Voitures

Un nouveau regard sur l’automobile pour les Réunionnais

Entre 8 et 20% de réduction sur un véhicule neuf avec DOM TOM Cars Diffusion

5 août 2003

Comme nous le rappelions dans notre édition d’hier, une directive européenne entrée en vigueur depuis le 1er octobre dernier bouleverse les données dans la commercialisation des véhicules automobiles dans l’ensemble des pays membres de l’Union. Elle rend par exemple possible la vente de ces produits par des distributeurs multimarques qui ne sont pas des concessionnaires ou des garagistes liés à un constructeur.
Conséquence pour La Réunion : l’arrivée sur le marché de l’automobile de DOM TOM Cars Diffusion, une entreprise de distribution de véhicules neufs implantée au Port et dirigée par Christophe Chautard. Avec à la clef des tarifs nettement inférieurs à ceux pratiqués par les concessionnaires.
Hier, lors d’une rencontre avec la presse organisée devant le centre commercial du Sacré Cœur, Christophe Chautard a présenté son entreprise. Elle permettra aux Réunionnais qui en ont les moyens d’acheter une voiture neuve autrement. DOM TOM Cars Diffusion n’est pas un mandataire, ni un concessionnaire, c’est un distributeur. L’entreprise achète au meilleur prix des véhicules dans différents pays de l’Union européenne et les revend ensuite à La Réunion. Avantage pour le consommateur : un prix inférieur de 8 à 20%. L’arrivée de ce nouvel acteur est rendu possible par l’application d’une directive européenne datée du 1er octobre dernier (voir "Témoignages" d’hier). DOM TOM Cars Diffusion distribue des véhicules de toutes marques en dehors du circuit classique des concessionnaires. Après l’établissement d’un devis, le paiement d’un acompte de 10%, le consommateur obtiendra son véhicule dans un délai de 4 à 8 semaines sans avoir à effectuer de formalités administratives. Ce dernier sera en général mieux équipé et beaucoup moins cher que s’il avait été acheté à La Réunion.

Importantes réductions

Par exemple, pour une Renault Clio haut de gamme, la différence s’établit à 17%. Le directeur de DOM TOM Cars Diffusion indique que pour ce modèle, il se fournit en Espagne. Dans ce pays, les tarifs pratiqués par l’ancienne Régie nationale sont bien moins élevés qu’en France.
Par ailleurs, les conditions climatiques espagnoles, en termes de chaleur, sont équivalentes à celles que nous connaissons dans notre île. Donc pas de problème de fiabilité, contrairement à ce que prétendent ceux qui mettent en avant la "tropicalisation" des automobiles vendues à La Réunion.
Enfin, comme chez un concessionnaire, il sera possible d’avoir accès à des formules de crédit et un partenariat est mis en place avec une compagnie d’assurance.
Actuellement, DOM TOM Cars Diffusion emploie deux salariés. Elle compte vendre entre 100 et 150 véhicules jusqu’à décembre et annonce un objectif de 500 pour l’an prochain. Soulignant que la directive de Bruxelles concerne non seulement les automobiles, mais également les autobus, les camions, les motos…, bref, tout ce qui roule et a un moteur, Christophe Chautard indique qu’en fonction de l’accueil des consommateurs réunionnais, son entreprise pourrait distribuer d’autres types de véhicules.
Quant aux modèles qui seront distribués, le dirigeant indique que sa société privilégie les motorisations diesel, « jusqu’à 90% ». Il justifie cette orientation par une fiscalité qui est très favorable à ce type de véhicule, ce qui fait dire au directeur de DOM TOM Cars Diffusion que le diesel a encore quelques belles années devant lui.

Les mêmes garanties

Au niveau de l’entretien, le véhicule acheté auprès du distributeur bénéficie de la garantie constructeur, au même titre que s’il avait été acheté dans une concession. Conséquence : les concessionnaires et garagistes liés à une marque ne peuvent pas refuser d’entretenir l’automobile sous prétexte qu’elle n’a pas été achetée dans leur réseau.
Un dépliant publicitaire rappelle d’ailleurs que la directive européenne interdit ce genre de discrimination. Par ailleurs, si un concessionnaire vend des voitures d’une marque, il est obligé d’assurer l’entretien d’automobiles de la même marque, indique en substance le directeur de l’entreprise de distribution. Et quand bien même certains useraient de pratiques destinées à sanctionner ceux qui ont acheté leur véhicule chez DOM TOM Cars Diffusion, liste d’attente interminable par exemple, ils risqueraient de se priver d’une partie importante de leur chiffre d’affaires.
« Dans une voiture, il n’y a pas que l’achat », souligne Christophe Chautard, « vous avez aussi l’entretien qui peut représenter la même somme ». Et de conclure sur ce sujet en se demandant si les professionnels réunionnais de l’automobile sont prêts à se priver de 40% de leurs ressources.
L’application de l’article 1400/2002 de la Commission de Bruxelles a pour conséquence l’arrivée dans notre île d’une entreprise spécialisée uniquement dans la distribution de véhicules neufs de toutes marques. Elle fait sortir l’automobile d’un réseau assez fermé pour lui donner accès à la grande distribution avec des tarifs bien plus avantageux pour le consommateur.
Pour Christophe Chautard, cela va amener de profonds changements dans le monde de l’automobile. On aura d’une part de grands "discounters" spécialisés dans la vente du neufs et d’autre part un réseau de garages se consacrant avant tout à l’entretien.

Un changement des mentalités

Certes, ce nouveau type de service va concerner une minorité de Réunionnais, ceux qui ont les moyens de s’acheter une voiture neuve, et ne va pas dans le sens d’un rééquilibrage des modes de déplacements afin de s’adapter aux réalités de notre île et aux nécessités du développement durable. Mais l’arrivée d’entreprises telles que DOM TOM Cars Diffusion est porteuse également d’un changement culturel.
En effet, jusqu’à présent, le mode de distribution assez particulier des automobiles neuves était un des moyens qui permettait d’entretenir le rêve "d’instrument de liberté" et contribuait à donner à l’acquéreur de voiture une image de la réussite sociale. Du moins dans l’idéologie dominante. Les belles mécaniques ne sont-elles pas mises en valeur dans des halls d’exposition comme peut l’être une exposition d’art dans un musée ?
En permettant à des entreprises spécialisées dans la distribution - DOM TOM Cars Diffusion à La Réunion, Leclerc ou Auchan en France - de vendre des voitures, l’Union européenne brise une partie de ce rêve. Elle remet l’automobile à sa place : un simple produit de consommation.
En effet, comme la plupart de ce qui se vend dans les grandes surfaces, la voiture est produite en chaîne dans des usines où des milliers de travailleurs interimaires constituent une part importante des effectifs. Ensuite, lorsqu’elle est vendue, la voiture est un produit à la durée de vie limitée. Et quand elle est usée, on la jette. De la même façon que lorsqu’on a vidé un paquet de lessive, ce dernier finit à la poubelle.
Certains utilisent des raccourcis douteux et semblent choqués de voir apparaître un rayon vente de voitures aux côtés du rayon crémerie. Mais sont-ils choqués par le fait de voir un rayon vélo côtoyer les vêtements, l’électroménager et les jouets ? Beaucoup de personnes achètent un appareil photo chez un grand distributeur et font développer leurs films chez un photographe sans que cela ne révolte personne.
Au fond, l’automobile n’est qu’un simple produit de consommation, comme tout ce que l’on trouve dans les supermarchés. C’est ce que la directive européenne rappelle. Et cela n’est pas péjoratif. Un produit vendu par un distributeur se doit d’être de qualité et d’avoir une garantie. Mais lorsque l’on voue un culte immodéré à l’automobile, il peut être difficile d’admettre que l’assemblage mécanique et électronique que l’on conduit n’est qu’un produit que l’on consomme.


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