Musique

Sérénissime Maloya

"Krié" l’album très attendu de Salem Tradition

23 avril 2003

« Quand nous jouons à l’extérieur, les gens croient souvent que nous sommes un groupe d’Afrique », confiait Christine Salem lors du lancement de l’album "Krié", vendredi dernier. Il faut dire que les voix de Salem Tradition ont des résonances de grand pays, et d’archipels, comme leur musique qui rassemble des inspirations venant de tout l’océan indien. Chansons ensorcelantes parce que chantées dans des langues qui puisent leur sève dans nos racines.
Christine Salem et Nadège Ichambre chantent au rythme afro malgache des percussionnistes Vincent Philéas et David Léocadie. Salem est en train de prendre de l’ampleur. Départ fin avril pour les États-Unis où ils vont jouer pendant six jours, ils s’envolent à leur retour au Festival de Maurice avec trois dates, et du 22 juillet au 15 août c’est une tournée européenne (Italie, Suisse, Belgique et France) qui les appelle. À La Réunion, le rendez-vous à ne pas manquer, c’est à la Ravine Saint-Leu le 17 mai pour le lancement de l’album. Pour cette grande fête, Salem Tradition a carte blanche pour concocter une soirée avec ses invités, ses amis, ses frères de musique : Françoise Guimbert, Danyèl Waro, Firmin Viry, Arsène Cataye. Un spectacle unique, qu’on ne verra pas de si tôt.

Nées sur scène

Édité par Cobalt, qui apprécie leur cohérence musicale, cet album reprend quatre titres de l’ancien album ("Waliwa"), travaillés différemment, et sept nouvelles chansons. Une dizaine de jours ont suffi pour enregistrer l’alchimie qui unit Salem Tradition, instrument puis voix. Les titres sont demandés par le public, ils ont été propagés par la scène, un d’entre eux a été crée en résidence au Bato Fou, lors du Kabareso 2002, d’autres chansons, explique Christine « sont nées sur scène » comme "Ewa".
Que chante Christine Salem ? Elle nous répond chanter la vie : « Enfant, j’étais dans une famille modeste de cinq enfants, sans père. Nous habitions Camélia, qui est un quartier à mauvaise réputation. C’était dur pour moi, pour ma famille. Je travaille dans le social, comme agent de prévention alcoolisme et toxicomanie. Ce que chante traduit c’est ce que j’ai vécu, ce que je vois autour de moi, les problèmes de tous les jours, dans le quartier. Quand je chante en swahili c’est pour exprimer le respect envers soi-même et les autres, "Ewa" parle d’une dame qui a aidé beaucoup de gens. "Krié" a été crée le 20 désanm, jour de mon anniversaire, pour dire néna la soufèr, fo arèt pléré. Mintnan swa ou ansort aou, swa ou lé nwayé ».

« Sot la mér, c’est un combat »

Chanter n’est donc pas un combat, sauf quand elle va jouer dehors : « Sot’ la mér, c’est un combat, pour faire connaître La Réunion, la mettre en valeur. Lésklavaz la passe dans nout péi, toute kalité lésklavaz. Mi défann sak nou nana zordi, kan ou arriv dann in péï déor ou wa na kartyè sinwa, kartyé intél, in kartyé pou shakinn, anou toute la bann i vive ansanm. in moun sé in moun kom toute moun ».
Salem Tradition soulève l’intérêt de la presse de France métropolitaine, et se fait très demandé, preuve qu’une nouvelle génération fait parler de La Réunion et de sa culture et ouvre la voix à d’autres artistes. Pour Alain Courbis, directeur du Pôle régional des musiques actuelles (PRMA), « si un groupe est redemandé, il faut se réjouir que ce ne soit pas un coup sans lendemain, mais bien une évolution de carrière sur le long terme ». Une manière de souhaiter tous les voyages autour du monde à Salem Tradition. N’oubliez pas, ce 17 mai, à Saint-Leu, La Ravine : voyages dans les voix et les musiques de l’océan indien, jusqu’à Madagascar, jusqu’en Afrique.


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