’Sa raison d’être’ : La dernière arrogance métropolitaine !

29 mars 2008

Comme je vous le stipulais plus haut, France2 diffuse en première partie de soirée ce samedi un téléfilm qui aborde le difficile problème des années SIDA, le titre est "Sa raison d’être".
Sans revenir sur la polémique du retard à l’allumage en ce qui concerne la station du Barachois, c’est une semaine après le Sidaction que nous, "pauvres diables" (pour paraphraser Mike Brandt), profiterons de ce grand moment de télévision. Vous me direz, il vaut mieux tard que jamais ! Mais tout de même, lorsque l’on sait que si RFO diffuse avec une semaine de décalage les programmes de France Télévisions, c’est tout simplement pour que la Métropole conserve l’exclusivité. Il y a de quoi trouver cela mesquin, et pour tout dire, méprisable vis-à-vis de la population ultra-marine. Car la vérité se trouve dans cette réflexion : qui veut que les œuvres créées en Métropole soient diffusées ultérieurement dans notre île ? Aucune contrainte technique n’empêchait la diffusion de ce téléfilm ce week-end. L’arrogance métropolitaine est tout entière contenue dans cette mesure discriminatoire, on pourrait dire vexatoire vis-à-vis de la population réunionnaise. Ce téléfilm extrêmement important se devait d’être diffusé simultanément avec la Métropole à l’occasion du Sidaction.

La première partie de ce Télé-film est résumée ainsi :

Bruno, Isabelle et Nicolas ont 20 ans en 1981. C’est le temps des grandes espérances et de leurs premières histoires d’amour. Bruno aime Isabelle, la sœur de Nicolas. Nicolas, lui, aime Bruno. Entre eux s’installe une relation aux frontières de l’amour et de l’amitié. Quand Isabelle meurt tragiquement, Nicolas propose à Bruno de s’installer ensemble pour élever son fils Jérémy, que Bruno devait reconnaître. D’outre-Atlantique parviennent alors les premières rumeurs d’une maladie mystérieuse, le SIDA.

Le deux scénaristes Pascal Fontanille et Véronique Lecharpy expliquent la raison de ce téléfilm :

« À l’initiative de ce film, nous avons fait un constat aussi simple qu’inquiétant : après avoir, dans les années 80, fait les gros titres dans la plus grande ignorance scientifique, après avoir été traité comme un fait-divers terrifiant, le SIDA dès 1995 et la découverte des premières trithérapies a cessé de faire peur. Pourtant, le SIDA n’a jamais cessé de tuer. Et si la France, pays riche, connaît moins de décès dus à la maladie grâce aux ruineuses multithérapies, ce n’est pas le cas dans les pays en voie de développement où une infime partie des malades seulement a accès aux soins et aux traitements. Il est aussi inquiétant d’apprendre qu’un Français sur deux croit qu’ont guéri du SIDA et un sur trois, qu’un vaccin existe. La faiblesse récurrente des campagnes de prévention et la quasi-absence médiatique sont peut-être la cause de cette ignorance coupable. Pourtant, l’irruption du SIDA dans nos vies a bouleversé la société française en profondeur. Nul ne peut nier qu’il y ait eu un avant... et un après. Car son irruption a modifié profondément les relations amoureuses. Vivre et aimer au temps du SIDA n’a plus rien à voir avec le temps d’avant. La suspicion, le doute, la peur, la culpabilité sont venus occuper un espace autrefois synonyme de liberté et d’épanouissement.

L’insouciance a vécu

Car l’irruption du scandale du sang contaminé a mis à mal la confiance que les Français avaient dans leur système de santé, dans l’autorité médicale, dans les institutions censées les protéger. Ils ont découvert que la loi du marché s’appliquait aussi à leur santé et que par mesure d’économie, le Centre national de transfusion sanguine ne chauffa pas les produits sanguins, avec l’accord de l’Etat. Les homosexuels, les premières victimes du SIDA, les premiers à être stigmatisés, ont été également les premiers à s’unir, à se battre, à exiger l’accès aux médicaments. Ils ont été ainsi les pionniers dans la prise de conscience, la mise en place d’une solidarité associative et de groupes de pressions. Ce qui a conduit à la revendication d’une visibilité, d’une égalité devant la loi et finalement au Pacs.
C’est donc à travers un film de télévision qui raconte la vie d’un groupe d’amis confrontés à l’irruption du SIDA dans leur vie, du début de l’âge adulte à la maturité, de 1980 à nos jours, que nous voulons faire passer un message simple : le SIDA est toujours là. On continue à en mourir, ici et là-bas, et notre premier devoir est de nous protéger et de protéger ceux que nous aimons. Et ce message, nous voulons qu’il touche le plus grand nombre de spectateurs possible. La télévision est le seul endroit où peut avoir lieu cette rencontre, la rencontre d’un film que nous voulons digne et émouvant, avec son public. C’est pour toutes ces raisons que nous avons confié la réalisation de ce film à Renaud Bertrand dont l’engagement, le désir de témoigner, la sensibilité ont su nous convaincre dès nos premiers échanges ».

Comprenez avec moi qu’il était difficile de passer à côté d’un film aussi important, et la déclaration des deux scénaristes était indispensable pour bien appréhender les raisons qui les ont poussé à choisir plutôt la télévision que le cinéma. Bien entendu, la semaine prochaine, je reviendrai longuement sur ce téléfilm dont la première partie est programmée pour mercredi prochain.

Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/


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