de la décentralisation est le second grand sujet de mécontentement des syndicats. Dans son projet, le gouvernement prévoit le transfert d’un certain nombre d’agents de la fonction publique d’État à la fonction publique territoriale - au Conseil régional et au Conseil général en l’occurrence. Ce sont principalement les agents IATOSS (ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers santé et sociaux) qui sont concernés par ces transferts. Selon l’Intersyndicale, l’administration en général et l’Éducation nationale en particulier vont souffrir de ces transferts. « À terme c’est inévitablement l’usager qui va en pâtir, car cette réforme s’apparente à un démantèlement du service public », affirmait devant la préfecture Gilbert Romain du SNAEN - UNSA.
Il soulignait ensuite que la manifestation de ce jeudi n’était que la première action d’une longue liste. « Dans tous les établissements scolaires, nous allons entamer une grève des standards téléphoniques et des transmissions des documents administratifs et si nous ne sommes toujours pas entendus par le gouvernement. Nous allons aussi boycotter l’organisation des examens, y compris celle du bac », prévenait-il. « Nous ne prenons pas les élèves en otage, nous voulons simplement nous opposer à cette réforme dangereuse pour l’avenir du service public », disait-il encore.
À la fin de la manifestation, l’Intersyndicale a remis en préfecture une motion reprenant l’essentiel de ses revendications.

Inquiétude dans la fonction publique
Les agents de l’État étaient mobilisés hier pour une journée de grève. Deux préoccupations principales : la décentralisation et ses conséquences sur le service public et l’avenir de leur système de retraite. Sur ce dernier point, l’inquiétude est d’autant plus vive que les fonctionnaires exerçant à La Réunion bénéficient de spécificités qu’ils veulent conserver.

Hier, l’Intersyndicale composée de la CGC, de la CGTR, du SGEN-CFDT, de l’UNSA, de Force-Ouvrière et de la FSU appelait à une journée de mobilisation en mettant en avant deux grandes revendications : opposition au projet de réforme concernant la retraite et refus du transfert vers les collectivités locales, dans le cadre de la décentralisation, d’une partie des agents de l’État. L’Intersyndicale était rejointe par la quasi-totalité des fédérations syndicales de l’Éducation nationale qui appelaient à défendre le service public.
C’est donc dans une configuration légèrement différente de celle de la France que les organisation syndicales réunionnaises se sont mobilisées. Dans l’Hexagone, la journée de manifestation d’hier était organisée à l’appel de Force ouvrière, de la FSU, de l’UNSA, de la CGT et de six fédérations de fonctionnaires (en fait, toutes, sauf celle de la CFDT). Dans certains endroits, la CFTC était associée aux arrêts de travail.
Les remises en cause qui pourraient concerner le système des retraites de la fonction publique à La Réunion - qui est le principal sujet de préoccupation - sont en effet bien plus nombreuses que celles qui pèsent sur la même fonction publique en Métropole.
Le gouvernement a décidé de faire du dossier de la réforme de la retraite une priorité. En principe, il devrait présenter à la mi-mai son projet de loi avec pour objectif de faire adopter la réforme des retraites avant la pause de l’été.
Un aspect de la réforme devra concerner les fonctionnaires avec un point sensible : la durée de cotisation.
Depuis la réforme Balladur de 1993, les agents de l’État cotisent pendant 37 ans et demi et touchent une pension calculée sur leurs six derniers mois de carrière, alors que les salariés du privé cotisent pendant 40 ans pour toucher une pension à taux plein.
Le gouvernement envisage d’aligner la durée de cotisation de la fonction publique sur le secteur privé. Ce qui préoccupe les fonctionnaires.
Or, outre-mer, le dossier de la durée des cotisations dans la fonction publique est plus complexe. Il y existe un système où 3 années de travail et de versements à la caisse de retraite équivalent à 4 années de cotisation. De fait, ils cotisent pendant un peu plus de 28 ans pour avoir droit à une pension de retraite à taux plein.
Enfin, La Réunion est le seul département d’outre-mer où les pensions de retraite des fonctionnaires sont majorées de près de 40%. Ce système n’existe pas aux Antilles ni en Guyane. Une fonctionnaire martiniquaise à la retraite a récemment engagé un recours auprès du Conseil d’État pour une extension de la disposition.
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