Climat et environnement

Pour Paul Vergès, « nous entrons dans un siècle de grandes perturbations »

"Le Figaro" rend compte de l’installation du Conseil d’orientation de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique

19 mars 2003

Dans son édition de samedi dernier, le journal ’Le Figaro’ a consacré une large place à l’installation du Conseil d’orientation de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC), qui a eu lieu la veille à Paris. (voir ’Témoignages’ de samedi et d’hier) Le quotidien parisien souligne le rôle joué par le sénateur de La Réunion, Paul Vergès, dans la mise en place de cet organisme chargé de mieux connaître et faire connaître les mécanismes et les conséquences du changement climatique. On lira ci-après l’article de notre confrère signé par Caroline de Malet et paru sous le titre : « Le réchauffement sous haute surveillance », avec ses deux encadrés.

Il y avait déjà le Groupe international d’experts sur le climat et, au niveau français, la Mission interministérielle de l’effet de serre (MIES). Il faudra désormais aussi compter avec l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC), qui s’est réuni hier (vendredi 14 mars - NDLR) pour la première fois. Créé à l’initiative du sénateur de La Réunion Paul Vergès, qui en assume la présidence, ce nouvel organe a pour vocation de collecter et diffuser les informations et recherches liées aux effets du réchauffement en métropole et dans l’outre-mer.
« Nous entrons dans un siècle de grandes perturbations. Le problème, c’est d’essayer d’aller voir le plus loin possible et, dans ce domaine, le principe de précaution nous commande d’aller vite », a déclaré Paul Vergès en préambule à la première réunion.
« Il nous a semblé qu’il existe un fossé entre les résultats de la recherche et les hommes politiques, décideurs régionaux, qui ont à subir la pression des populations au lendemain d’événements graves », a-t-il poursuivi, en faisant allusion aux dérèglements du climat subis l’été dernier en Europe. Rattaché à la MIES, chargée de la prévention de ces phénomènes, l’ONERC aura pour sa part pour mission de mettre l’accent sur les mesures d’adaptation à prendre pour en limiter les conséquences dans les zones les plus vulnérables. Ses 26 membres, élus, représentants de l’administration ou chercheurs, devront élaborer des recommandations pour aider les collectivités territoriales en ce sens.
« L’accentuation de la sécheresse l’été pose déjà des problèmes de ressource en eau en période estivale. Il faut voir comment s’y adapter », explique ainsi par exemple Dominique Dron, présidente de la MIES.
Une fois constitué un Conseil scientifique et mis sur pied un réseau d’échanges d’informations, un premier colloque sera organisé à Paris sous sa houlette les 28 et 29 avril prochain, sur le thème "Réchauffement climatique et événements météorologiques extrêmes".

Le CO2, un rôle majeur
C’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf. Les périodes de réchauffement climatique constatées à la fin des cycles de glaciation sont-elles la cause ou la conséquence d’un afflux de gaz carbonique dans l’atmosphère ? Les scientifiques sont depuis longtemps persuadés du rôle actif du principal gaz à effet de serre dans ce processus de changement climatique. Une nouvelle étude réalisée par une équipe de paléoclimatologues vient conforter cette hypothèse, en la démontrant de façon plus précise. S’intéressant de plus près à la période de réchauffement intervenue voici 240.000 à 250.000 ans - baptisée "Termination III" - les chercheurs, parmi lesquels les Français Nicolas Caillon, Jean Jouzel [1] et Jean-Marc Barnola [2]ont analysé des échantillons de glace prélevés sur la base russe de Vostok en Antarctique.
À cent mètres de profondeur, la glace de la calotte polaire, accumulée depuis cinq mille ans, renferme des bulles contenant un air plus récent. « La difficulté, explique Jean Jouzel, est liée au fait que pour estimer la différence d’âge entre la glace et le gaz, il existe une incertitude de l’ordre de mille ans. S’il existe 300 ou 400 ans de différence entre la glace et le C02, il est impossible d’établir de façon certaine la séquence des événements, de savoir qui, du gaz carbonique ou de l’élévation de température, est intervenu en premier. »
Les scientifiques ont donc eu recours à une nouvelle méthode, jamais utilisée en Antarctique, pour apporter une réponse à cette question. La température de l’atmosphère et celle du dioxyde de carbone sont déterminées à l’aide de la composition des gaz contenus dans les bulles d’air, tels que l’azote et l’argon, grâce à leur composition isotopique, permettant alors une comparaison avec les variations du gaz carbonique. La séquence des événements ainsi reconstituée est la suivante : la température commence par s’élever en Antarctique, avant de gagner l’océan, 800 ans plus tard environ le CO2 augmente dans l’atmosphère, entraînant des grands changements climatiques. « Cela prouve que le gaz carbonique est un acteur du changement climatique », en conclut Jean Jouzel. Des conclusions toutefois cohérentes avec le fait que, parfois, une hausse de température précède l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
C.M.
Et, pourtant, le Groenland se refroidit
Le réchauffement climatique a beau être un phénomène avéré, il n’est pas uniforme. Tandis que l’ensemble du globe a connu un réchauffement moyen de 0,53°C, au Groenland, la température moyenne a baissé de 1,29 degré Celsius entre 1958 et 2001. Une équipe de scientifiques danois, Edward Hanna [3] et John Cappelen [4] s’est fondée sur les mesures les plus récentes des huit stations de l’île polaire pour parvenir à ce résultat. Pour eux, ce refroidissement est lié au phénomène atmosphérique de l’oscillation de l’Atlantique Nord (NAO), qui a un impact important sur le climat de l’Europe du Nord.
Certes, à la fin des années 90, on a assisté à un réchauffement temporaire au Groenland, mais, selon les chercheurs, cela ne remet pas en cause la tendance générale au refroidissement sur le long terme. Ce phénomène de refroidissement était déjà connu, mais pas avec une telle ampleur. L’agence spatiale américaine, la Nasa, avait en effet mesuré au cours des années 90, à l’aide d’avions équipés d’altimètres, que la calotte glaciaire du Groenland avait fondu jusqu’à cinq mètres par endroits en l’espace de cinq ans. L’information est loin d’être anodine : cette fonte de la calotte glaciaire de la plus grande île de la planète pourrait entraîner, dans l’hypothèse la plus pessimiste, une élévation de 6 à 7 mètres du niveau des océans.
C.M.

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