Emploi

« Qu’on dise la vérité aux jeunes ! »

Des aide-éducateurs reçus par la députée Huguette Bello

12 septembre 2003

La rentrée qui s’opère ces jours-ci est marquée par la substitution de 20.000 aide-éducateurs par 16.000 assistants d’éducation, compte non tenu des maîtres d’internat et autres conseillers d’éducation. Dans ce contexte, une dizaine de jeunes originaires de Saint-Paul et Saint-Leu, aide-éducateurs en attente d’un poste d’assistants d’éducation, ont rencontré hier Huguette Bello, au siège de la députée de la deuxième circonscription, en compagnie de Jean-Hugues Ratenon, du "Collectif Emplois en Danger".
Pour Huguette Bello, dans le rappel qu’elle a fait devant les jeunes de cette bataille à épisodes, il est clair que « le compte n’y est pas ». Après la bataille des jeunes dont le contrat prenait fin en juin dernier, 4.000 postes d’assistants ont été rajoutés par le gouvernement et dans notre île, 616 jeunes ont obtenu un contrat à ce moment là.
Mais d’une part, ce nombre reste insuffisant pour prendre le relai du travail accompli jusqu’à récemment par les 1.600 aide-éducateurs en poste à La Réunion ; d’autre part, c’est « bien maigre », a noté Huguette Bello, au regard des 3.700 demandes faites par des jeunes en attente d’un emploi.

Seulement cinq classes de C.P. dédoublées

« Lors d’une réunion en préfecture, on nous a annoncé 416 + 30 postes d’assistants d’éducation, soit 446 postes à plein temps pour la rentrée à venir », a poursuivi Huguette Bello devant les jeunes. Les autorités ont rappelé, lors de cette même réunion, que les emplois à plein temps (23 heures par semaine) iraient prioritairement aux aide-éducateurs et aux étudiants boursiers qui en feraient la demande. Mais les jeunes ne savent rien de la façon dont seront répartis les postes - à temps plein (23 heures) ou à temps partiel (14 heures) - et les informations qui circulent sur le nombre de postes effectivement alloués à La Réunion (parmi les 4.000 postes supplémentaires) sont très controversées.
Les syndicats disent qu’il n’y en aura pas plus de dix… « Dans la lutte contre l’illettrisme, 2.000 classes de CP vont être dédoublées sur l’ensemble de la France », a encore dit la députée du Rassemblement. Mais le nombre de classes CP dédoublées dans notre île serait dérisoire : cinq seulement.

« Ça ne fait pas le compte »

Toujours pour tenter de répondre aux inquiétudes des jeunes, la députée leur a transmis l’information selon laquelle 202 assistants d’éducation seraient nommés dans les seize circonscriptions académiques. Il s’agirait d’une « première vague », qui serait suivie par une autre en novembre.
« Ça ne fait pas le compte », a constaté la députée en rappelant devant la délégation la nécessité d’un effort beaucoup plus important, dans notre île, pour mettre les moyens à la hauteur des besoins.
Cela témoigne surtout du flou laissé autour d’une information qui concerne au premier chef plusieurs milliers de jeunes, si l’on se réfère 3.700 candidats inscrits depuis la fin de la précédente année scolaire.
La députée a conclu son intervention par un appel à plus de transparence des informations. « Il serait au moins normal que l’administration s’adresse aux assistants d’éducation, qu’elle fasse le point sur le nombre de demandes. Qu’on dise la vérité aux jeunes ! », a dit Huguette Bello.

« Une stratégie de flou total »

Les rares informations dont les jeunes ont été destinataires confirment la maigreur des affectations par rapport aux besoins. « Dans la circonscription de Saint-Paul II, nous étions 38 aide-éducateurs ; on s’apprête à n’en reprendre que 11 », dit une jeune femme. Dans ces conditions, si en plus « i fé triaz », comme l’a dit une autre, comment s’étonner du désarroi des jeunes ? Et de leur colère devant les techniques utilisées (sur Internet, par exemple) pour laisser de côté certaines candidatures : en vertu de quels critères ?
« Les chefs d’établissement nous connaissent déjà puisque nous avons travaillé plusieurs années avec eux ; pourquoi alors certains appellent-ils pour nous convoquer à un "entretien d’embauche" ? Ils savent qui nous sommes, comment nous travaillons ! » s’est indignée une autre.
Jean-Hugues Ratenon, du Collectif Emplois en danger (voir encadré), a dénoncé « une stratégie de flou total pour décourager les jeunes » ou pour désamorcer le mécontentement.
Huguette Bello a proposé d’appuyer une demande de rendez-vous à l’Inspection d’Académie.

Le Collectif Emplois en Danger : « les chômeurs doivent se faire entendre »
Présent aux côtés des aide-éducateurs, Jean-Hugues Ratenon, président du Collectif Emplois en Danger (C.E.D.) a lié les deux problèmes posés par les choix gouvernementaux en cette rentrée. « Le problème de l’emploi et celui de l’éducation sont liés. Si on a une éducation au rabais, il y aura des répercussions sur l’emploi », a-t-il dit. Et dans l’immédiat, les jeunes posent plusieurs problèmes en rapport avec la qualité de l’éducation et de l’école publique.
Le matin même, le C.E.D. a participé à une rencontre organisée à la demande de la CFDT qui, après des propos malheureux de syndicalistes à l’encontre des organisations de chômeurs, a souhaité "calmer le jeu". Une dizaine d’associations était représentée face à Axel Zettor, secrétaire général de l’URIR-CFDT, au siège de l’Union syndicale (voir l’article sur le compte-rendu de cette rencontre par Jean-Pierre Técher, responsable du CLE).
Selon Jean-Hugues Ratenon, la rencontre a surtout donné lieu à un dialogue de sourds, la CFDT réaffirmant son soutien à la réforme de l’assurance chômage - qui va toucher environ 10.000 Réunionnais - et maintenant des jugements de valeur négatifs à l’encontre des associations de chômeurs, jugées « non représentatives » par le syndicat.

Le dialogue, quoique courtois, a dû être assez chaud. Mais surtout, il n’a débouché sur aucune avancée significative, bien que les chômeurs manifestent à des degrés divers un intérêt pour « travailler ensemble, sans s’attaquer, sans s’insulter », comme l’a exprimé Jean-Hugues Ratenon.
« Les chômeurs sont conscients que les syndicats ont plus de facilité qu’eux pour mobiliser et qu’il y a encore du travail à faire pour se faire entendre », a ajouté le responsable du CED.


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