Refonte du système de couverture maladie

Un retour en arrière de 50 ans

Déremboursement et menace sur la C.M.U.

9 mai 2003

Réforme de la retraite, refonte de la couverture maladie, nouvelles dispositions pour l’école, rénovation du RMI... Les sujets d’inquiétude devant certains projets gouvernementaux, à La Réunion comme en France, ne manquent pas. Ce qui explique les événements que connaît La Réunion.
L’origine de ces événements est triple. Premièrement : la mondialisation du marché, avec tout ce que cela comporte négativement. Deuxièmement : l’élargissement de l’Union européenne, un processus qui s’impose également à d’autres pays, et qui présente un certain nombre de contraintes, comme le respect des critères de convergence. Troisièmement : une conjoncture internationale économique, qui ne va pas bien.
Face à ces trois facteurs,
« le gouvernement français a fait des choix et a préconisé de nouvelles politiques qui ont des conséquences immédiates tant en France qu’à La Réunion », souligne Élie Hoarau, lors de la conférence de presse tenue avant-hier par le Parti communiste réunionnais. Avec le secrétaire général du P.C.R., se trouvaient également la députée Huguette Bello, Pierre Vergès, Claude Hoarau, Jean-Max Hoarau et Jean Saint-Marc.
Les choix du gouvernement sont inspirés par son orientation libérale. Autrement dit, ils ne vont pas vers une amélioration des conditions de vie des plus défavorisés mais ils visent davantage un renforcement des positions des couches sociales les plus favorisées.
Les conséquences de ces choix font que la situation sociale réunionnaise est très tendue. Elles vont faire que les conditions de vie des plus précaires vont devenir de plus en plus difficiles.

Ces conséquences inquiètent tous les Réunionnais. « La Réunion connaît aujourd’hui une multiplication des conflits, qui durent et se durcissent . Ce durcissement d’une part et cet élargissement d’autre part sont les signes d’une profonde inquiétude qui se généralise » .
Cela est tout à fait compréhensible face à une situation qui se dégrade et qui est vécue, par la grande majorité, comme étant sans perspective.
« Les réformes rendues publiques ou qui seront présentées au Parlement dans les semaines à venir annoncent des menaces sur le plan social, donc les inquiétudes, ne sont pas près de s’arrêter », conclut Élie Hoarau.

La réforme du système de couverture maladie, dont les prémisses sont la décision de réduire le taux de remboursement de 616 médicaments et le déremboursement total de 650 autres, laisse penser qu’à terme, CMU et sécurité sociale seront remises en cause. Un retour en arrière de 50 ans...

Le déremboursement partiel de 615 médicaments et le déremboursement total de 650 autres vont avoir des conséquences pour tous. Et deux éléments viennent aggraver la situation à La Réunion. Premièrement : les médicaments coûtent environ 30% plus cher ici. Deuxièmement : conséquence du premier facteur, les cotisations fixées par les Mutuelles sont plus élevées dans notre île.
Les victimes de ces nouvelles dispositions seront, bien évidemment, les assurés. Ces derniers devront faire davantage appel à leurs mutuelles. Encore faut-il qu’ils puissent le faire financièrement. Et ce n’est pas le cas des exclus de la "CMU complémentaire". Ceux-ci, en dépit des promesses qui leur ont été faites, y compris par Jean-Pierre Raffarin lors de sa venue à La Réunion, attendent toujours une solution à leur cas.
« La Réunion connaîtra un retour en arrière. Les Réunionnaises et les Réunionnais se sont battus pour obtenir une couverture sociale efficace. Ils ont connu successivement l’AMG (aide médicale gratuite), puis les "bons roses" qui remboursaient en grande partie leurs frais médicaux, puis la CMU », explique Élie Hoarau.
Car l’idée du gouvernement de faire gérer par les caisses d’assurance maladie les "maladies lourdes", laissant aux mutuelles le soin de s’occuper des "pathologies légères", n’est ni plus ni moins que « la remise en cause totale de la sécurité sociale. La Réunion va revenir plus de 50 ans en arrière », poursuit-il. Sans la CMU ni la sécurité sociale...

Vers une suppression de l’A.R.S. et de l’école maternelle ?

Menace sur le système éducatif

En dehors du refus des agents de l’Éducation nationale du processus de décentralisation, tel que le propose le gouvernement, d’autres éléments sont à verser au dossier du système éducatif, aujourd’hui gravement menacé en tant que service public.

La décentralisation telle qu’elle est prévue par le gouvernement n’a été réclamée à La Réunion par aucune des deux collectivités locales concernées (Région et Département). Notamment pour une raison simple : le transfert de la gestion du personnel s’accompagne du transfert du montant des rémunérations afférentes. Or, à La Réunion, il manque du personnel, notamment technique. Au moins un millier de IATOSS. Et aucun plan de rattrapage n’est prévu. S’il y avait un transfert financier, cela se ferait sur la base du personnel existant. Si l’on devait procéder - par la volonté des collectivités ou celle des personnels - à de nouvelles embauches, la charge financière incomberait uniquement aux collectivités. Et il leur serait totalement impossible alors de faire face à cette surcharge financière.

« C’est parce qu’il n’y a aucun accord, ni des personnels ni des collectivités locales sur ce dossier que les mobilisations ne s’affaiblissent pas », explique Élie Hoarau.

Mais les attaques contre le système éducatif ne s’arrêtent pas là. « Le gouvernement veut aller vers des groupes pédagogiques de 10 élèves maximum. Et comme il ne dispose pas d’assez de personnel, c’est dans le secteur de l’école maternelle qu’il va prendre ces enseignants », poursuit-il.

C’est donc bel et bien vers la suppression des écoles maternelles que l’on se dirige et vers la mise en place de crèches, lesquelles seront, pour leur immense majorité, des crèches privées. Donc payantes. Donc excluant une bonne partie des enfants réunionnais, les familles ne pouvant pas faire face à cette dépense supplémentaire. « Il y a donc bel et bien une menace sur le système éducatif », renchérit Élie Hoarau.

Par ailleurs, cette menace est confirmée par la mise en place d’une allocation unique dès 2004. Et rien n’indique que, dans ce PAJE, l’allocation de rentrée scolaire soit maintenue.


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