Record d’audience pour le défilé du 14 juillet

21 juillet 2007

Dans ma rubrique télé décryptages d’hier, je vous recommandais l’excellent documentaire sur Tempo “Georges Brassens à Bobino”. Eh bien c’est par une strophe d’une de ses plus grandes chansons que je vais attaquer cette page média : « Au village sans prétention j’ai mauvaise réputation, la musique qui marche au pas cela ne me regarde pas... » Il semblerait que ce refrain soit passé de mode, depuis quelque temps les anars mi aristocrates mi-marginaux n’ont plus la cote, désormais si l’on veut être dans le “Mouv”, il faut chanter la Marseillaise même si certains couplets sont pour le moins racistes et se presser pour voir nos nobles soldats qui défilent au pas.
Apparemment ils était nombreux les Français de métropole et d’ailleurs à se presser devant leur aquarium pour assister au défilé du 14 juillet, pas loin de 5 millions recensés sur la chaîne TF1 pour voir défiler l’armée française et aussi européenne, notre très énergique Président de la République voulant marquer d’une empreinte nouvelle cette Fête nationale. Le paradoxe est partout chez cet homme ! Mais le fait marquant de cette retransmission sur TF1 c’est tout de même ce grand changement de mentalité des citoyens de notre pays qui font un gigantesque bon en arrière dans absolument toutes les avancées de notre monde vers une société évoluée et plus humaniste.
Il semblerait que la “Sarkozy attitude” ait frappé encore très fort. Pensez qu’en un an, le nombre de téléspectateurs pour le défilé du 14 juillet a augmenté de près d’1,4 million. Je connais bon nombre de responsables des programmes qui aimeraient bien voir une progression aussi fulgurante d’une émission à l’autre, car il est vrai que ce défilé ne se passe qu’une fois par an.

Le rétropédalage de notre société

Mais ce qu’il faut peut-être analyser, c’est ce regain de patriotisme dans notre monde en pleine mutation. Peut-être que tout ceci n’est qu’un leurre, car qui sait si ce n’est pas une dérive médiatique, sorte d’auto-flagellation, de retour sur les libertés issues de mai 1968 !
En 1981, les téléspectateurs découvraient une nouvelle télévision débarrassée des ses oripeaux liberticides et coincés. Les communistes entraient à la rédaction de la défunte ORTF et Michel Polac démolissait les carcans de la télévision gaulliste. Terminé le Journal Télévisé dicté depuis le Ministère de l’information. Daniel Gilbert était débarqué sans préavis et la culture envahissait nos petits écrans, c’est une grande bouffée d’air qui s’était mise à souffler sur les médias français. Quelque temps, plus tard la première chaîne de télé payante arrivait, c’était Canal Plus. Une télévision débridée et novatrice faisait ses premiers pas. Sur cette chaîne, tout était permis ou presque, une équipe de joyeux lurons affreusement insolents dépoussiérait la télé de papa et cette idée d’une nouvelle Télé était en passe de faire le tour du monde.
Et maintenant que voit-on ? Certes la régression de la télévision française n’est pas apparue du jour au lendemain, avec l’arrivée de notre nouveau Président, il n’est pas assez vieux dans la fonction pour qu’on lui mette tout sur le dos. C’est lorsque Philippe Léotard décida de privatiser la première chaîne de Télévision française que tout a commencé.

Aux ordres citoyens

Mais personne ne pourra nier que les responsables des grands médias indépendants ont préparé la venue de ce à quoi nous assistons aujourd’hui !
La lente régression de la télévision française a connu son sommet lors de la dernière campagne pour la Présidentielle. L’ensemble des programmes s’est mis au diapason de la future politique de remise dans le rang de toute une société que l’on avait trouvé trop liberticide. Le très médiatique Nicolas Sarkozy se retrouvait avec toute une courre de journalistes qui se sont mis aux ordres, si ce n’est aux pieds, jusqu’aux plus chiraquiens responsables de la télévision de service public qui ont rejoint avec armes et bagages le camps sarkozyste. Ils ont inlassablement, pendant trois ans, pendant la lente ascension de notre nouveau monarque républicain servi, parfois de manière cachée, leur nouvelle cause ! Entre une Arlette Chabot devenue une véritable groupie et un PPDA tout acquis à Nicolas Sarkozy, on a vu la télévision se mettre en ordre de marche pour la nouvelle idole républicaine.

Les soutiens artistiques miroirs d’une politique

Alors que l’on avait vu François Mitterrand entraîner toute une foule d’intellectuels et d’artistes plus ou moins engagés, des artistes qui investiront nos écrans, Nicolas Sarkozy drainera derrière son sillage des “people” plus couverts de paillettes que d’une véritable culture. Le résultat, nous le voyons chaque jour sur notre petit écran et ce 14 juillet a été le retour d’une France franchouillarde et aussi, devrait-on dire, le retour à un ordre ancien qui renie les avancées des événements de 1968. On a voulu jeter le bébé avec l’eau du bain, les accords de Grenelle et l’université libre et ouverte de Vincennes. Pour conclure nous voyons au travers du média qu’est la télévision, transpirer la politique voulue par notre Président de la république.

Travaillez, la tête dans le guidon, vous oublierez les malheurs du monde !

Travailler plus pour gagner plus, baser la vie au mérite, au travail et à la célébrité au lieu de consacrer sa vie à l’élévation de l’humain, au développement de la culture et au partage. La France est en train de devenir une vaste émission de Télé Réalité où pour pouvoir survivre dans cette jungle, il faudra briller de mille feux, travailler et étudier uniquement les matières qui apportent de la croissance et de la richesse que l’on pourra léguer sans aucun impôt à des héritiers faisant fructifier un patrimoine que détiendront une nouvelle noblesse d’argent, après celle des rois puis de robe et enfin d’empire. Le temps est au patriotisme anesthésiant et aux profits. Ainsi nous avons abandonné la solidarité et le partage pour une société des dents longues où seuls ceux qui travailleront comme des ânes et qui amasseront des biens pourront vivre décemment, laissant sur le bord de la route les plus faibles. Cette société que nous voyons transparaître aux travers des médias, c’est un monde du chacun pour soi saupoudré de paillettes. N’est-ce pas l’épouse de notre président qui a dit en parlant de Rachida Adati : « J’aime cette femme, d’amour, je la protège, elle fait partie de la race des seigneurs. » ? Cette déclaration d’amour, si elle a de quoi nous laisser pantois, ne reflète que l’ambiance qui est de mise dans notre beau pays de France. Il y aurait-il une race des seigneurs qui détiendrait la suprématie sur le reste de la population ? Une race, qui si elle réussissait, aurait tous les droits et les autres de la piétaille.
Les médias nous montrent le chemin d’un avenir de consommateurs déculturés sans aucune autre ambition que de laisser comme héritage, à la veille de la mort, une montagne de biens matériels, un océan d’égoïsme et de misère.


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