Apprentissage

Vers un transfert total de la responsabilité de la formation professionnelle aux Réunionnais

Signature de deux conventions entre la Région, l’État et le trésorier payeur général

23 août 2003

Au-delà de l’aspect solennel de la séance de signature hier à l’Hôtel de Région, une nouvelle étape a été franchie dans le cadre de la décentralisation. La prise en charge de l’indemnité compensatrice versée aux maîtres d’apprentissage donne davantage de responsabilités aux Réunionnais dans le domaine de la formation professionnelle, avec à la clé une plus grande souplesse devant la spécificité du marché du travail dans notre île.

La signature de deux conventions hier après-midi entre le président de la Région, Paul Vergès, le secrétaire général de la Préfecture, Vincent Bouvier, et le trésorier payeur général (TPG), Robert Papavoine, marque une nouvelle étape de la décentralisation. Elle se situe dans le prolongement des lois de 1983, qui confient à la Région la compétence de la formation professionnelle. L’État transfère à la Région la charge de l’indemnité compensatrice forfaitaire versée aux maîtres d’apprentissage. Pour sa part, le trésorier payeur général aura la responsabilité de faire les virements auprès des employeurs.
Plusieurs autres acteurs de l’apprentissage à La Réunion étaient également présents à la séance de signature d’hier. Parmi eux, des représentants de la Chambre de métiers, de la Chambre de commerce, des centres de formation d’apprentis du ministère de l’Agriculture, un directeur de centre de formation aux métiers du travail social, ainsi que le nouveau délégué académique à l’enseignement technique, représentant le recteur.

Davantage de responsabilités

Ouvrant la séance, Paul Vergès a attiré l’attention sur l’importance de l’acte accompli hier. C’est le transfert d’une nouvelle compétence au Conseil régional.
L’indemnité compensatoire se décompose en deux parties : une pour l’embauche (915 euros par apprenti), une pour le soutien à l’effort de formation (de 1.830 à 2.105 euros selon l’âge de l’apprenti). Le transfert s’effectuera sur une durée de 3 ans. Il est à noter que l’an dernier, le total des indemnités versées était de 6 millions d’euros.
Marie-Andrée Jaubert, vice-présidente de la Région déléguée à la formation professionnelle, devait déclarer que la signature de ces conventions est « une illustration de la politique volontariste de la Région », pour qui l’augmentation du nombre des apprentis est une des priorités. Pour mémoire, lors de l’entrée en application des premières lois de décentralisation, La Réunion comptait 250 apprentis. Au 1er janvier 2003, ces derniers étaient 3.675. Par ailleurs, l’an dernier, 2.088 contrats d’apprentissage ont été signés.
Marie-Andrée Jaubert devait préciser que cette nouvelle responsabilité est une étape vers la décentralisation totale de la formation professionnelle à la collectivité. Dans ce domaine, la Région a maintenant la possibilité d’investir dans des secteurs précis du marché du travail, par exemple en appuyant davantage des formations adaptées aux demandes présentes ou futures de notre pays. Les conventions d’hier traduisent également la volonté de la Région « de conforter la politique de l’apprentissage, vis à vis des employeurs et des apprentis ».

3.675 apprentis

L’apprentissage est une formation par alternance, où se succèdent des temps en entreprise et des périodes d’acquisition de connaissances théoriques dans les matières générales, techniques et professionnelles. Une grande partie des apprentis réunionnais suivent leur enseignement théorique dans les centres de formation de la Chambre de métiers, devait indiquer Jocelyn Delavergne, président de l’institution consulaire, citant le nombre de 2.500 jeunes.
Pour lui, « la convention tombe bien », car on se situe en pleine campagne de recrutement. Il a également appelé l’ensemble des acteurs, et en particulier les chefs d’entreprise, à la nécessité de former des jeunes Réunionnais. Car, précise-t-il en substance, La Réunion manque de jeunes ouvriers formés. Pour sa part, le représentant de la Chambre de commerce estime que le transfert de cette nouvelle compétence favorisera la « proximité ». « L’économie va vite, nous devons tout le temps nous adapter », a-t-il précisé. Ce qui, a-t-il poursuivi, permettra de faire preuve de « plus de souplesse et de réactivité ». De son côté, le directeur du centre de formation d’apprentis agricoles de Saint-Paul devait insister sur la nécessité de « continuer les efforts faits dans la formation des jeunes, pour répondre au défi de former les jeunes pour l’agriculture de demain ».
Après ce tour de table, le TPG devait expliquer la mission particulière de son administration. Il s’agit pour le Trésor public de verser aux employeurs le montant des aides auxquelles ils ont droit quand ils embauchent un apprenti. Dans le cadre du transfert de compétence concrétisé hier, le trésorier payeur général « fait offre à la Région de mettre en liquidation les indemnités ». Ce service sera gratuit et comportera une obligation de résultat, a précisé le TPG.

« L’État honorera ses engagements »

Intervenant au nom de l’État, le secrétaire général de la préfecture a affirmé que « l’apprentissage est un enjeu majeur à La Réunion ». Rappelant que les moins de 20 ans représentent 40% de la population de notre pays, Vincent Bouvier a souligné le grand dynamisme démographique de La Réunion. Il a ajouté que l’apprentissage « est bien adapté à la réalité réunionnaise ».
En effet, étant donné le fort taux de chômage, ce type de formation donne la possibilité à un jeune de se confronter directement aux réalités de la vie professionnelle. Le représentant de l’État a ensuite signalé que le transfert de la prise en charge de l’indemnité compensatoire versée aux maîtres d’apprentissage se situe dans la continuité d’une « orientation dominante depuis 1983 », celle de « confier à la Région la formation professionnelle ». Précisant que ce transfert va s’étaler progressivement sur trois ans, Vincent Bouvier a déclaré qu’il « doit s’accompagner d’un transfert de ressources ». « L’État honorera ses engagements », a souligné le secrétaire général de la préfecture.
Le président de la Région devait conclure la séance en soulignant l’importance de ce moment : « c’est un grand jour ». Dorénavant, la collectivité va pouvoir davantage s’impliquer dans la formation professionnelle. Connaissant les défis que La Réunion aura à relever rapidement dans des domaines aussi importants que l’emploi, le logement, la politique des déplacements, les nouvelles technologies, l’agriculture…, il ne fait aucun doute que la formation professionnelle sera amenée à remplir un rôle au moins tout aussi essentiel que maintenant. Dès lors, étant donné la spécificité de ces défis, l’approfondissement de la décentralisation dans ce domaine pourrait nous aider à les relever plus facilement, s’il est, bien entendu, accompagné du transfert des ressources correspondantes.


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