Social

« Un débat sur la situation qui prévaut à La Réunion »

Appel au dialogue lancé par plusieurs conseillers généraux

24 avril 2003

Voici la motion proposée par l’opposition du Conseil général à la suite du vote de la motion sur le transfert des TOS (techniciens et ouvriers de services ) adoptée par la Commission permanente de la collectivité, hier. Les signataires sont : Julien Ramin, Roland Robert, Jean-Yves Langenier, Philippe Leconstant, Alain Armand et Daniel Tholozan.

« Depuis plusieurs mois, la situation sociale à la Réunion est très tendue.
Après les emplois-jeunes, ce sont les agents de l’Éducation nationale qui se sont mobilisés. Ces mouvements s’inscrivent dans un contexte général où s’expriment des inquiétudes qui balaient l’ensemble des couches sociales de l’île : le projet de réforme constitutionnel a fait renaître la peur d’une séparation, les politiques européennes (initiatives "tout sauf les armes", réforme de la PAC) inquiètent le monde agricole et plus particulièrement les planteurs de canne. Le défi du million d’habitants avec ses contraintes fait de plus en plus s’interroger les Réunionnaises et les Réunionnais.
D’autres secteurs, d’autres couches de la population peuvent d’un moment à un autre se sentir concernés et se mettre en mouvement. Le projet de réforme du système de retraites est mal reçu tandis que les journaliers communaux de l’île s’impatientent.
Aussi, de nombreuses voix s’élèvent pour dire que le moment est venu pour revoir des pans entiers de la politique menée à la Réunion (aménagement du territoire, politique de déplacements internes et externes, formation des prix, inégalités des revenus etc.) afin de proposer des solutions mieux adaptées.
Les conseillers généraux soussignés invitent le président du Conseil général à organiser dans les plus brefs délais une session extraordinaire de notre assemblée de manière à organiser un débat sur la situation qui prévaut à La Réunion et afin de faire, en concertation avec les forces vives, aux autres élus de La Réunion et au gouvernement, des préconisations notamment dans le cadre de la discussion sur la loi-programme ».

Le Conseil général dit non au transfert de la Fonction publique
Hier, le président du Département a affirmé que le Conseil général n’est pas "preneur" du transfert des fonctionnaires non-enseignants des collèges vers sa collectivité. On rappelle que la Région, dans une motion adoptée le 11 avril dernier, « demande à l’État d’ouvrir sans délai la concertation avec le personnel de l’Éducation nationale avant toute réforme ». Les élus de proximité et les fonctionnaires sont porteurs de la même revendication : le dialogue.
Revue de presse
L’ampleur de la mobilisation dans la Fonction publique à La Réunion fait l’objet d’articles dans la presse métropolitaine. Nous reproduisons ci-après un article paru dans "l’Humanité" de mardi et une dépêche de l’agence Associated Press.
"L’Humanité" : "Mobilisations : La Réunion grimpe au sommet"

« Il a suffit de quelques jours pour que l’île s’embrase et monte à la corde des mobilisations. Engagé depuis près de deux semaines, le mouvement de grève qui s’est emparé des collèges et lycées de la Réunion n’a pas faibli. Au contraire. Près de 90% des établissements du second degré - soit plus d’une centaine - ont aujourd’hui cessé toute activité, tandis que l’Université vient d’annoncer qu’elle rejoignait le mouvement. Mardi 15 avril, les fonctionnaires de l’éducation se rassemblaient à Saint-Denis pour l’une des plus grosses manifestations observées depuis longtemps. Quinze mille personnes selon la police, 20.000 selon les manifestants : « On n’avait jamais vu cela, s’étonne encore Sébastien Foissier, prof de français à Saint-Leu. Peut-être en 1973... Mais une telle mobilisation est vraiment exceptionnelle ». De fait, l’académie de La Réunion est celle où le mouvement s’avère le plus suivi.

Les raisons de la colère : similaires à celles exprimées en métropole. La décentralisation, d’abord, quand l’éloignement des sièges administratif en obscurcit le processus. « À qui reviendra la charge des missions d’orientation une fois que les conseillers ne seront plus là ? aux profs ? », questionne Sébastien Foissier. La suppression des postes de MI-SE, ensuite, dans un département où 41% de la population active [1] est frappée par le chômage. Et le montant des pensions de retraite, enfin. Bénéficiant d’une bonification de 35%, justifiée par un coût de la vie majoré, les fonctionnaires réunionnais voient aujourd’hui cette exception remise en cause par le dernier rapport de la Cour des comptes. Celui-ci dénonce le fait que tout fonctionnaire venant prendre sa retraite à la Réunion puisse profiter de cette mesure. « C’est oublier que beaucoup d’entre eux sont des Réunionnais qui rentrent au pays », commente l’enseignant, qui redoute par ailleurs que cela ouvre la porte à la remise en cause de l’ensemble du montant des pensions. « Le coût de la vie est élevé ici, tout le monde le reconnaît. Qu’il s’agisse de l’alimentation, de l’automobile ou de l’immobilier, les prix sont au moins 30% plus élevés que dans la métropole ». Une bataille qui, pour autant, ne fait pas l’unanimité parmi les habitants de l’île.

Associated Press : "Troisième semaine de grève à La Réunion"

« Une semaine après une manifestation monstre qui a rassemblé 15.000 (selon la police) à 20.000 personnes (selon les organisateurs) à Saint-Denis, le mouvement de grève des personnels de l’Éducation nationale dans l’île de La Réunion entre mardi dans sa troisième semaine. L’intersyndicale (FO/FSU/SGEN-CFDT/SGEPEN-CGTR/UNSA), qui dénonce la réforme transférant aux collectivités locales les personnels non-enseignants des lycées et collèges, a en effet décidé de reconduire la grève jusqu’à mercredi soir et appelle à une nouvelle manifestation mercredi matin à Saint-Pierre. Selon un des porte-parole de l’intersyndicale, Yvon Virapin, « le mouvement ira jusqu’au retrait » de la réforme. Jusqu’à présent, toutes les propositions de l’État ont été rejetées en bloc par les grévistes, qui souhaitent que le projet de décentralisation soit entièrement révisé au niveau national et refusent que le débat se limite aux seules spécificités de La Réunion. L’effectif total de l’Éducation nationale dans l’île (enseignants et non-enseignants) représente 18.000 personnes ».


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