Le 15 août n’était pas seulement la célébration de l’Assomption pour tous les chrétiens de l’île ; il s’agissait également de la date anniversaire de l’Indépendance de l’Inde, plus exactement de son 56ème anniversaire depuis ce jour symbolique du 15 août 1947. À cette occasion, le Consul général de l’Inde à La Réunion a invité hier plusieurs personnalités à sa résidence dionysienne de Montgaillard afin d’assister à la levée du drapeau indien. Une centaine de personnes étaient réunies, dont plusieurs élus responsables religieux et culturels réunionnais.
Après plusieurs salutations officielles du Consul Sohan Prakash auprès de chaque invité, les hôtes étaient tous conviés à participer à la levée solennelle de l’emblème de l’Inde. À son sommet, un lâcher de pétales de roses, rouges et jaunes est retombé sur le Consul indien comme une bénédiction avant l’hymne national et son discours officiel. Prononcé en hindi, une traduction en français a été faite par l’interprète du Consul, Kenny Louis-Jean.
Arrivé depuis le mois d’avril 2003 dans notre île, le représentant de l’État indien a rappelé l’importance de l’anniversaire célébré hier. Il s’agissait de rendre hommage à l’armée et aux para-militaires, « les pionniers du mouvement de l’indépendance qui se sont sacrifiés durant 90 ans ». Après avoir visité près de 23 États, le Consul a parlé de la présentation d’un plan datant de février 2003 pour une Inde développée. Celle-ci s’est enrichie en moins de deux décennies « par une hausse de son PIB, où trois secteurs ont connu une certaine apogée : l’agriculture, l’industrie et les services. Le but étant d’atteindre 8% d’ici un an », a-t-il déclaré.

Les défis de l’Inde

Cinq défis sont à relever pour l’Inde de demain : la gestion des rivières pour éviter toutes sécheresses et inondations ; « la qualité de l’énergie durable comme clé de la croissance économique indienne, en obtenant 100.000 mégawatts en 2020 » ; l’aménagement urbain et le renforcement des habitations rurales ; des défis techniques et informatiques en augmentant le volume des affaires de 15% à 20% ; et enfin le développement durable du tourisme.
Par ailleurs, le Consul de l’Inde a fait état des dangers du terrorisme, des relations avec les pays voisins comme la visite récente du Premier ministre en Chine et une poursuite des efforts en matière d’éducation. Le volet santé avec la recherche anti-SIDA constitue un enjeu majeur aux yeux du gouvernement indien, comme les hausses de la productivité et de l’agriculture ; et en tout dernier lieu, la valorisation de la section judiciaire, « pilier capital » du système du sous-continent.
« Promouvoir techniquement nos petites et moyennes entreprises est aussi une tâche considérable. L’Inde est un grand pays béni par ses ressources naturelles et sa jeunesse. Les dirigeants politiques, les religieux, les médias (…) doivent converger vers le même objectif », a proclamé le Consul Sohan Prakash.
Parmi les invités, le Swami Premananda Puri de l’Ashram du Gol à Saint-Louis a appuyé les propos du Consul : « pour nous, ce jour anniversaire de l’Indépendance est toujours une date importante. L’Inde a été constamment sous tutelle depuis l’Antiquité. C’est une nation qui s’est occupée aussi bien du développement matériel que spirituel, allant vers un message de paix et de meilleure entente pour les concitoyens indiens. Il faut laisser de côté les problèmes de races, de religions et de divisions. C’est un moment de paix que nous vivons ».
Un message d’harmonie partagé par le représentant du Conseil général, Serge Camatchy : « c’est toujours un moment émouvant de par notre Histoire et notre richesse culturelle. Quelle que soit la nation, un respect mutuel doit exister sans qu’il y ait besoin d’aller tuer l’autre. La paix doit être au centre de nos préoccupations pour vivre dans un monde meilleur et durable (…) », a-t-il soutenu.
Rebondissant sur ce message communautaire, nous lui avons demandé quelles sont pour lui les applications qu’il y voyait entre les Réunionnais et les Mahorais et Comoriens : « il n’y a pas de catégorie supérieure à l’autre. Il faut prôner la tolérance. Aucune couleur ne doit exclure l’autre, nous sommes trop basés sur une société matérialiste », a-t-il renchéri.

Faire connaître la culture de l’Inde

Hommage a été rendu également aux Indiens venus peupler notre île. Selon les sources consulaires, à La Réunion vivraient près de 250.000 personnes d’origine indienne.
Toujours sous le signe de l’interreligiosité, trois religieuses originaires de ce pays, dont l’une appartenant à la congrégation des sœurs salésiennes, missionnaires de Marie Immaculée, nous a donné son sentiment : « voilà 18 ans que je suis sur l’île. Nous sommes toujours très émues à la levée du drapeau, car cela fait partie de notre vie. Nous le faisons deux fois l’année (également le 26 janvier, anniversaire de la République). Il est toujours agréable de retrouver d’autres personnes parlant plusieurs langues. Nous-mêmes, nous ne parlons pas la langue du Consul. Nous communiquons en anglais. Nous n’avons pas manqué d’aller à la messe à l’église de la Trinité ce matin avant de venir au Consulat », s’est enthousiasmé la chaleureuse sœur Mary Thiruthuva.
Enfin, il était incontournable de ne pas demander à l’interprète mauricien, travaillant au Consulat Indien depuis 12 ans, de nous préciser les missions du Consul à La Réunion : « C’était sa première célébration à La Réunion. Son adaptation dans l’île s’est rapidement faite en raison de son expérience en tant qu’ancien diplomate extérieur de l’Inde. Il a pour missions de délivrer des passeports aux citoyens indiens et des visas aux personnes désireuses de se rendre en Inde. Il s’occupe plus particulièrement de la culture indienne et de la faire connaître, en promouvant les associations, les groupes de danse. Toutes les relations économiques avec les autres membres de la région sont aussi de son ressort ».
Malgré un discours interrompu par la pluie, le Consul n’a pas manqué d’y trouver une image de bénédiction en ce jour « d’Independance Day ».