
Lutte contre la mondialisation ultra-libérale
Sauvegarder le droit aux aides agricoles pour garantir la souveraineté alimentaire
Des paysans africains contre l’O.M.C.
2 septembre 2003

L’Accord sur l’agriculture (ASA) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas réussi à améliorer la situation des agriculteurs africains. Nombreux sont ceux qui pensent que cet accord pose problème. Ils estiment que les pays riches mènent toujours le jeu, ils arrivent toujours à adapter des exceptions en leur faveur. Par exemple, ils demandent l’ouverture des marchés et la baisse des subventions dans les pays du Sud, mais ne le font pas eux-mêmes. Ce qui laisse à penser qu’il existe des abus de pouvoir des pays riches et des multinationales qu’ils abritent.
Certains acteurs de la société civile montent au créneau pour réclamer plus de marché pour les exportations des pays du Sud. Cette revendication a accaparé une bonne part de l’attention lors du second Sommet de la Terre, à Johannesburg, il y a un an. À Genève, lors d’une rencontre avec des représentants du tissu associatif suisse, Ndiogou Fall, qui préside le Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), a soutenu haut et fort une position différente.
Prenant appui sur la Déclaration de Dakar, dont le ROPPA est signataire, Ndiogou Fall estime que la défense des petits paysans passe par l’opposition à la libéralisation débridée du commerce international de denrées agricoles, telle que l’OMC l’orchestre. Rédigée en mai dernier par des organisations paysannes de 32 pays du Nord et du Sud, la Déclaration de Dakar est un « appel aux gouvernements pour qu’ils refusent les conceptions et les propositions actuelles à l’OMC, et défendent à Cancun le principe de souveraineté alimentaire ».
Toutes les filières africaines sont en crise
Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord sur l’agriculture de l’OMC, insiste Ndiogou Fall, toutes les filières agricoles africaines sont en crise. « Ce qu’il faut aujourd’hui », souligne ce porte-parole de 35 millions de petits exploitants familiaux africains, « c’est réformer les règles de l’OMC. Les agriculteurs du Sud n’ont pas pour préoccupation première d’exporter. Leur première préoccupation, ce sont leurs marchés intérieurs. Or il existe des moyens de les protéger, mais l’OMC s’évertue à démanteler ces moyens ».
La Déclaration de Dakar ne condamne pas toutes les subventions en agriculture, mais stipule qu’elles ne doivent pas servir à promouvoir des exportations. Et elle annonce : « Les règles du commerce ne peuvent pas empêcher un pays de favoriser un système de production durable, basé sur des exploitations familiales. Les choix légitimes des populations qui refusent les OGM ou les hormones doivent primer et être respectés ».
Un atout : la mobilisation
À la veille de la réunion de l’OMC, qui aura lieu à Cancun du 10 au 14 septembre, cette mobilisation est un atout. C’est la première fois que des organisations paysannes africaines soutiennent la souveraineté alimentaire aussi clairement. La Via Campesina, qui fédère les petits paysans du monde entier pour défendre ce même point de vue, est en effet largement absente en Afrique.
Une autre raison fondamentale invite à se féliciter de cette mobilisation : sa dimension écologique. À l’heure du changement climatique dont l’Europe fait l’expérience, orienter l’agriculture vers des pratiques moins nocives pour l’environnement global devient un enjeu de survie collective. Or, au premier rang des facteurs de pollution globale, le transport de produits pourtant localement disponibles est le plus grave. Le transport lié au commerce international représente un huitième de la consommation mondiale de pétrole et augmente de pair avec l’essor des échanges, mais jamais l’OMC ne tient compte de l’impact de cette évolution sur l’effet de serre.
Protéger des marchés agricoles régionaux et une agriculture familiale, c’est rendre justice à plus de 2 milliards de petits paysans du Sud. C’est aussi sauvegarder une Terre physiquement habitable. Dans l’Accord sur l’agriculture qui sera discuté à Cancun, c’est rien moins que cela qui est en jeu.
Les ministres africains examinent le protocole sucre ACP/UE |
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Les ministres africains du Commerce se sont rencontrés hier à Nairobi au Kenya pour établir un consensus sur l’épineuse question des subventions qu’accordent les pays riches à leurs agriculteurs, au détriment de la production agricole des pays pauvres estiment-ils.
Lors de la rencontre organisée par la Coalition mondiale pour l’Afrique (GCA), basée à Washington, les ministres devaient évaluer rigoureusement l’initiative "Tout sauf les armes", un accord commercial préférentiel entre l’Union européenne et les pays africains. Lancé le 26 février 2001, ce programme, qui accorde un accès libre au marché européen à des produits de 48 pays africains, devait être examiné de très près lors de la rencontre. Cependant, l’entrée libre des tous les produits dans l’Union Européenne, à l’exclusion encore actuellement de la banane et du sucre, sera la question la plus complexe à aborder. Plusieurs membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devenaient de plus en plus gênés par le protocole sur le sucre entre les ACP et l’UE. Certains ont même intenté un procès pour que cette disposition soit annulée, arguant qu’elle n’est pas inclue dans les accords de l’OMC. Le Kenya va se joindre aux pays africains en faveur de l’adoption de l’accord à la Conférence ministérielle de l’OMC le mois prochain à Cancun, au Mexique. Le Protocole sur le sucre, un accord entre les gouvernements des ACP et de l’UE, stipule que les pays de l’UE achètent une quantité convenue de sucre mise en vente par les pays ACP. L’initiative "Tout sauf les armes" engage l’UE à procéder à une libéralisation complète en faveur de toutes les importations en provenance des pays dits "les moins avancés" d’ici à 2009. |
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