À 00 heures 30 sur Tempo : A la lumière de ’J’accuse’

Soirée thématique, soirée repentance

27 juillet 2006

Documentaire de Pierre Dumayet réalisé par Robert Bober (France 1997).

Sous le titre ’J’accuse’, Émile Zola publie le 13 janvier 1898, dans le journal “L’Aurore”, une lettre ouverte au président Félix Faure dans laquelle il s’élève avec virulence contre la condamnation d’Alfred Dreyfus. Condamné à un an de prison et 3.000 francs d’amende, Zola est contraint à l’exil en Angleterre. L’affaire bouleverse le pays, artistes, peintres et écrivains prennent position. Les rapprochements et les ruptures recomposent le paysage intellectuel de la France. Proust, Mallarmé, Huysmans et Valéry, entre autres, se mêlent à la controverse. Cette dispute idéologique a marqué à jamais notre histoire culturelle...

Il était difficile de passer à côté de cette programmation, mais il était également impossible de dissocier le téléfilm d’Yves Boisset du documentaire de Pierre Dumayet. Alors ce soir, ce sera l’affaire Dreyfus qui tiendra le haut de l’affiche et c’est bien normal en cette période de commémoration et de repentance. Il est vrai que depuis quelques dizaines d’années La France n’en finit pas de revenir sur les manquements à son histoire. Lorsque la politique d’un pays est d’attendre pour faire son mea-culpa sur ses erreurs, il est impossible que le balancier revenant, les affaires ne se bousculent aux portes de la raison. Cent ans c’est beaucoup pour analyser une erreur historique diront certains, c’est même trop au regard de la vie d’un homme. La France ne peut s’empêcher d’attendre pour reconnaître ses erreurs, c’est une de ses constantes et c’est sans doute pour cela que les Français reçoivent en héritage les injustices qui ont été prodiguées par leurs ascendants. Le téléfilm d’Yves Boisset est sans doute l’un des mieux réussis sur l’affaire Dreyfus et c’est comme cela que débutera notre soirée historique sur Tempo. L’affiche est alléchante et à la hauteur de nos attentes. Le casting est réussi et les interprètes ont su rentrer à fond dans leurs personnages. Au-delà de l’histoire, de cette erreur judiciaire (Si l’on peut dire !), nous verrons la France des intellectuels, celle qui depuis Voltaire fustige et dénonce les dérives d’un pouvoir omnipotent (La justice).

"J’accuse !"

C’est dans cette veine que se poursuivra la soirée avec le documentaire de Pierre Dumayet “à la lumière de j’accuse”, “J’accuse” à la une du journal “l’Aurore” est devenu le symbole de la prise de conscience d’un intellectuel pas plus engagé que cela, mais juste conscient d’une plume qu’il se doit de mettre au service de la vérité. Voltaire avec l’affaire Callas avait agi de même, mais depuis, ceux qui devraient être des consciences, ont renié leur devoir et l’on étudie le texte de Zola comme un dernier modèle de la société des lumières. Si demain un nouveau Dreyfus se faisait condamner à tort, qui de “nos grands penseurs” barrerait la Une de la presse d’un accusateur "J’accuse" ? Probablement pas grand monde. Nos nouveaux intellectuels se préfèrent “People” chemises blanches et cols pelle à tartes, cheveux gominés avec au bras une poupée sortie tout droit d’une clinique de chirurgie esthétique. Ce soir sur Tempo, la France d’avant, celle qui pensait, écrivait et éclairait le monde va revenir pour un instant, certes par accident parce que c’est le dindon qui fait la farce. Partagez avec moi cette pensée : "Un J’ACCUSE en lettres grasses qui barre la Une d’un quotidien, cela a plus de gueule qu’un petit philosophe de bazar au 20 heures de TF1".

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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