Hier matin dans les rues de Saint-Benoît, un défilé de petits manifestants d’une toute autre nature, est parti dès 9 heures 30 du Théâtre des Bambous. Habitué aux marches revendicatives des mois de mai et juin dans l’Éducation nationale, le parcours emprunté par les enfants de Saint-Benoît affichait des couleurs beaucoup plus festives. Près de 500 enfants de cinq centres aérés et de colonies de vacances âgés de 3 à 15 ans ont remonté l’avenue Jean Jaurès jusqu’au Gymnase Bouvet.
Tous avaient unanimement choisi de mettre l’accent sur un thème central : la protection de l’environnement. À l’image de l’école maternelle "Girofle" où les petits ont appris dès leur première semaine à prendre soin de leur planète : « nous leur avons expliqué le recyclage, qu’il ne fallait pas jeter inutilement. La première semaine était de la théorie avec des mini-pièces. Celles-ci traitaient aussi bien de la mer que de la forêt. Par exemple, les enfants imitaient le retrait de la mer tandis que d’autres marchaient sur les coraux ou les coquillages. De cette façon, ils se sensibilisaient sur la protection du lagon. Nous avons monté des pièces avec des feux de forêts, des canettes de coca jetées ou encore des enfants qui arrachaient les fleurs de la Plaine. Alors d’autres marmailles déguisés en agents de l’ONF intervenaient… Nous avons même créé un séga avec des paroles sur le recyclage… », a relaté avec joie Reine-Claude, animatrice du centre.

Emploi-jeune durant le restant de l’année scolaire, celle-ci n’hésite pas à s’inscrire dans les centres aérés en tant qu’animatrice depuis 1994. « Pour moi c’est aussi être en vacances », souligne la jeune mère de famille. Habillés de sacs d’engrais, de papier recyclé ou de sacs poubelles, les enfants sont fiers de déambuler au son des énormes poubelles bleues en plastique, transformées à l’occasion en tambours dignes du grand carnaval de Rio.
Même les slogans des adultes durant les grèves - « on n’est pas fatigués » - sont chantés en chœur. Plusieurs sorties ont été organisées par les différents centres pour découvrir la nature et la protéger : le parc Exotica, le Bocage, CrocParc, du quad découverte pour les ados, la descente du Maïdo en VTT ou du kayak des mers...
Les colonies de vacances ont opté pour des séjours à L’Étang-Salé et à La Plaine des Cafres. Les 8-12 ans ont visité l’usine de recyclage du Port et tous ses maillons. Même les granulés ont été récupérés afin de donner lieu à une exposition sur le recyclage au sein du Gymnase.
« Les enfants sont aussi bons que les animateurs. Autant la première semaine, nous les avons aiguillés dans les activités, autant dans la deuxième, ce sont eux qui ont tout créé. Il est reconnu de toute façon qu’à partir de 7 ans, un enfant est capable de monter un projet. C’est que nous avons fait », ont indiqué George Bègue, directeur de la colonie et Christophe assistant sanitaire. Les visites pédagogiques ont permis aux enfants de visiter la "maison Camarron" de Saint-Paul.

S’épanouir encore plus

Pour plusieurs animateurs dont c’était la première expérience, comme Joseph au centre Raphaël Élie, ou Séverine pour l’encadrement des ados et Maïté en tant qu’assistante sanitaire, être parmi les enfants et les entourer de toute leur attention, leur a donné l’occasion de s’épanouir encore plus.
Pour beaucoup de jeunes, dont le groupe "Flamboyant" du centre de Bras-Fusil, venir chaque année est une manière de retrouver des amis et d’élargir leur réseau.
Il est à noter que, dans chaque centre, la sécurité sanitaire est assurée par une personne attitrée : « nous nous occupons de tous les maux des enfants. Nous avons des trousses à pharmacie avec des pharmadoses, sortes de cotons imprégnés. Nous n’avons pas le droit de donner des médicaments comme de l’aspirine ou du mercurochrome, à cause des allergies. Si les enfants ont de la température, nous alertons les parents », explique consciencieusement la jeune Maïté.
Au cours de l’après-midi, théâtre de marionnettes, danses, chants, sketches et moringues étaient prévus au programme.
Tout le monde a hâte que la prochaine édition d’octobre se déroule rapidement. Cela risque de se bousculer au portillon pour les inscriptions.