Social

« Transfèr pa nou san konsilt anou »

Mobilisation pour les retraites et les services publics

15 avril 2003

Devant l’inquiétude que font naître les transferts décidés par le gouvernement, la demande la plus générale porte sur l’exigence d’une concertation avec l’ensemble des acteurs. Une délégation de plusieurs syndicats et organisations soutenant les grévistes de la Fonction publique a été reçue hier par la députée Huguette Bello à sa permanence de Saint-Paul. La CGTR, le SGEN-CFDT, le SNFOLC, la FCPE, l’UNSA et la FSU étaient représentés par huit personnes auxquelles la députée de la 2ème circonscription a fait part de l’avis que les parlementaires progressistes réunionnais ont communiqué au ministre de l’Éducation.

Le 10 avril dernier, alors que le système éducatif en place à La Réunion était déjà paralysé par le début de la grève, le sénateur Paul Vergès et les députés Huguette Bello et Christophe Payet ont écrit au ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, Luc Ferry, pour lui expliquer qu’en dépit des embarras causés par la grève, celle-ci rencontrait la compréhension de la population, qui craint - expliquaient-ils - « une remise en cause et un démantèlement du service public de l’enseignement ». Les parlementaires ont écrit au ministre que les personnels non enseignants « voient dans ce projet une atteinte à leur missions et à leur statut », tandis que les collectivités locales, non consultées sur ce dossier, n’ont pas « exprimé le souhait d’un tel transfert ». Les parlementaires ont surtout rappelé le refus des collectivités territoriales de voir les transferts de compétences aboutir, pour elles, à une augmentation des charges et pour l’État, à un désengagement. La priorité pour les collectivités réunionnaises, disaient-ils encore, reste « la création des postes pour le rattrapage des retards accumulés et la prise en compte des besoins générés par la progression démographique » et les parlementaires concluaient en invitant le ministre à engager le dialogue avec les personnels le plus rapidement possible.

Le lendemain, 11 avril, la motion adoptée par la Commission permanente de la Région allait dans le même sens, en réitérant le refus d’une décentralisation qui se traduirait par un désengagement financier de l’État, en affirmant l’attachement au service public de l’enseignement, en rappelant l’urgence du rattrapage et en réaffirmant l’urgence d’ouvrir la concertation sur tous ces points.
Les positions des collectivités locales réunionnaises et de ces élus sont ainsi clairement énoncées depuis le début du mouvement : rien de bon ne peut se faire sans concertation.

Dysfonctionnement dans la concertation

C’est aussi ce que Huguette Bello a dit aux syndicalistes, en pointant les ratés du gouvernement dans la mise en œuvre de la réforme constitutionnelle - une réforme approuvée le 17 mars par le Congrès, ratifiée par le Parlement à travers l’adoption de la loi promulguée par le président de la République le 28 mars. Mais dès le 12 mars, c’est-à-dire avant-même la réunion du Congrès, une lettre des deux ministres de l’Éducation nationale et de l’enseignement scolaire, MM. Luc Ferry et Xavier Darcos, annonçaient dans une « lettre aux conseillers d’orientation-psychologues » qu’en vertu des débats ouverts par les Assises des libertés locales « la décision a été prise de transférer aux Régions les conseillers d’orientation-psychologues et les directeurs de centres d’information et d’orientation (CIO) ». La suite de la lettre exposait les modalités du transfert et annonçait la concertation.
Mais la façon de procéder des deux ministres, en affichant une décision de transfert avant même le vote de la loi censée fonder les mesures de décentralisation, signale pour le moins un dysfonctionnement dans la mise en œuvre de la concertation.

Les collectivités pas écoutées

C’est ce qui a fait dire à Pierre Vergès, interrogé hier par RFO-Réunion « transfèr pa nou san konsilt anou » - une formule en forme de réponse du berger à la bergère, pour rappeler que, de toutes les propositions "remontées" des collectivités locales au gouvernement sur la loi-programme, il n’en est pas une qui ait été transmise au Conseil des ministres.
Faut-il en déduire qu’il n’est pas dans les priorités du gouvernement d’écouter les voix des collectivités vers lesquelles il s’apprête à opérer les transferts de compétences ? Imposer des transferts que les collectivités ne sont pas en mesure d’assumer, d’une part à cause de l’état actuel du système éducatif en place à La Réunion, et d’autre part en raison des pressions démographiques qui se font sentir dans tous les domaines, c’est « risquer de porter atteinte au service public » a poursuivi Pierre Vergès hier en indiquant qu’une délégation du PCR se rendrait à la manifestation de ce matin.


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