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Regards croisés sur la violence sociale
Les violences urbaines à l’échelle des Renseignements Généraux
1er septembre 2003
L’article d’aujourd’hui [1] veut être la présentation critique d’une analyse policière de la « violence urbaine » telle que l’a combattue et "mesurée" une femme au parcours peu ordinaire : normalienne et enseignante en philosophie, Lucienne Bui Trong passe à quarante-trois ans le concours de commissaire, par « fascination pour cette institution injustement décriée » et intègre les RG peu avant les premières émeutes urbaines de Vaulx-en-Velin (octobre 1990). L’année suivante, les RG créent à son initiative la section "violences urbaines" rebaptisée quelques années plus tard "Villes et banlieues", qu’elle a dirigée pendant neuf ans. Depuis qu’elle est à la retraite, elle témoigne dans ses livres - trois depuis l’an 2000 - de sa vision de la police et du travail qu’elle a conduit à la direction des RG, de 91 à 99. Elle est notamment à l’origine de la création d’une "grille de lecture" à laquelle on a donné son nom, l’échelle Bui Trong, classant les comportements inciviques ou délictuels selon l’importance du « défi à l’ordre public » et leur « potentiel de rébellion collective ».
Dans les années 90, une enquête nationale sur huit cents quartiers perçus localement comme "sensibles", réalisée dans l’optique pragmatique et policière d’une estimation des risques, a dégagé une échelle de la violence urbaine permettant d’établir une cartographie régulièrement actualisée des zones difficiles. Cette échelle a aussi permis de repérer l’émergence du phénomène dans des zones nouvelles et de dégager les lignes de force de son évolution interne. Dans "Violences urbaines, des vérités qui dérangent" [2], Lucienne Bui Trong relate la genèse de ce travail au sein d’une cellule formée entre mars et juin 1991, alors que les événements violents qui ont défrayé la chronique depuis l’année précédente - Vaulx-en-Velin (octobre) ; casse de Montparnasse (novembre) - occupaient toujours le devant de l’actualité, en mai 91, avec les embuscades et bagarres entre bandes aux Ulès (Essone) et au Val Fourré de Mantes-la Jolie (Yvelines). De ces événements sont issus les premiers diagnostics.
Une notion importante, dégagée dès l’introduction, est celle qui dissocie "violence urbaine" et "délinquance". « Contrairement à la délinquance, les actes de violence urbaine ne relèvent pas tous de la Justice : nombre d’entre eux sont des incivilités et, parce qu’ils ne sont pas sanctionnés, ils font naître dans le voisinage un sentiment d’insécurité. Autre différence avec la délinquance, la violence urbaine n’apparaît que dans un certain contexte social, démographique et culturel, propre aux quartiers sensibles. Elle appelle de ce fait une vision politique et un traitement à long terme. Pour cette raison, le concept de violence urbaine se heurte à de fortes résistances idéologiques… ». Ce passage pose les termes du débat entre prévention et répression, un débat que la commissaire - qui se refuse à considérer ces deux positions comme « exclusives l’une de l’autre » - juge « tronqué » (p. 37-38). Mais si elle ne veut pas opposer prévention et répression, elle démontre par ailleurs que « la durée (d’action - NDLR) des policiers [n’est] pas celle des politiques ». « Bien sûr, il fallait lutter contre les causes profondes, sociales et culturelles de ces violences ! Mais nous n’avions tout simplement pas le temps d’attendre que ces mesures de fond aient produit leurs effets » (p. 46-47).
De là, l’élaboration d’une "échelle" à huit degré, pour mesurer « l’escalade à long terme » et « prévenir les désordres » (p. 62 à 70) - une échelle dont le critère fondamental n’est « ni moral ni juridique ». « Mon seul souci est de mettre en évidence une potentialité de désordre, de défi lancé à l’autorité, de refus collectif des limites nécessaires à la concorde sociale » (p. 73).
Le récit de la commissaire montre aussi, entre les lignes, de quelle illusion elle a été la victime, dans son option constante à défendre une institution dont les missions peuvent être remises en question au gré des changements de gouvernement. Son travail, s’il est présenté comme ayant renouvelé l’approche policière et préparé la « police de proximité », a été publié en octobre 1993 dans les cahiers de l’IHESI (Institut des hautes études de la sécurité intérieure), peu après l’arrivée de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur, alors que s’affirmait une réorientation des missions de la police (RG), dans une direction ouvertement répressive, très éloignée de la prévention. Exclusives, pas exclusives… ?
« Jusqu’alors, nous avions travaillé dans un seul but : informer le gouvernement ; notre maillage territorial travaillait selon les méthodes dites de milieu ouvert (…). Le passage à la sous-direction de la recherche signifiait que nous allions devoir, sur le terrain, nous donner des objectifs plus concrets, plus pratiques, en un mot plus opérationnels (…) Du reste, certains services territoriaux commençaient déjà à poursuivre ces objectifs opérationnels : identification des meneurs, observation du fonctionnement des bandes, mise en évidence des trafics » (p. 89).
La fin de l’ouvrage amorce une approche plus critique des institutions. « Les émeutes… sont souvent des ripostes à des situations interprétées et vécues comme des injustices. (…) De manière générale, presque toutes les violences anti-institutionnelles peuvent être considérées comme des actes de révolte. (…) Quant aux jeunes responsables de ces violences, leur discours est invariable : ils mettent toujours en avant les rejets, qualifiés par eux de « racistes », dont ils pensent être victimes de la part de la société française. Et même si leur discours nous paraît parfois excessif, on ne peut douter de leur sincérité ni de l’intensité de leur rancœur. Cette rancœur se focalise souvent sur les institutions et leurs dysfonctionnements » (p. 122).
Dans ses convictions affirmées pour une police de proximité, impliquée dans des actions associatives et dans l’encadrement -sportif, notamment- des jeunes des quartiers au sein d’une politique de la ville faisant une large part à la prévention, la commissaire fait des propositions, dont la plupart ont connu un début d’application, avec le soutien de la Police et de la Délégation interministérielle à la Ville. Son principal souci est de tordre le cou aux « stéréotypes dont la police est victime ». Mais d’une part, elle est amenée à admettre que ces initiatives en sont restées « au stade expérimental ».
D’autre part, on relève une certaine contradiction entre le soutien affiché à un « partenariat institutionnel » supposant « ouverture, transversalité, dialogue et capacité d’élaborer des projets communs », et la méfiance pas moins transparente de l’auteure envers des études de sociologues ou universitaires indépendants (à l’exception des collaborateurs de l’IHESI) dont les publications dans la presse ont à ses yeux le tort de faire trop de place aux causes sociologiques de la violence. Comme si le fait de pointer une "responsabilité collective" dans les dysfonctionnements interdisait de déployer une politique préventive tournée vers la responsabilité personnelle et citoyenne.
Après avoir décrit la montée de l’individualisme comme la cause de désertion de l’espace public par les citoyens, la commissaire ne semble pas relever l’anomalie que constitue l’allégeance de l’idéologie dominante -droite et gauche confondues- et donc des institutions et de leurs "experts", à la philosophie et à la logique individualiste anglo-saxonne. Un exemple emblématique de cette allégeance peut être trouvé au travers de la référence donnée dans toutes les écoles de police au texte de James Q. Wilson et Georges L. Kelling, développant la théorie de la « vitre brisée » [3]. Un chercheur en science sociale a ainsi ironisé sur les « experts de la tolérance zéro » en notant que « l’expert balaie les causes et propose une approche gestionnaire des effets… » [4].
Une autre réserve porte sur l’absence de critique de la dérive sécuritaire, pourtant aussi dangereuse pour la sécurité et le « pacte social » renouvelé dont se réclame Lucienne Bui Trong, que certaines gesticulations de « l’anti-étatisme libertaire » dont elle critique à bon droit les excès. La dérive sécuritaire a pour fonction de réaffirmer l’autorité de l’État, par réductions successives de la "sécurité" à la seule acception criminelle de la délinquance de rue, alors même que ces dirigeants répètent comme un leitmotiv leur impuissance -et l’impuissance de l’État- en matière économique et sociale. Il y a là une distorsion qui constitue une négation radicale des efforts déployés par la commissaire pendant les années où elle a dirigé le service Villes et banlieues.
À ces réserves près, son témoignage constitue un effort intéressant pour démarquer l’action de la police d’une évaluation strictement soumise aux critères judiciaires. Pour la Justice, les « belles affaires » se mesurent au préjudice physique ou pécuniaire occasionné, tandis que la masse des infractions au préjudice pécuniaire dérisoire, même répétées, ne trouve pas une réponse adaptée au plan pénal.
À La Réunion, où tout est "judiciarisé" à l’extrême, il faudrait se demander si la Police a réellement les moyens d’une évaluation autonome, dans le cadre d’une réflexion qui commencerait par définir quels sont ici les critères permettant de définir des "quartiers sensibles".
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