Social

Une rentrée militante

Les personnels de l’Éducation nationale à nouveau en grève

16 mai 2003

Les personnels enseignant et non enseignant de l’Éducation nationale maintiennent la pression. Après un mois de mobilisation, ils ont en grande majorité décidé de reprendre la grève dès la rentrée d’hier. Dès à présent, ils préparent la grande manifestation unitaire qui aura lieu lundi prochain à Saint-Denis. Dans un entretien à ’Témoignages’, Vincent Cellier, secrétaire général de la FSU à La Réunion, souligne la volonté de l’intersyndicale d’élargir le mouvement afin que le gouvernement écoute les attentes de la population réunionnaise en matière de retraites, de décentralisation et de loi-programme.
En France, malgré l’accord signé hier par deux syndicats de salariés avec le gouvernement sur la réforme des retraites, le mouvement de protestation contre les projets gouvernementaux s’organise également pour lundi prochain.

L’intersyndicale avait annoncé la couleur en choisissant d’appeler à la reprise de l’action à la rentrée des classes pour la dernière période de l’année scolaire. Il restait cependant à connaître la réponse du terrain. Elle ne s’est pas fait attendre. Et elle a été claire.
Dès hier matin, plus d’une trentaine d’établissements scolaires répartis dans toute l’île se prononçaient pour la reconduction du mouvement. Le nombre n’a cessé de grossir au fil de la journée. Le rectorat a d’ailleurs reconnu que la grève a été suivie à une large majorité mais n’a pas donné de chiffres précis.
Outre la grève, plusieurs actions ont été organisées. Des examens de BTS ont dû être reportés à Saint-Louis. Des opérations escargot ont eu lieu dans le Sud et dans le Nord, notamment entre la Ravine-des-Chèvres et Saint-Denis, et entre Le Tampon et Saint-Pierre.
Les participants se sont ensuite rassemblés devant la Région, à l’université et devant le rectorat, où une brève tension s’est produite lorsqu’un manifestant a tenté d’escalader la grille d’entrée. Il en a été empêché par les forces de l’ordre et les esprits se sont rapidement calmés.
Les grévistes veulent renforcer encore leur mobilisation en organisant plusieurs autres actions jusqu’au lundi 19 mai prochain, où aura lieu une nouvelle manifestation de l’Éducation nationale, voire jusqu’au dimanche 25 mai, date de la manifestation contre la réforme des retraites. Les deux fois il s’agira d’un mot d’ordre national de grève.
En attendant, des opérations escargots sont prévues dans toute l’île. Certains grévistes parlent même de blocage de l’aéroport Roland Garros et de boycott des examens.
De son côté, l’intersyndicale prépare déjà la mobilisation du 19 mai, jour de la première présentation du projet de loi de décentralisation devant les Conseils supérieurs de la fonction publique. Elle prévoit ainsi de manifester à Saint-Denis. Le cortège partira de l’ancienne gare routière, empruntera le boulevard de l’Océan et la rue du Maréchal-Leclerc avant de rejoindre la rue Jean Chatel puis la préfecture.
Plusieurs éléments expliquent la détermination des grévistes. Tout d’abord le succès des différentes manifestations et la mobilisation de leurs collègues en France, de plus en plus nombreux à débrayer contre la décentralisation et la réforme des retraites.

Écho de la grève dans l’Ouest
La mobilisation s’étend : vers une ouverture du mouvement

Hier matin, dans les écoles du Port comme ailleurs, ont eu lieu des assemblées générales pour que le corps enseignant décide de la suite à donner au mouvement revendicatif. Et c’est vers la reconduction de la grève que bien des décisions ont été prises. Même si, au niveau des services du rectorat, on a tout essayé pour faire pression sur les grévistes.

Ainsi, par exemple, on a exigé d’un directeur d’école maternelle d’être présent à l’école, physiquement, si l’un des membres de son équipe souhaitait ne pas faire la grève. Dans aucun texte ne figure cette clause.

Ou alors on a fait parvenir aux écoles maternelles et primaires, notamment, des fiches dites "confidentielles" sur lesquelles les enseignants doivent faire figurer leurs présences et leurs absences. Mais quelle "confidentialité" lorsqu’il est demandé aux directeurs de « récapituler » présences et absences ?

Par ailleurs, il est tout à fait étonnant de constater que ce genre de pratique se déroule aussi rapidement. Car, lorsque des mouvements de grève avaient été enregistrés les années précédentes, ce document n’arrivait que quelques semaines (au mieux) quelques mois (au pire) après l’issue de la grève. Or nous sommes en pleine grève, et non à la fin.

Et de l’avis des enseignants rencontrés hier, tous syndicats confondus, il faut maintenant « étendre la mobilisation, avoir la représentation la plus ouverte possible », à la mesure de l’ampleur des problèmes - tant présents qu’à venir - que les projets de loi gouvernementaux font planer sur l’éducation.

À Saint-Paul, l’inspection 1 a été occupée par des grévistes et a été fermée. Puis ce furent les deux inspections du Port.

Des assemblées générales sont organisées tous les jours, afin d’établir un plan d’actions. Celui-ci devra - et c’est un avis unanimement partagé - se faire en coordination avec ce qui se passe en France. Comme par exemple, la mobilisation prévue lundi. Et dans l’Ouest comme dans les autres micro-régions de l’île, le mot d’ordre est celui de la reconduction du mouvement, jusqu’à lundi.

La parole aux grévistes
• Intersyndicale CFDT - CGT - FO du Trésor Public

« Les agents du Trésor Public de La Réunion se sont réunis en assemblée générale le jeudi 15 mai 2003 à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CGT et FO.

Les réformes proposées par le gouvernement Raffarin en matière de retraites, de décentralisation et de rigueur budgétaire représentent une régression sociale sans précédent et une remise en cause de l’ensemble des acquis sociaux et de l’économie solidaire.

S’agissant des retraites, le projet gouvernemental conduit à faire financer la réforme du système par les seuls salariés des secteurs privé et public, par l’allongement de la durée de cotisation, et par la baisse du niveau des prestations. Aucun effort supplémentaire de financement n’est demandé au patronat et au grand capital.

La décentralisation correspond à un démantèlement du service public par l’abandon et la privatisation de missions essentielles. Elle laisse présager de graves conséquences pour les usagers dans les régions les plus pauvres.

La répercussion de la politique de restriction budgétaire sur les services du Trésor Public est désastreuse : suppression de 1.291 emplois à l’horizon 2005, non remplacement de la moitié des départs à la retraite, suppression des concours d’entrée dans notre administration en 2003. C’est bien l’existence du Trésor Public qui est menacée !

Dans ces conditions, les personnels ont décidé, à l’unanimité, de participer massivement à la journée de grève et de manifestation du 19 mai 2003. Une nouvelle assemblée générale se tiendra ce même jour pour décider de la suite à donner à la mobilisation.

Face à ces choix de société essentiels pour l’avenir, les agents du Trésor Public sont déterminés à participer pleinement au profond mouvement social national pour combattre la politique antisociale du gouvernement ».

• Personnels du LPO Bras Fusil

« Ce jeudi matin, les personnels du LPO Bras Fusil ont décidé de reprendre la grève, à une forte majorité (30 pour ; 2 contre ; 5 abstentions), jusqu’au lundi 19 mai 2003, date de la grande manifestation qui se déroulera à Saint-Denis.

Lundi, à 16 heures, après la manifestation, les personnels se réuniront, à nouveau, pour décider de la suite à donner au mouvement ».

• Personnels du Collège "Les Alizés" de Sainte-Clotilde

« Nous, personnels du Collège "Les Alizés", réunis ce jeudi en assemblée générale, avons voté la grève jusqu’au mardi 20 mai à 12 heures. Informé par nous, M. le Principal a pris la décision de suspendre les cours. La prochaine assemblée générale aura lieu mardi 20 mai à 8 heures ».

• Collectif des personnels du LP Saint-Pierre

« L’assemblée générale des personnels du Lycée Professionnel de Saint-Pierre a

voté la reprise de la grève le 15 mai. Les personnels sont appelés à se réunir en assemblée générale le vendredi 16 mai à 7 heures 30 et à participer massivement à la manifestation du 19 mai à Saint-Denis ».

• Gabriel Macé : école fermée

Éric Soret, le directeur de l’école Gabriel Macé à Saint-Denis communique :

« L’équipe enseignante de l’école Gabriel Macé de Saint-Denis, réunie en assemblée générale le mercredi 14 mai à 17 heures, a décidé de reconduire la grève jusqu’au lundi 19 mai inclus. L’école sera donc fermée jusqu’à ce jour. Une réunion d’information de parents d’élèves s’est tenue le jeudi 15 mai à l’école ».


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