Politique

Toujours aucune notification officielle

La question des C.E.S. n’est pas réglée

19 août 2003

Malgré les déclarations de Brigitte Girardin sur le maintien du nombre de CES, cette question n’est pas réglée. Et il n’y a, à La Réunion, qu’un très petit nombre de personnes qui croient que tout va aller pour le mieux, qu’il n’y a plus aucune raison de se faire du souci, et que les problèmes vont se résoudre d’eux-mêmes. Or, que ce soit dans les Mairies ou dans les associations, l’humeur est à la morosité, au scepticisme et à la vigilance : la rentrée, c’est dans huit jours et tous les dossiers sont bloqués, rien ne peut se faire. L’information donnée le mardi 12 août dernier par Brigitte Girardin, oralement, n’a toujours pas trouvé d’application écrite concrète, susceptible de faire ’repartir la machine’. Aucune notification du quota définitif n’a été faite par les ministères - ni de l’Emploi ni de l’Outre-mer - vers la Direction du Travail (DDTEFP) à La Réunion, et par conséquent de cette structure aux Mairies et associations. Encore un déficit de communication, probablement...

Les propos tenus mardi dernier par la ministre de l’Outre-mer sur les ondes de Télé-Réunion n’ont pas réglé tous les problèmes, bien au contraire. En effet, dans les mairies, on ne connaît toujours pas exactement le nombre de mois CES affectés pour ce second semestre. Et pour cause : il n’y a encore eu, jusqu’à hier, lundi soir, aucune notification officielle en provenance des ministères - et notamment celui de l’Outre-mer - pour affirmer noir sur blanc les "quotas" à affecter.
Pour reprendre l’expression d’un administratif d’une mairie : « on ne gère rien du tout : on fait avec ce que l’on a, mais il faut bien se dire que, au vu de ce que l’on a, on est pas sûr d’être dans les normes de sécurité pour la rentrée ». Cet administratif de la zone Est de l’île n’est sûrement pas le seul à se faire du souci.
Ainsi, un responsable de service CES explique que tous les dossiers sont en attente à la Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle (DDTEFP), et qu’aucune autre embauche ne peut se faire : « Les Réunionnais ont entendu que les quotas étaient maintenus, ils reviennent nous voir. Nous ne pouvons rien leur dire de concret, puisque rien ne nous a été notifié, ni quota ni délai ». Et de faire clairement comprendre que cette attitude n’est pas très... constructive.

La vigilance reste de mise

Comme le souligne un responsable d’association dans le Sud : « La ministre ne se rend pas compte de ce qu’elle a dit : elle a incité les Réunionnais à repartir dans les associations faire réactiver leur demande de CES, quand elle a dit que les quotas sont maintenus. Depuis ce matin (lundi - NDLR), je n’arrête pas de répondre au téléphone aux gens à qui j’ai dit que je ne pouvais rien faire tant que je ne savais pas combien de contrats j’allais avoir. Mais quand je dis que je ne peux encore rien dire, parce que je n’en sais rien, parce que, à la Direction du Travail, on n’en sait rien non plus, là, les Réunionnais ne comprennent plus. Ou alors ils comprennent qu’on les a pris pour des c… ou qu’il va y avoir un coup en douce derrière ».
Et chacun de penser que la vigilance reste de mise. Certains essayent de calmer le jeu et d’apporter des garanties. (voir en encadré le communiqué du député-maire du Tampon) Mais pour d’autres, ces déclarations ne sont pas suffisantes.
En effet, de par le passé, des engagements ont été pris mais pas tenus. Comme pour les emplois-jeunes, par exemple. Il est probable que la tension se réduira d’un cran lorsque chacun aura eu la "notification de ses quotas" : aussi bien en nombre de personnes à embaucher que sur la durée des contrats à faire signer.

25 % d’associations touchées ?
Jusqu’à l’annonce de Brigitte Girardin, les associations réunionnaises avaient été priées de surseoir à toute nouvelle embauche. Depuis cette annonce, il en va de même, puisqu’aucune notification n’a été envoyée à la DDTEFP par les ministères, pour le deuxième semestre. Toujours est-il que les associations vont payer un lourd tribut à ce "déficit de communication".

Selon certaines estimations, près de 25% des associations réunionnaises connaissent ou vont connaître dans les tous prochains jours, de grosses difficultés ; et des difficultés qui ne concernent pas seulement la trésorerie.

Prenons l’exemple de cette association agissant dans le domaine de l’insertion. Elle travaille avec des Réunionnaises et des Réunionnais dans la confection d’objets artisanaux destinés à être vendus aux touristes. Ces réalisations sont l’œuvre de personnes recrutées en contrat CES ou CIA.

La grande partie de l’effectif de production a vu son contrat se terminer fin juin ou début juillet. Généralement, une autre "promotion" venait prendre la relève. Or, aucune nouvelle embauche n’a pu se faire pour les raisons précédemment évoquées.

Conséquences : il n’y a plus de production, donc il y aura moins d’objets à vendre, donc moins de rentrée d’argent, donc davantage de souci pour la pérennisation du poste d’encadrant et pour financer les projets d’agrandissement et d’amélioration.

Par ailleurs, l’intervenant extérieur chargé de former le personnel aux techniques de base étant vacataire, lui aussi est touché. Il va avoir un sacré manque à gagner durant deux mois de suite...

« Comment on va rattraper le retard ? »
La responsable de l’association confiait, au lendemain de l’annonce de Brigitte Girardin : « C’est bien, mais comment on va rattraper le retard ? On avait fait un budget mais on n’avait pas prévu qu’il y ait deux mois de "creux" au milieu des rentrées. C’est toute notre association qui va vaciller. Car si l’on ne tient pas nos engagements, ce sont toutes les autres aides qui vont être revues. Et avec la révision de ces autres aides, c’est notre survie qui est en jeu ».

Cette association a deux permanentes et six personnes en contrats précaires. Huit Réunionnaises et Réunionnais sont donc concernés, plus ou moins directement. Combien d’associations sont-elles dans ce cas ? Combien d’autres associations vont-elles faire les frais de ce "déficit de communication" ?

Et que va-t-il advenir de ces Réunionnaises et Réunionnais ayant signé des contrats avec des associations - sans que celles-ci aient eu "le feu vert" de la DDTEFP - et qui se retrouvent aujourd’hui, sans emploi ? Quelles solutions pour eux ?

Des consignes vont-elles être officiellement données pour que ces personnes puissent réintégrer leur contrat sans problème ? Et si tel ne devait pas être le cas, quelles solutions pour elles ?

Et pour les associations qui ont anticipé pour ne pas casser la dynamique ?

D. B.

André Thien-Ah-Koon : « Il nous incombe de veiller »
Dans un communiqué publié hier soir, le député-maire de Tampon rappelle que « La Réunion est le département français qui a le plus fort taux de chômage ». Et de très loin, pourrions-nous ajouter. (voir la page suivante)

« L’importance de l’emploi aidé sur les fonds publics est donc considérable. Elle est vitale notamment pour les jeunes demandeurs d’emploi. La solidarité nationale doit donc continuer à s’exprimer », ajoute André Thien Ah Koon.

Et celui-ci de se vouloir rassurant en rappelant les annonces ministérielles de mardi dernier : « Madame Girardin, Ministre de l’Outre-Mer, au nom du Gouvernement, a apporté toutes les assurances quant au maintien du quota des Contrats Emploi Solidarité (CES) pour l’année 2003 alors même que, pour des raisons budgétaires, une diminution du nombre de CES a été appliquées en Métropole ».

« Dans ce cadre, nous apprend l’élu tamponnais, une réunion de travail s’est tenue dans le bureau de la Directrice de Cabinet du Ministre de l’Outre-Mer le jeudi 14 août 2003 ». Donc jeudi dernier, il y a cinq jours. Mais depuis, sur le terrain, dans les bureaux des mairies et des associations, les réponses concrètes attendues ne sont toujours pas arrivées. (voir notre article)

Par ailleurs, le député-maire du Tampon écrit qu’il est « en mesure d’annoncer qu’à La Réunion, la dotation des Contrats Emploi Consolidés (CEC) sera maintenue au même niveau que pour l’année 2002 ».

« La Réunion bénéficiera pour 2003 d’un quota de 1.327 contrats, soit 663 contrats pour le 2ème semestre, auxquels s’ajouteraient les contrats éventuellement non utilisés dans les départements d’Outre-Mer », précise-t-il en ajoutant : « cette dotation de CEC encourageante vient conforter la dotation de CES également maintenue au même niveau que pour l’année 2002 ».

« En toute hypothèse, ajoute André Thien Ah Koon, les emplois aidés doivent s’accompagner de la création d’emplois durables grâce à la loi programme pour l’Outre-Mer. Aussi, il nous incombe de veiller à ce que les chiffres de l’emploi à La Réunion continuent de s’améliorer, notamment pour les femmes qui ne sont pas assez prises en compte dans les budgets communaux ».

Vous avez dit « veiller »… ? C’est bien le but du Comité de vigilance sociale qui s’est constitué hier dans le Sud de l’île. (voir en pages 2 et 3) Et l’on peut compter sur l’ensemble des Réunionnais pour veiller à ce que les paroles soient traduites dans les actes.


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