Quel avenir ?

Pourquoi il faut mettre en œuvre l’Agenda 21 de La Réunion

Un document important… et bien plus qu’un document

5 janvier 2004

Nos lecteurs, et l’opinion d’une façon générale, peuvent se demander parfois pourquoi "Témoignages" accorde tant d’importance à l’Agenda 21 de La Réunion et à la somme de ses préconisations. Un document - et les engagements qui vont avec - signé solennellement le 10 décembre dernier par l’ensemble des institutions réunionnaises (Région, Département, les deux conseils consultatifs et les trois chambres consulaires) mais aussi par l’État et par une grande société publique, Électricité de France.
Il faut, pour comprendre, s’interroger sur ce que représentent ces orientations, comment elles ont émergé des débats publics des dernières décennies et quels objectifs elles poursuivent.
On peut dire que les préconisations de l’Agenda 21 marquent la maturation d’une prise de conscience planétaire, manifestée lors du Sommet de la Terre à Rio (1992), que la voie de développement suivie et donnée en modèle par la minorité de pays qui dominent le monde est une voie dévastatrice voire suicidaire.

Une impasse planétaire

La société humaine est dans une impasse planétaire. Et elle est devant l’obligation de mettre en œuvre d’autres voies de développement que celles suivies jusqu’à présent. Parce que celles-ci ne peuvent pas durer sans entraîner de grands malheurs pour tous les peuples. C’est le contenu essentiel de la prise de conscience manifestée au Sommet de la Terre de Rio, il y a bientôt douze ans.
Mais une fois ceci posé, il faut encore donner un cadre concret à ces orientations et des axes cohérents à leur mise en application au niveau planétaire comme au niveau des continents, des États et des collectivités locales. C’est le sens des huit engagements retenus pour l’Agenda 21 de La Réunion. (voir "Témoignages" du 29 décembre 2003)
Il faut comprendre que ces huit engagements lient leurs signataires dans la mise en œuvre d’une série de mesures qui, ensemble, appellent à une remise en cause de tout ce qui, dans la situation actuelle, compromet le plus gravement la réalisation d’un développement durable.

« Le point de départ d’unions nouvelles »

"Témoignages" disait, en décembre dernier, que « la mise en œuvre d’un Agenda 21 par les forces vives du pays peut être l’occasion et le point de départ d’unions nouvelles en vue de l’édification d’une société plus juste et plus équilibrée ». C’est la donnée politique majeure de la signature intervenue en décembre dernier.
L’engagement des divers acteurs dans la réalisation de chacune des huit têtes de chapitre va tracer les axes d’un rassemblement des Réunionnais autour d’une politique dégageant les priorités pour l’avenir. Rappelons ces huit grands secteurs concernés :

- les changements climatiques,

- les déplacements,

- un nouvel urbanisme,

- les filières et métiers du développement durable,

- l’engagement des acteurs économiques,

- l’éducation populaire,

- le co-développement régional durable,

- les valeurs d’exemple à mettre en avant.

Un socle indispensable

Comme on le voit, ces orientations ne constituent pas des "revendications maximalistes" entraînant des bouleversements traumatisants pour telle ou telle catégorie sociale. Certains peuvent même les juger extrêmement modérées voire insuffisantes pour atteindre les objectifs vitaux proclamés.
Sans doute. Elles constituent toutefois un socle indispensable d’un nouveau contrat social, sans lequel les jeunes d’aujourd’hui et les enfants à naître connaîtront le pire. Car les générations d’aujourd’hui et celles à venir vivront des bouleversements fondamentaux au niveau de notre île et du monde sur les plans démographique, climatique, social etc…
Les orientations de l’Agenda 21 de La Réunion sont aussi le fruit d’un accord général entre les acteurs du développement, chercheurs, politiques, socio-professionnels, responsables associatifs…
Elles demandent également à être enrichies par les contributions de l’ensemble des citoyens, qui ont à s’approprier ces propositions afin qu’elles soient mises en œuvre.

Des conditions

C’est dire que la réalisation des orientations définies n’a rien d’évident. Elle suppose notamment une élévation constante du niveau de la conscience politique et du débat politique dans le pays.
Elle suppose aussi une information, une sensibilisation, une adhésion et une mobilisation - individuelle et collective - de tous les citoyens, de leurs représentants, de leurs groupements, des institutions comme de tous les détenteurs de pouvoirs. Dans le respect mutuel de leurs diversités, voire de leurs différences.
Sans ces conditions, il ne faudrait peut-être pas longtemps avant qu’on s’aperçoive que les engagements de l’Agenda 21 de La Réunion risquent d’être plus vite trahis que traduits dans les faits.
Mais là sont les nouveaux enjeux politiques pour l’avenir : voulons-nous un développement durable pour notre île et sommes nous prêts à faire pour cela toutes les remises en cause nécessaires ?


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