Avenir

Soutien à la décision de Paul Vergès

Unanimité du Comité central du Parti Communiste Réunionnais

30 mai 2003

Le Comité central du Parti communiste réunionnais s’est réuni mercredi soir, suite à la décision annoncée lundi dernier par Paul Vergès à la presse : le président du Conseil régional et sénateur de La Réunion a demandé aux responsables de son parti de le libérer des ses responsabilités de la présidence du P.C.R.. Cela, afin qu’il puisse se consacrer au maximum à l’élaboration concertée d’un plan de développement durable et solidaire de notre île avec toutes les forces vives du pays.
Au cours de cette réunion, les responsables du parti ont entendu un rapport d’Élie Hoarau sur la situation politique et sur la décision de Paul Vergès, acceptée par le secrétariat du PCR. Après une discussion vivante et constructive sous la présidence de Pierre Vergès, le Comité central a adopté une résolution « approuvant - à l’unanimité - la décision de Paul Vergès ». On lira ci-après le texte de cette résolution.

Une partie de plus en plus importante de la population constate que, pour faire passer ses réformes, le gouvernement a décidé d’engager l’épreuve de force. L’opinion est convaincue que ces réformes ne sont l’objet, ni de négociations, ni d’une information claire. Plus grave, ces réformes sont perçues comme poursuivant toutes un objectif clair : satisfaire au dogme d’un libéralisme absolu qui exige une réduction brutale des dépenses publiques.
Le sentiment de l’opinion est que ces réformes ne visent pas à rétablir l’égalité entre des citoyens de la République par le jeu de la solidarité. Au contraire, ces réformes, si elles aboutissent, vont concourir à rendre les personnes vulnérables encore plus défavorisées.
Parce qu’elles remettent en cause les politiques de la santé, de l’enfance et de la famille, parce qu’elles favorisent la précarité de l’emploi, ces réformes, par leurs inégalités sociales, accentueront l’inégalité des chances et mettent en péril tous les droits acquis au prix de décennies de luttes. Et, pour détourner l’attention et tenter de démobiliser, certains gouvernants se livrent à la mise en accusation de catégories socioprofessionnelles désignées comme étant responsables de l’actuelle situation de crise et d’inégalité.

L’opinion publique s’est massivement mobilisée car elle estime que, pour commencer, le gouvernement s’en prend d’abord aux fonctionnaires avant de poursuivre avec les chômeurs et continuer avec d’autres catégories comme les planteurs, sur lesquels pèsent - plus que jamais - les menaces de la réforme de la politique agricole commune. Le gouvernement tente ainsi de créer la division entre les citoyens de la République.
À La Réunion, cette politique constitue la plus grave menace de catastrophe sociale depuis les cinquante dernières années.
Nous ne pouvons pas l’accepter car ces réformes nous placent dans une véritable situation de légitime défense.
C’est pourquoi, à un moment où le gouvernement ne propose qu’une loi programme de portée très limitée et, de surcroît, anéantie par des mesures antisociales, nous avons le devoir de chercher comment passer d’un front du refus de ces réformes brutales et non négociées à une "Réunion" de propositions pour un développement solidaire et durable.

Cette situation de crise, sans précédent depuis cinquante ans, a conduit Paul Vergès à prendre la décision de se mettre en congé de son parti, à la responsabilité de Président.
En effet, à ses activités de Président de la Région - poste auquel il œuvre à la réalisation d’un accord allant au-delà de la majorité régionale - s’ajoutent d’autres responsabilités. C’est en tant que sénateur, que Paul Vergès a pu faire voter - à l’unanimité des deux assemblées (Sénat et Assemblée Nationale) une loi faisant des changements climatiques, une priorité nationale. C’est pourquoi il doit assumer également la Présidence de l’Observatoire Climatique National découlant de cette loi forgée pour scruter l’avenir de la planète.

Paul Vergès a estimé qu’il est de son devoir de Réunionnais de consacrer désormais toute son énergie à l’écoute, au débat, afin d’être à même de contribuer ensuite à l’élaboration d’un projet porté, non par lui seul, mais par tous les habitants de La Réunion soucieux d’un développement durable, dans la solidarité, la responsabilité et par l’effort de chacun en s’interdisant de désigner telle ou telle personne, telle ou telle force sociale comme responsable de tous les maux de La Réunion.

PARCE QUE NOUS SOMMES TOUS CONCERNÉS

Pour que ne nous soient pas imposées des mesures que nous n’avons pas souhaitées et même que nous refusons comme, par exemple, la décentralisation d’une partie des personnels de l’Éducation Nationale, nous devons - de toute urgence - proposer une alternative à laquelle toutes les forces vives - plaidant en faveur du maintien et du renforcement d’un service public de qualité, véritable socle d’une société réunionnaise solidaire - soient mises en mesure de contribuer à son élaboration.

Nous comprenons la démarche de Paul Vergès.
Nous la comprenons d’autant plus qu’à l’occasion de multiples batailles décisives pour le progrès social et l’épanouissement de l’identité réunionnaise dans l’égalité et la responsabilité, nous avons bénéficié de son éclairage déterminant.
Pour notre part, en charge de l’organisation de notre Parti, engagés dans des compétitions démocratiques, parfois immédiates telles les échéances électorales à venir, nous nous efforcerons de tenir notre rôle politique tout en contribuant, dans la mesure du possible, à l’élaboration de mesures réunionnaises, particulièrement celles visant à garantir la protection des personnes les plus fragiles.

Nous appelons chaque militante et chaque militant de notre Parti à informer, encore et toujours, l’opinion de la gravité de la situation et de la nécessaire solidarité entre tous les citoyens de notre île.
C’est de cet effort redoublé que pourra naître un nouveau contrat social liant les citoyens de l’île entre eux - quelles que soient leurs origines sociales, géographiques, culturelles ou cultuelles - et l’État dans son devoir d’égalité envers les habitants d’un territoire de la République.

C’est pour cet ensemble de raisons que nous, membres du Comité Central, approuvons - à l’unanimité - la décision de Paul Vergès.

Fait au Le Port, ce 28 mai 2003


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