Emploi

Quels emplois ? quels métiers ? dans quels secteurs ?

Les opportunités et catégories d’emploi d’ici 2010 à La Réunion

17 avril 2003

Le comité de pilotage du CARIF-OREF de La Réunion et le CEREQ avaient organisé le 27 mars dernier, trois conférences-débats autour du thème ’À la découverte des métiers’. L’une des conférences, celle de Guy Lemarié, chargé de mission à l’OREF, était extrêmement intéressante. Elle traitait de « l’évolution prévisible du marché du travail à La Réunion et en métropole ». Synthèse de l’intervention du chercheur.

Le groupe "Prospective des métiers et des qualifications", constitué par le Commissariat au Plan à la demande du Premier ministre, a remis en décembre 2002 le rapport "Avenir des Métiers". Il évoque les effets, à moyen et à long termes, des évolutions démographiques (renouvellement des professions et dynamique du marché du travail), des évolutions technologiques (l’influence des TIC sur les métiers), de la mobilité (nature des mobilités professionnelle et déterminants des trajectoires individuelles), le tout s’appliquant à la structure des emplois et des métiers.

Il s’agit donc d’« éclairer le champ des possibles en matière d’évolution des ressources en main d’œuvre sur les plans quantitatif et qualitatif ». Le groupe de travail a bénéficié des travaux conduits par la DARES et la DPD. Et les informations données par le groupe sont, pour la plupart, extraites de ces travaux.
Les opportunités d’emploi en France d’ici 2010 vont dépendre de 4 grands types de facteurs : "internationaux", "socio-techniques, politiques et comportementaux", "croissance du PIB" et "démographiques". Il en va de même pour La Réunion, explique Guy Lemarié.
L’auteur apporte néanmoins quelques précisions quant aux chiffres qu’il donne pour La Réunion : « Les informations contenues dans les tableaux concernant les estimations d’opportunités d’emploi sont à utiliser avec les plus grandes précautions qu’il s’agisse de La France entière ou qu’il s’agisse de La Réunion : elles peuvent être inférieures aux hypothèses basses comme supérieures aux hypothèses hautes. En effet, les estimations sur les opportunités offertes par les départs en retraite dépendront des mesures gouvernementales, législatives et/ou contractuelles qui pourraient être prises sur l’âge de la retraite, le nombre d’années de cotisations, l’alignement du public sur le privé, la part des remplacements… De même, les estimations concernant les créations nettes d’emploi dépendront des événements internationaux, du prix du pétrole, du taux de croissance etc., etc. ».

Quels métiers demain ?

Le travail de Guy Lemarié a donc porté sur l’étude des 10 groupes de métiers avec la plus grande proportion d’actifs de plus de 50 ans. Des futurs retraités donc.
Ce travail souligne le fait que certains secteurs d’activités, ou groupes de métiers, vont connaître dans les 10 ans à venir, une "perte de leur effectif", perte prévisible, en fonction de l’âge. Ce qui pourrait donc être un premier "indicateur" des métiers à pourvoir dans les années à venir (Voir le tableau n°1 "Les 10 groupes de métiers").
Une étude qu’il a élargie aux 20 groupes de métiers, avec les plus forts effectifs d’actifs de 50 ans et plus (Voir le tableau n°2). De ces deux tableaux découle le troisième : "les estimations des opportunités". Ce qui est, malgré toutes les réserves formulées par Guy Lemarié, un excellent indicateur de ce que pourrait être le marché du travail à La Réunion d’ici 2010.

Préconisations

Au vu des éléments chiffrés (voir le tableau n°3), Guy Lemarié et le groupe "Avenir des métiers" émettent certaines propositions. En premier lieu, « augmenter les ressources en main-d’œuvre par le relèvement du taux d’emploi ».
Deuxième préconisation : « Poursuivre les investissement de connaissance dans 3 domaines : l’évolution des mobilités professionnelles et liens avec mobilité géographique ; suivi de l’évolution du contenu en lien avec la VAE (validation des acquis de l’expérience), des métiers en termes de qualification et de compétences ; l’approfondissement du concept du travail peu qualifié en terme de métier, de compétences et de reconnaissance salariale et professionnelle ».
Dernière préconisation : « Mobiliser les acteurs économiques, les partenaires sociaux et les collectivités territoriales : développer une fonction de médiation entre les travaux nationaux et les initiatives locales, en particulier celles des régions, en lien avec les OREF et les CARIF entre les travaux globaux et ceux des branches professionnelles en lien avec les observatoires de branche actuels ou susceptibles d’être créés par les partenaires sociaux ».
Guy Lemarié, pour le groupe, conclut : « Nous venons de porter notre regard assez loin, avec des risques naturels d’erreurs, comme le soulignent d’ailleurs les auteurs du rapport sur "l’Avenir des Métiers", quand ils disent que "l’avenir n’est pas écrit" mais il reste que, comme disait Gaston Berger, "l’avenir est raison du présent" »
.

Les prévisions pour la France
Des emplois surtout dans le tertiaire

Pour la France, le groupe "Prospective des métiers et qualification" a estimé que « le renouvellement de la population active (intense à partir de 2005-2006) n’entraînera pas automatiquement une baisse du chômage. Si l’action publique se fonde sur des anticipations erronées, il existe un risque que l’emploi soit négativement touché par la baisse de la population active. Les difficultés conjoncturelles actuelles polarisent l’attention sur l’ampleur de certaines restructurations dans certaines branches professionnelles, centrant ainsi le débat sur le court terme ».

Les principaux éléments de diagnostic du rapport "Avenir des métiers" fait ressortir que « les créations d’emploi et les départs en retraite n’auront pas les mêmes effets dans tous les secteurs d’activités ». Ainsi, certains secteurs auront des besoins de recrutement très importants. « Comme l’enseignement, la fonction publique, la formation, la santé, les banques, les assurances, les professions juridiques ».

D’autres secteurs auront des départs en retraite dans la moyenne « comme l’hôtellerie - restauration, l’alimentation, le BTP ». Enfin d’autres secteurs et métiers connaîtront des tensions (sur le marché du travail) dues essentiellement à leurs dynamiques propres de développement, « comme les métiers des études et de la recherche, de l’informatique, des services aux particuliers ».

Informaticiens et formateurs

Les constats du groupe sont clairs : le secteur tertiaire sera le plus créateur d’emplois, il représentera 19,4 millions d’emplois sur 26,3 millions ; les secteurs industriels pourraient renouer avec la croissance, surtout la maintenance industrielle mais aussi les industries de process.

En revanche, la croissance pourrait être plus modeste dans la mécanique, le travail des métaux et l’électricité ou l’électronique. L’étude prévoit également que l’on peut assister au déclin de l’emploi des industries légères (textile, cuir, habillement…), le BTP revenant, lui, à une quasi-stagnation, les métiers de l ’agriculture continueront leur déclin mais à un rythme plus lent. Dans le tertiaire, il y aura surtout besoin d’informaticiens, de spécialistes de la communication, de chercheurs, de formateurs. Certains secteurs seront relativement porteurs en créations d’emplois : les banques et assurances, les métiers de la santé, surtout les infirmiers et les aides soignants avec une stagnation du nombre de médecins. Mais ralentissement chez les enseignants, dans la fonction publique d’État et la fonction publique territoriale.

D’autres secteurs seront très porteurs en créations d’emplois : les services aux particuliers, les professions de gardiennage ou de sécurité, les employés de maison, les professionnels de l’entretien, les gardes des enfants et aides familiales, les emplois de la gestion et de l’administration, les emplois du transport et du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration...

En France

Les dispositifs d’aide à l’emploi en baisse de 16% au quatrième trimestre 2002

Les dispositifs spécifiques de politique de l’emploi ont reculé au quatrième trimestre 2002 en France, avec une baisse de 16,1% des entrées nouvelles par rapport à la même période de 2001, selon une étude du ministère du Travail.
Les entrées nouvelles dans les dispositifs d’emplois aidés dans le secteur marchand ont reculé de 9,7%. Pour les contrats emploi-solidarité (CES), le recul est de 19,8% et pour les emplois-jeunes, de 26,1%, tandis que les contrats emploi consolidés sont restés stables. Cette baisse tient à la suppression depuis 2001 de l’abattement temps partiel et de l’exonération à l’embauche d’un premier salarié, relève l’étude.

La hausse des entrées liées au nouveau contrat jeunes en entreprise (+22.300 au quatrième trimestre, après +18.200 au trimestre précédent), qui concerne près de 35.000 bénéficiaires en fin d’année, ne compense qu’en partie la disparition de ces deux dispositifs.
Les entrées dans les autres dispositifs (contrat initiative emploi et exonérations pour zones de revitalisation rurale ou urbaine) se stabilisent, même si les stocks 2002 reflètent encore la dégradation observée en 2001, tandis que les formations en alternance reculent, principalement en raison du repli des contrats d’adaptation.
Dans le secteur non marchand, les entrées ont été de 16% inférieures à celles du même trimestre 2001, soit 21.000 entrées.

Décentralisation et éducation

En 2000, on dit quelque chose ; en 2003, son contraire ou presque.

Raffarin contre Raffarin

L’idée de procéder à une décentralisation des personnels de l’Éducation dite nationale ne date pas de 2003. En avril 2000 déjà, l’idée était lancée. Elle émanait de Claude Allègre, "débarqué du gouvernement" quelques jours plus tôt. L’ex ministre avait fait connaître ses positions dans des articles ou tribunes libres parues dans la presse nationale ("Paris-Match", "Le Nouvel Observateur"). C’est à la suite de la publication de ces deux textes que le journal "Le Monde", dans sont édition du samedi 8 avril 2000, avait décidé de faire « réagir diverses personnalités ».

Et parmi ces personnalités, Jean-Pierre Raffarin. Celui-ci n’était pas encore Premier ministre. Il était président (DL) de la Région Poitou-Charentes et « patron de l’Association des Régions de France (ARF) ». C’est donc sous cette double casquette que "Le Monde" l’avait interrogé. Voici ce qu’il expliquait à l’époque (avril 2000) : « De la protection sociale à l’éducation, on continue de construire des mammouths dont la réforme devient un sujet important ».
Jean-Pierre Raffarin poursuivait : « Nous ne sommes pas prêts à assumer une mission globale d’éducation, mais une délégation républicaine, sur la base d’un contrat et en commençant par des expérimentations ».

"Le Monde" ajoutait : « Le président de l’ARF juge impossible que les régions gèrent les enseignants ou les rémunèrent, mais l’imagine bien pour les personnels administratifs. Il suggère aussi des pistes d’expérimentation, telles que l’attribution aux rectorats du statut d’établissement public. "Confier les réformes au terrain et aux enseignants est un des enjeux des prochaines élections", ajoute-t-il ».

Delevoye pronostiquait... l’asphyxie des communes

"Le Monde" donnait aussi la parole à... Jean-Paul Delevoye, actuel ministre de la Fonction publique, alors président de l’Association des maires de France. Le quotidien écrivait : « Plus réservé, Jean-Paul Delevoye (RPR), président de l’Association des maires de France, estime que "l’État doit rester maître des objectifs pédagogiques et des moyens à mettre en œuvre". Les communes qui gèrent déjà les personnels non enseignants des écoles maternelles et primaires "font preuve d’une grande prudence par rapport aux demandes de l’État". "Si les communes doivent assurer la gestion de l’État par défaut, elles seront asphyxiées", analyse le président de l’AMF ».

Claude Goasguen ne prenait pas cette idée "au sérieux"

Autre personne interrogée par "Le Monde", Claude Goasguen, alors porte-parole de "Démocratie libérale". Cette idée de "décentraliser" la gestion des personnels aux collectivités locales est « une idée que je ne peux pas prendre au sérieux. Elle supposerait des bouleversements irréalisables par un homme politique responsable ». Il avait par ailleurs souligné qu’en émettant une telle idée, Claude Allègre avait « signé là son testament ».

Il poursuivait : « Même si certains chez nous défendent encore cette idée, nous ne nous inscrivons plus dans un schéma de décentralisation tous azimuts. Nous sommes dans une logique de faisabilité de la réforme. Cette idée était intéressante il y a vingt ans, lorsque la décentralisation était à la mode ; il s’agit en fait d’une fausse bonne nouvelle. Aujourd’hui, nous la défendons uniquement pour les lycées professionnels (...) ». Il lançait également l’idée d’un « système de péréquation pour corriger les inégalités » entre régions, qui auraient alors eu à gérer ces personnels, comme elles géraient déjà « la formation professionnelle et l’apprentissage ». Il se prononçait aussi pour une meilleure « déconcentration » en donnant plus de pouvoir « au chef d’établissement », qui « doit pouvoir recruter les enseignants sur profil, obtenir davantage de marge de manœuvre sur le plan pédagogique... Cela autorise une certaine différenciation dans le respect d’un cadre national et des diplômes nationaux ».


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