Paul Vergès : « Les choses se clarifient »

Interrogé par "Témoignages" au terme de la manifestation, le sénateur Paul Vergès a souligné que « La Réunion s’insère dans un mouvement mondial. On voit une solidarité complète de nos luttes - par les deux manifestations d’aujourd’hui, à Saint-Denis et à Saint-Pierre - avec celles du monde. Le mot d’ordre est maintenant "Arrêtez le massacre". Il suffit de voir la télévision tous les jours. Les premières victimes, sont là, nombreuses déjà. Partout dans le monde s’exprime une même opposition et la volonté que ça s’arrête le plus vite possible ».
Pour le président du PCR, « sur un point en particulier, les choses se clarifient. Les partisans de l’agression voulaient faire croire que les pacifistes étaient solidaires avec Saddam Hussein. Tout le monde voit aujourd’hui que cette solidarité va au peuple irakien et que nous voulons la paix pour l’Irak, contre son dictateur ».
Le président du Conseil régional ajoutait : « Pour La Réunion et pour l’avenir, c’est un atout considérable que de se sentir partie prenante d’un grand mouvement pour la paix ».
Pour Paul Vergès, « certains, devant le déluge de bombes et de feu montré par les télévisions, peuvent être tentés de se laisser aller à la résignation : "à quoi bon ?" ». Mais-dit-il, « rappelons-nous la guerre du Vietnam : il a fallu les massacres de Mi-laï, les bombardements de Hanoï et les dégâts de "l’agent orange" pour que les campus se soulèvent partout… plusieurs années après le début de la guerre. Là, les protestations ont commencé avant, dans le monde entier. Elles vont devenir plus fortes et plus efficaces ».

Autres réactions.

Huguette Bello : « Une belle diversité dans l’unité… » La députée réunionnaise se « félicite du succès de cette manifestation. C’est une bonne mobilisation et une fois de plus, les Réunionnais ont montré qu’ils sont contre la guerre, même si tout le monde n’a pas pu venir. C’est une manifestation qui montre une belle diversité : dans les générations présentes, les choix politiques ou philosophiques et religieux des uns et des autres… Très tonique également, elle donne une belle image de l’unité réunionnaise ».

Raymond Lauret : « Un profond dégoût » « Je suis là parce que je ressens un sentiment de profond dégoût », affirme Raymond Lauret, conseiller régional et premier adjoint au maire du Port. « Je n’ai aucune envie de regarder la télévision, surtout pas les reportages sur cette "Busherie". Je n’ai aucune envie de voir les évolutions de ces hordes qui oublient qu’ils sont des humains. Ça se résume en un mot : dégoût ».

Élie Hoarau : « Il faut un contrepoids mondial » Pour le secrétaire général du PCR, « la guerre risque de durer, avec tous les bouleversements que cela entraînera. Et l’opinion mondiale a son mot à dire. Il faut que cette opinion s’exprime. On sait bien que ce ne sont pas une ou deux manifestations qui vont arrêter la plus grande puissance mondiale dans ses actions actuelles. Mais cette puissance va vouloir continuer à imposer son point de vue et il faut un contrepoids mondial. Tôt ou tard, ces manifestations pèseront », conclut Élie Hoarau.

Idriss Issop-Banian : « Les peuples ont choisi la paix » Idriss Issop-Banian, porte-parole du groupe inter-religieux affirme : « Notre groupe est profondément attristé par les premiers massacres de populations civiles. Nous sommes là pour exprimer notre indignation et pour que les choses se réactivent au niveau de l’ONU. Nous souhaitons tous une sortie de crise dans le respect du Droit international : la vraie paix passe par le dialogue et le respect du droit ». Il ajoute : « Nous pensons aussi que l’humanité est à un tournant de son histoire : va-t-on encore vivre un siècle sanglant comme celui qui vient de finir ? Ou va-t-on transmettre à nos enfants un monde de paix ? Les peuples ont choisi la paix. Mais nous craignons que la situation présente conduise à un désordre mondial durable, si on ne met pas fin à cette invasion américaine ».

Céline Lucilly : « Encourager la diplomatie française » Céline Lucilly est la présidente du Collectif "La Réunion contre la guerre, pour la paix". Pour elle, « si le monde entier désapprouve Georges Bush, il faudra bien qu’il s’arrête. Il faut encourager le président Jacques Chirac et la diplomatie française et internationale à remettre en avant les lois de la démocratie et du droit international. Le pouvoir et la force ne doivent pas primer sur la justice et sur le Droit ».

Patricia Hoarau : « Il faut maintenir notre solidarité » Pour l’élue dionysienne Patricia Hoarau, « il ne faut pas baisser les bras. Il faut que le président Chirac maintienne sa position et l’usage éventuel du droit de veto. Cette guerre est atroce et on y assiste en direct. Mais notre souffrance n’est rien à côté de ce que vit la population d’Irak. Il y aura un après-guerre et il faut maintenir notre solidarité. Il nous faut aussi la force d’apporter la paix ».

Paul Junot : « Une réaction de révolte » Paul Junot est venu à la manifestation en tant que syndicaliste. Il déclare : « J’ai une réaction de révolte devant la violation du droit et le massacre des populations civiles. Les Américains mettent d’énormes moyens pour la protection des puits de pétrole. Dans les premiers moments, l’émotionnel l’a emporté : cette façon de mettre la guerre en spectacle est révoltante ».

Zakir Houssen : « Rien ne justifie l’intervention armée contre l’Irak » Zakir Houssen milite au sein de l’Association Réunion-Palestine Solidarité. Pour lui, « ce qui nous importe est le traitement global de la crise au Moyen-Orient, et elle n’a pas commencé avec la guerre. Au regard des résolutions de l’ONU, de nombreux pays sont dans l’illégalité, mais un seul est confronté à une « guerre préventive » des Américains contre une supposée menace. Ceci, alors que les Américains avaient critiqué, en 1935, l’expédition "préventive" de l’armée italienne en Éthiopie, ou encore Pearl Harbour, qui provoqua l’entrée des États-Unis dans la Seconde guerre mondiale ». Il ajoute : « Dans la mesure où une mission de l’ONU pour le désarmement est arrivée à la conclusion qu’un désarmement était possible, rien ne justifie l’intervention militaire. Aujourd’hui, les États-Unis sont en porte-à-faux avec toutes les lois internationales ».

Hervé Lauret : « L’avenir de nos enfants est en jeu » Hervé Lauret est président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Il affirme que « la FCPE s’associe à ce rassemblement parce que l’avenir de nos enfants est en jeu. Nous nous opposons au fait qu’un pays, qui se dit champion des droits de l’Homme, aille envahir un autre pays, pour maintenir sa position hégémonique dans la région et dans le monde. Ce sont les innocents qui en paient le prix fort ».

Les artistes contre la guerre : « Ninport kèl koté : la pé, la pé ! » Un groupe d’artistes réunionnais - gens du théâtre, musiciens, poètes et écrivains - a défilé contre la guerre. Chantant et rythmant les slogans ou inventant les leurs, dans une émulation créatrice rondement menée par Lolita Monga et Arnaud Dormeuil, entre autres joyeux lurons, ils et elles ne sont pas passés inaperçus. « Liberté pour le Kurdistan », « Ninport kèl koté : la pé, la pé ! » « Bush, Boush, bouz de la, don ! » (et quelques variantes, comme « Bush out k… », ou « Bush…on gratiné ») sont quelques-uns des mots d’ordre entendus dans leurs rangs.