SPECIAL TELE

’Un matin de bonne heure’

31 juillet 2006

Ce pourrait être la chronique d’un jour ordinaire n’importe où dans le monde, eh bien non ! ce film illustre tout le drame de l’Afrique.

Ce soir sur Tempo va être diffusé un film franco-guinéen "Un matin de bonne heure". Il est bon de rappeler que l’origine de ce film est l’histoire vraie de deux jeunes Guinéens qui ont tenté l’aventure européenne.
Yaguine Koita (14 ans) et Fodé Tounkara (15 ans) furent le 28 Juillet 1999 les passagers clandestins du vol 520 Sabena Airlines en provenance de Conakry (Guinée) et à destination de Bruxelles (Belgique). Leurs corps morts de froid furent découverts le 2 août dans le train d’atterrissage arrière droit de l’appareil à l’aéroport international de Bruxelles. Dans leurs affaires, les garçons transportaient dans des sacs plastiques leurs certificats de naissance, leurs cartes de scolarité, des photos et une lettre. Cette lettre, écrite dans un français imparfait, fut largement publiée dans les médias du monde entier.
Lorsque la télévision diffuse de telles œuvres, elle joue son rôle de passeur d’informations, et l’on ne peut laisser sous silence de tels évènements. Il aurait été bien entendu préférable que ce film soit suivi d’un débat sur l’"Avenir" du continent africain. Dans tous les cas, il est souhaitable de donner une large publicité à de telles réalisations. On ne peut pas programmer une œuvre comme celle-ci sans avertir le public de l’importance que revêt cette histoire au regard d’une Afrique exsangue et face à une politique répressive de l’immigration en Europe.
La lettre des jeunes adolescents africains nous jette à la figure nos propres contradictions. Nous refoulons les immigrés, mais nous sommes incapables de les aider à construire un devenir viable sur leurs propres territoires. Comme je l’ai dit dans mon Télé-Décryptages, "Un matin de bonne heure" n’est pas un chef d’œuvre, mais il a le mérite de poser le socle d’une discussion sur l’immigration, et notre département d’Outre-mer, qui est sans doute l’un des plus africains, ne peut pas éviter cette réflexion qui doit s’ouvrir : "Comment aider l’Afrique à vivre tout en restant elle-même" ? Comment aider les Africains à jouir pleinement de leurs droits d’Hommes sur leur territoire et en plein accord avec leurs us et coutumes ?"
Les pistes pour cette réflexion sont dans le courrier de ces 2 innocentes victimes de notre égoïsme tout occidental.

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


Texte original de la lettre en français

Excellences, Messieurs les membres et responsables d’Europe,
Nous avons l’honorable plaisir et la grande confiance de vous écrire cette lettre pour vous parler de l’objectif de notre voyage et de la souffrance de nous, les enfants et jeunes d’Afrique.
Mais tout d’abord, nous vous présentons les salutations les plus délicieuses, adorables et respectées dans la vie. A cet effet, soyez notre appui et notre aide. Vous êtes pour nous, en Afrique, ceux à qui il faut demander au secours. Nous vous en supplions, pour l’amour de votre continent, pour le sentiment que vous avez envers votre peuple et surtout pour l’affinité et l’amour que vous avez pour vos enfants que vous aimez pour la vie. En plus, pour l’amour et la timidité de notre créateur Dieu le tout-puissant qui vous a donné toutes les bonnes expériences, richesses et pouvoirs de bien construire et bien organiser votre continent à devenir le plus beau et admirable parmi les autres. Messieurs les membres et responsables d’Europe, c’est de votre solidarité et votre gentillesse que nous vous crions au secours en Afrique. Aidez-nous, nous souffrons énormément en Afrique, nous avons des problèmes et quelques manques au niveau des droits de l’enfant.
Au niveau des problèmes, nous avons la guerre, la maladie, le manque de nourriture, etc. Quant aux droits de l’enfant, c’est en Afrique, et surtout en Guinée nous avons trop d’écoles mais un grand manque d’éducation et d’enseignement. Sauf dans les écoles privées où l’on peut avoir une bonne éducation et un bon enseignement, mais il faut une forte somme d’argent. Or, nos parents sont pauvres et il leur faut nous nourrir. Ensuite, nous n’avons pas non plus d’écoles sportives où nous pourrions pratiquer le football, le basket ou le tennis.
C’est pourquoi, nous, les enfants et jeunes Africains, vous demandons de faire une grande organisation efficace pour l’Afrique pour nous permettre de progresser.
Donc, si vous voyez que nous nous sacrifions et exposons notre vie, c’est parce qu’on souffre trop en Afrique et qu’on a besoin de vous pour lutter contre la pauvreté et pour mettre fin à la guerre en Afrique. Néanmoins, nous voulons étudier, et nous vous demandons de nous aider à étudier pour être comme vous en Afrique. Enfin, nous vous supplions de nous excuser très très fort d’oser vous écrire cette lettre en tant que Vous, les grands personnages à qui nous devons beaucoup de respect. Et n’oubliez pas que c’est à vous que nous devons nous plaindre de la faiblesse de notre force en Afrique.
Ecrit par deux enfants guinéens, Yaguine Koita et Fodé Tounkara.


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