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18 août 2007
« Acheter des armes de guerre à Nice ? C’est très facile ». Sous ce titre de 5 colonnes à la Une, “Nice-Matin”, le quotidien régional, publie le 15 février dernier une photo de deux hommes - dont on ne voit pas le visage - exhibant de lourds calibres.
Légende : « Alors que la législation sur la détention d’armes s’est considérablement durcie, des armes de guerre - ici, un Uzi et une Kalachnikov - se vendent en fraude à Nice pour moins de 2.000 euros ».
Sauf que l’Uzi et la Kalachnikov sur la photo sortent tout droit d’une armurerie et que les deux personnages sont à la ville... policier et journaliste !
Quand “Nice-Matin” publie cette Une et un article racontant comment un de ses journalistes est entré en contact avec un trafiquant en vue de lui acheter des armes lourdes, le Procureur de la République à Nice, Eric Montgolfier, lance une enquête pour vérifier si, comme l’écrit le journal, « des Kalachnikovs se vendent à Nice sous le manteau ». Un armurier, cité par “Nice-Matin”, vend la mèche : il a fourni des armes à un journaliste du quotidien, à la demande du Commissariat de Nice. Et voilà nos deux compères reporter et policier gambadant sur les hauteurs de la ville, pétoires à la main, devant l’objectif d’un photographe.
Le Rédacteur en chef de “Nice-Matin”, Dominique Dabin, reconnaît les faits, mais ne voit pas le problème : « L’enquête montre qu’il y a bien des armes à Nice ; comme ce n’était pas facile à illustrer, il a bien fallu monter une photo, mais on ne s’en cache pas du tout ». Pardi. Les faussaires n’ont même plus honte. Les lecteurs sont bernés par des mensonges. Mais il ne s’en cache pas.
C’est curieux, cela nous rappelle peut-être un certain journal réunionnais qui afficha en Une, pour illustrer un fait-divers, une photo montage de deux parlementaires. Que l’un des deux ne fut pas présent le jour où ce fait-divers arriva, peu importait à ce journal. Pas un mot d’excuse. Rien. Il continua à répandre le doute (infondé) et la rumeur. Comme quoi, il faut pas aller loin pour trouver de curieuses pratiques journalistiques.
L’Intérimaire
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