Culture

Portrait d’un « père de famille nombreuse »

Daniel Picouly à la médiathèque du Port

11 octobre 2003

L’écrivain Daniel Picouly était hier à la médiathèque Benoîte Boulard du Port, à l’invitation de la Fédération des œuvres laïques (FOL), qui pilote dans l’île le dispositif "Lire et faire lire" avec une dizaine d’écoles.
Daniel Picouly, auteur prolixe rescapé de l’école laïque et républicaine de la Seine-Saint-Denis (93) des années 50-60, est aujourd’hui un écrivain parmi la centaine de ceux qui, en France, soutiennent ce dispositif, destiné à faire aimer la lecture aux jeunes quels que soient leurs résultats scolaires. En sa qualité d’ancien cancre très vite relégué par ses maîtres du côté du radiateur, Daniel Picouly est la personne tout indiquée pour stimuler l’appétit de lecture des enfants. Il va en rencontrer beaucoup, durant son séjour avec la Fédération des œuvres laïques, représentée hier par Fabrice Boyer, secrétaire général (dans le rôle du prompteur) et Daniela Mellon, secrétaire.
La médiathèque, que dirige Dominique Enjalbert, avait sorti de ses rayons une dizaine d’ouvrages de Daniel Picouly, qui en a publié douze jusqu’à présent. Il a même expliqué hier qu’il était entré dans une saine émulation avec sa mère, émérite morvandelle ayant mis au monde treize enfants, dont le onzième de la série ambitionne d’être lui aussi, dans l’écriture, un "père de famille nombreuse". C’est en bonne voie. Ceux qui voudraient faire connaissance avec le personnage peuvent commencer par lire "Le champ de personne", (Flammarion, 1995), qui raconte l’enfance de l’auteur, dont le père était chaudronnier, dans une famille nombreuse, en banlieue ouvrière. Ce n’était pas son premier livre mais c’est celui qui l’a fait connaître au public, après un éloge radiophonique appuyé de Daniel Pennac. Hier, Daniel Picouly a parlé de ses premiers romans, en commençant par le commencement : celui qu’il a écrit à vingt ans, « sans ratures », persuadé que la "spontanéité jaillissante" de l’écriture pouvait tout faire.

"La lumière des fous" (éditions du Rocher, 1991 [*]) est un « roman noir, si noir que la "série noire" (de Gallimard -NDLR) l’avait refusé ». Erreur fatale rattrapée l’année suivante avec la parution de "Nec" (Gallimard, série noire, 1992), puis "Les larmes du chef" (Gallimard, série noire, 1994). "Le champ de personne" reçoit en 1995 le prix des lectrices de Elle et ouvre à l’auteur les portes de Flammarion et de sa collection jeunesse, où vont paraître plusieurs titres : "Cauchemar pirate" (1996), "Le lutteur de Sumo" (1997), "La coupe du monde n’aura pas lieu" (1998). Suivront "L’enfant léopard", enquête policière dans le Paris de 1793, (Prix Renaudot,1999), "Paulette et Roger" (2001)… Le jour où sa fille (6 ans) est rentrée de l’école en lui disant que ses copines « ne croient pas qu’il est un écrivain parce qu’elle n’ont pas trouvé ses livres dans la bibliothèque », c’était une telle injonction à écrire une histoire pour les petits qu’il en est résulté "Lulu Vroumette", l’histoire d’une tortue dont le deuxième titre doit paraître ce mois en France (le 20 octobre), toujours avec les illustrations de Frédéric Pillot. Les deux autres titres parmi ceux déjà parus sont "On lit trop dans ce pays", sorte de manifeste, illustré par PEF, pour le soutien à la gratuité des prêts dans les bibliothèques et "Vivement Noël", accompagnant des photographies d’auteurs (Willy Ronis, Robert Doisneau…).
Le message laissé par Daniel Picouly à ses interlocuteurs est que « chacun peut écrire des histoires, son histoire ». Il n’a aucune recette à donner mais pour ce qui le concerne, l’écriture est une épreuve physique à laquelle il s’entraîne tous les jours, à l’aide d’un vélo d’appartement. « La forme, ça s’entretient… » Et comme il ne serait pas étonné outre mesure de voir arriver « des contrôles de dopage dans l’écriture », il fonctionne « à l’eau minérale ». D’où il tient peut-être cette écriture si fluide qu’elle s’est jouée avec bonheur des guerres entre maisons d’édition, du « pouvoir de nuisance » de critiques atrabilaires et des journalistes guindés dans leurs copinages. « Pour un livre, rien ne vaut le bouche à oreille », soutient-il, d’expérience. Alors lisez-le, et parlez-en autour de vous.


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