Logement étudiant

Un désengagement du gouvernement ?

Baisse de l’allocation logement et transfert de compétence

30 août 2003

Contre l’avis de la Caisse nationale d’allocations familiales, le gouvernement a diminué par décret les aides au logement pour les couples d’étudiants. Par ailleurs, dans le cadre de la décentralisation, le logement social pourrait être confié aux communes. En rapprochant les deux textes, la question reste posée : ne va-t-on pas vers un désengagement de l’État dans le domaine du logement étudiant et de son financement ?

En l’espace de quelques semaines, deux textes gouvernementaux ont posé la question du logement des étudiants et de l’aide qui leur est apportée. L’un des textes est le projet de loi de décentralisation, et l’autre un décret paru dans le Journal Officiel en juin. En rapprochant les deux textes, la question reste posée : ne va-t-on pas vers un désengagement de l’État dans le domaine du logement étudiant et de son financement ?
En effet, l’une des constantes dans la politique du gouvernement, c’est faire des coups en douce, des coups portant atteinte, toujours, au pouvoir d’achat des plus défavorisés. Ce fut le cas avec l’annonce de la baisse du taux de remboursement de certains médicaments, un week-end, et par la publication au Journal Officiel d’un décret.
C’est la même procédure que le gouvernement a employée, cette fois pour baisser de façon énorme les allocations perçues par les étudiants vivant en couple.

Contre l’avis de la C.N.A.F.

Sur son site internet, la CAF (Caisse d’allocations familiales) en France publie un communiqué indiquant que les 123 Caisses locales vont appliquer deux décrets entrés en vigueur au 1er juillet 2003 : non seulement celui concernant les aides au logement pour les couples d’étudiants, mais aussi celui concernant les jeunes actifs de moins de 25 ans dont les ressources sont faibles ou sans aucune ressource.
La CNAF précise : « Consulté conformément à la loi, le Conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) a émis les 22 octobre 2002 et 6 mars 2003 un avis défavorable, indiquant que ces deux mesures "conduiraient à une diminution importante des aides au logement pour les allocataires concernés" ».
Une fois de plus, les avis des professionnels n’ont pas été pris en compte par le gouvernement. Ces décrets ayant été publiés, les 123 Caisses d’allocations familiales sont maintenant tenues de les appliquer. Ainsi, depuis le 1er juillet 2003, « le plancher de revenu pris en compte pour le versement de l’aide au logement des couples d’étudiants est augmenté de 2.000 euros. Cette mesure concerne 25.000 couples », conclut la CNAF. Pour information, l’an dernier, 6 millions d’allocataires, dont 660.000 étudiants, ont touché une aide au logement pour un montant de 12,8 milliards d’euros.

Motus à La Réunion

À La Réunion, comme en France, l’information est passée dans le silence le plus complet. Pour cause de "vacances", pour cause d’informations plus "sensationnelles" aussi.
Mais la chasse au logement étudiant a déjà commencé depuis longtemps. À La Réunion, on le sait bien, il faut pratiquement s’y prendre deux mois avant le bac, pour avoir éventuellement une petite chance d’en décrocher un. Et dans quelles conditions ?
Il est bien évident que, là aussi, le pouvoir d’achat des parents a un impact certain sur le type de logement recherché. Mais là n’est pas aujourd’hui la question. Les étudiants qui vivent en couple vont-ils pouvoir faire face à cette attaque de leur pouvoir d’achat ?
Comment vont-ils pouvoir équilibrer un budget qui, lorsqu’il intégrait une allocation pleine, n’était pas pas équilibré ? Vont-ils devoir se tourner vers leurs parents ? Ceux-ci vont-ils avoir les moyens financiers de leur donner un coup de main ?
Et dans le même temps, toujours pour ce qui est du logement étudiant, le gouvernement envisage la décentralisation. La situation n’a pas fini de se complexifier.


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