
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Psychologie et société
Le rêve réunionnais et l’existence, par Jean-François Reverzy
20 août 2003
Le dernier numéro de la revue ’Akoz’ est consacré au « rêve réunionnais ». Nous aurons l’occasion prochainement de parler plus en détail des différents articles que contient ce numéro. En attendant, nous vous proposons un texte de Jean-François Reverzy, que le psychiatre avait rédigé à la demande des responsables d’’Akoz’ et qui n’a pas trouvé place parmi les autres articles.
Le rêve occupe une place essentielle dans l’existence humaine, et à ce titre n’a cessé de poser question à chacun sur son destin et le sens de sa vie... Il est en effet l’expression même de cette fonction poétique, créatrice, qui constitue l’acte élémentaire de la pensée.
Parce qu’il rêve chaque nuit, tout être humain découvre spontanément l’espace d’un nouveau monde, au point d’être quelquefois déçu par la réalité familière qu’il redécouvre au réveil et de ressentir la nostalgie poignante de l’univers qu’il vient de quitter.
Tout être humain peut ainsi, en quelques instants, accéder et s’initier à une autre dimension de l’existence. Religieux, devins et "devinèr" (ceux qui pratiquent l’oniromancie, soit la divination par le rêve), poètes, artistes, philosophes, scientifiques ont ainsi accordé au rêve une place privilégiée, expérimentale. Celle-ci s’est confirmée dans l’Occident moderne : la psychanalyse freudienne (1) et jungienne ainsi que le mouvement surréaliste après le romantisme lui ont accordé un rôle fondamental autant dans la découverte de l’inconscient psychique et la cure, que comme une voie royale du désir objectif.
Les neurosciences ont par ailleurs découvert, dans la seconde moitié du 20ème siècle, d’autres fonctions fondamentales au rêve : la privation expérimentale chez l’animal ou chez l’être humain de ce que les chercheurs ont qualifié de sommeil paradoxal et qui correspond aux états de rêve peut entraîner des maladies graves, psychiques ou somatiques et même, à terme, conduire à la mort.
La philosophie phénoménologique et existentielle va aussi faire du rêve un instant fondamental de l’être humain, comme en témoigne l’étude principale de Ludwig Binswanger, "Le rêve et l’existence" (2), dont le titre est ici repris ou paraphrasé.
Désir et prémonition
Les traditions populaires ont depuis toujours accordé à l’acte de rêver deux valeurs : la première est l’expression profonde d’un désir ; l’autre la vision prémonitoire du futur et la communication avec d’autres univers.
Dans une extension quelquefois fallacieuse, le rêve a pris dans le langage courant un autre sens que celui qui le désigne initialement pour définir plus largement le désir imaginaire individuel et collectif, tel qu’il se formule à l’état de veille et pourrait se réaliser dans la vie quotidienne. Le rêve devient ainsi le signifiant d’un imaginaire partagé, porté par les mentalités et qui s’incarne dans le discours commun mais aussi celui de témoins privilégiés : écrivains, intellectuels, politiques.
On peut ainsi parler de rêve réunionnais, comme on évoque le rêve antillais ou créole et comme on parle communément de "rêve américain". L’écart est grand cependant entre le rêve au sens strict - moment de vérité de la personne à sa subjectivité - et cette dérive du mot vers un bric à brac ou un fourre-tout pseudo sociologique des illusions collectives.
Rêve et insularité
Quel serait donc le rêve réunionnais ? Il existe de fait deux rêves réunionnais : celui de l’exote, de l’homme venu d’ailleurs sur l’île rêvée, et celui du sujet réunionnais originaire et vivant à La Réunion et dont les rêves imposés sont souvent les rêves de l’autre. Discours exote et discours ancestral se retrouvent pourtant aux origines et aujourd’hui souvent autour des mêmes objets du rêve.
Colons ou esclaves déportés découvrirent ensemble une terre inconnue au 17ème siècle. La société réunionnaise s’est construite par nappes et strates successives d’étrangers devenant des autochtones. Derrière les aspirations communes, on peut découvrir d’abord les trésors et les objets du rêve.
On qualifie ainsi souvent des objets porteurs de rêve, de l’objet-maison-rêvée, de l’objet-corps de la femme ou de la fille dite de rêve, de l’objet territorial : les villes et les îles du rêve.
Les îles qui se personnifient ainsi sont vécues comme un objet habitable et à posséder : un corps qui vous inclut dans ses entrailles, vous travaille et vous met au monde. Elles peuvent être des îles guérisseuses - ou thaumaturges, maternelles ou paternelles : elles sont les espaces même du rêve. Nous avons pu qualifier de transfert insulaire - en référence au modèle de la psychanalyse - ce lien qui se noue entre une personne et une île bien réelle avec son territoire, ses paysages, ses habitants, sa vie.
Ce lien concerne aussi bien le visiteur que celui qui est né et s’origine dans l’île. Il se noue entre deux êtres disproportionnés, un vivant individué, citoyen et un espace muet. Il a son histoire, avec sa rencontre, première, son pacte, ses tribulations et son dénouement.
L’île muette répond par sa nature éruptive ou cyclonique, qui scande les saisons et les vies, ou par ses accidents et ses rencontrent où le désir se noue au paysage humain. Au cœur de ce transfert, s’élaborent les images d’un rêve qui vient souvent recouvrir la réalité. Existerait-il vraiment un rêve réunionnais et un inconscient réunionnais ou créole ? et une figure commune de celui-ci ? singulière, trans-historique et collective ?
Un rêve aux formes multiples
Il convient ici de situer les formes qu’a pu prendre ce rêve dès les origines des Mascareignes et de La Réunion : la figure première confond le principe de plaisir et celui de réalité. Le paradis terrestre d’un territoire vierge inhabité s’offre aux navigateurs et aux colons, loin des frustrations ordinaires, dans un archétype fusionnel d’un nouvel Éden.
Le rêve édénique va cependant être précocement détruit par l’enfer de l’esclavage. Puis surgit dès le 18ème siècle, une utopie républicaine d’inspiration maçonnique, de liberté, d’égalité et de fraternité entre les peuples rassemblés dans cette arche insulaire.
Plus tard, La Réunion, selon le mot de Barquisseau se veut colonie colonisatrice, imposant les mêmes valeurs républicaines sur des terres qui n’en veulent pas vraiment, à Madagascar, au Vietnam et en Afrique. Enfin, l’île est devenue une nouvelle Lémurie (ce mythe forgé par Jules Hermann d’un premier continent austral, disparu comme l’Atlantide, dont La Réunion serait le vestige).
Au 21ème siècle, la nouvelle Réunion, remodelée par la départementalisation, porte le rêve d’une riviera ou d’une Californie à la française, répandant à profusion bonheur, égalité et richesse à ses habitants, partant conquérir la France, l’Europe et le monde dans le mythe d’un nouveau paradis colonial… Elle cultive aussi son mythe symétrique d’une île redevenue souveraine et retrouvant son rang premier et central dans l’océan Indien.
Jean-François Reverzy
Mézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Au 1er juin, les chiffres du ministère de la Justice ont établi à 84 447 personnes détenues pour 62 566 places. La surpopulation carcérale (…)
Vingt ans après la loi Handicap et au terme de six mois de mission, les rapporteurs Audrey Bélim, (Socialiste, Écologiste et Républicain – La (…)
L’État poursuit les versements d’indemnisations des aides en faveurs des exploitations agricoles sinistrées par le cyclone Garance et la (…)
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes a assuré que “ceux qui peuvent plus doivent contribuer davantage”, car “nos finances publiques (…)
Les discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, menées sous l’égide du président, sont entrées dans le vif du sujet, le 3 (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
La Réunion fait partie des régions françaises les plus touchées par les conséquences sanitaires, sociales et judiciaires de la consommation (…)
Sur proposition de Gérard COTELLON, directeur général de l’ARS La Réunion, Patrice LATRON, préfet de La Réunion, a décidé le retour au niveau 2 du (…)
1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
La section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
C’est dans une ambiance chaleureuse avec un état d’esprit fraternel que les délégués de la Section PCR de Sainte-Suzanne se sont réunis en (…)